Le 1er janvier 1952, à Hornsey, dans des anciennes écuries situées à proximité de l’hôtel Railway que détenait son père, Colin Chapman fonda la Lotus Engineering Company avec son associé Michael Allen. Ce dernier se retira très rapidement et fut remplacé par Hazel Williams, sa petite amie. Ils se connaissaient depuis 1944 et fondèrent, en 1953, la Lotus Engineering Company Limited. L’année suivante, ils se marièrent. Les voitures créées portaient comme dénomination Lotus. Certes, sur le logo, il y avait quatre lettres : ACBC pour Anthony Colin Bruce Chapman. Ce dernier ne confirma jamais la raison de son choix, mais il s’adressait à Hazel Williams en l’appelant « Fleur de lotus ». A l’occasion des 70 ans de cette marque, ABSOLUTELY CARS vous invite à redécouvrir cette saga de passionnés au service de clients passionnés.

Les débuts de Lotus Cars

Etudiant en ingénierie des structures à l’université de Londres, Colin Chapman (1928-1982) réalisa, en 1948, sa première voiture pour effectuer des courses de trial. Il récupéra une Austin Seven des années 1930 et la modifia : suspension avant articulée, suspension arrière améliorée pour une meilleure maniabilité, puissance du moteur augmentée, pneus remplacés et carrosserie en aluminium collée sur du contre-plaqué marine. Pendant son service militaire dans la Royal Air Force, il assembla une seconde voiture en 1949. Il transforma une Austin Seven en améliorant son châssis à l’aide de tubes et son aérodynamisme grâce à un nez arrondi. Il exploita des moteurs 4 cylindres Ford. Membre du 750 Motor Club, un groupe d’ingénieurs enthousiastes qui construisaient leurs propres voitures, et salarié de la société British Aluminium, il construisit sa troisième voiture en 1951. Le châssis d’une troisième Austin Seven fut surbaissé. Des tubes de renfort furent mis en place. La puissance du moteur d’origine fut augmentée et une magnifique carrosserie en aluminium fut exploitée. Sur circuit, cette voiture se révéla extrêmement rapide. Adam Currie, le premier client, en voulut une. Ainsi naquit, en 1952, la Lotus Mark IIIB avec un moteur Ford de 1172cm3 ramené à 1099cm3 pour une question d’homologation. Pour Mike Lawson, Colin Chapman réalisa une voiture de trial dénommée Lotus Mark IV, empruntant un châssis d’Austin Seven. Il le surbaissa, l’équipa d’une carrosserie en aluminium, d’une suspension avant articulée et d’un moteur Ford de 1172cm3. Il était temps d’envisager la production en petite série.
La Lotus Mark V demeura à l’état de projet. La Lotus Mark VI fut mise au point par Michael et Nigel Allen, Colin Chapman et Hazel Williams qui la pilotèrent lors des courses à Silverstone en juillet 1952. Elle fut assemblée entre 1953 et 1956 à 110 exemplaires. Son empattement était de 2,21m et sa longueur de 3,07m. Son moteur était un 4 cylindres Ford de 1172cm3 muni de soupapes latérales et de 2 carburateurs, accouplé à une boîte à vitesses manuelle 3 rapports. Les clients pouvaient faire plusieurs choix : acheter une voiture prête à rouler ou la monter dans leurs garages pour bénéficier d’une taxation plus légère, mettre le moteur ou la boîte à vitesses désirés et retenir ou non l’option suspension avant articulée. Son châssis était de type tubulaire et les pièces de carrosserie en aluminium, réalisées par William & Pinchard. Sa remplaçante fut la célèbre Lotus Seven.

La Lotus Seven, star de la série Le Prisonnier
La Lotus Seven fut assemblée à 2 570 exemplaires entre 1957 et 1972 avec 240 unités pour la série 1 (1957-1960), 1350 pour la série 2 (1960-1968), 350 pour la série 3 (1968-1970) et 630 pour la série 4 (1970-1972). L’empattement de sa devancière fut porté à 2,24m. Les moteurs exploités étaient des 4 cylindres. Pour obtenir une puissance supérieure à 40 chevaux avec le 1172cm3 Ford muni de soupapes latérales, l’exploitation de deux carburateurs était nécessaire. Le 997cm3 Ford, le 1297cm3 Ford, le 1598cm3 Ford et le 948cm3 BMC, tous munis de soupapes en tête, n’étaient proposés qu’avec un seul carburateur. Le 1098cm3 Coventry Climax muni d’un arbre à cames en tête, les 1340cm3 et 1498cm3 Ford-Cosworth muni de soupapes en tête (lorsque leurs puissances dépassaient les 80 chevaux) et le 1558cm3 Ford-Lotus muni d’un double arbre à cames en tête étaient équipés de deux carburateurs. La fibre de verre fut adoptée pour les ailes et le nez sur la série 2, pour l’intégralité de la carrosserie sur la série 4. Les 4 freins à tambours assistés hydrauliquement constituaient la dotation minimale. Les ailes avant allongées furent dévoilées sur la Lotus Seven version US en 1958 et les freins à disques avant apparurent en 1961 sur la version Lotus Super Seven, équipée du 1340cm3 Ford-Cosworth. Les puissances étaient généralement exprimées en SAE gross. Quelques unes furent révélées en SAE net ou DIN.

Les versions les plus intéressantes étaient et sont celles qui permettent le franchissement du 0 à 100km/h en moins de 8 secondes. La Lotus Super Seven Twin Cam exploitant le 1558cm3 Ford-Lotus muni d’un double arbre à cames en tête, surnommée « Lotus Seven Ford Cortina », offrait 106ch DIN à 5500tr/mn. Le 0 à 100km/h était franchi en 7,3 secondes et la vitesse maximale était de 172km/h. A son volant, le confort est totalement inexistant. Les personnes qui mesurent plus de 1,76m ne peuvent trouver une position correcte. Une fois assis, se repositionner dans le siège est problématique. Il faut poser la main sur le sol sans se brûler avec la ligne d’échappement sur un modèle dont le volant est situé à gauche. Lorsque les roues tournent, tout rentre dans l’ordre. 600kg à vide pour 106 chevaux… Le franchissement d’un tunnel avec le bruit du moteur envoûtant génère un rare plaisir. Lorsque vous vous extrayez de la belle, vous devez penser à retirer l’entonnoir invisible posé sur votre tête. La Lotus Seven série 4 était beaucoup plus confortable avec un réglage plus étendu de la course du siège, mais il fallait accepter son esthétisme. Colin Chapman vendit en 1973 les droits de la Lotus Seven aux agents qui la distribuaient, Steel Brothers Limited en Nouvelle-Zélande et Caterham Cars en Angleterre. Cette dernière réalisa quelques Lotus Seven série 4, puis remit en production la Lotus Seven Série 3.



Lotus Cars et les barquettes
Entre 1953 et 1965, Lotus réalisa des barquettes. La première fut la Lotus Mark 8 avec sa carrosserie aérodynamique en aluminium, son châssis tubulaire, sa suspension avant semi-indépendante, son essieu arrière De Dion et ses freins arrière intérieurs. Sept exemplaires furent assemblés. Les Lotus Mark 9 et Lotus Mark 10 furent construites respectivement à 30 et 6 unités en 1955. Elles possédaient un empattement commun de 2,22m. La Lotus Eleven fut produite entre 1956 et 1957 ou entre 1956 et 1958 selon les sources à 270 exemplaires, une quantité fort importante pour une barquette ! Les freins à disques Girling étaient associés avec le moteur de 1,5 litres. Son empattement était de 2,16m. Elle remporta de nombreuses courses au Royaume-Uni. Elle fut engagée dans l’épreuve d’endurance la plus connue, les 24 Heures du Mans. En 1956, une d’entre elles termina à la 7ème place du classement général. En 1957, elles finirent aux 9ème, 13ème, 14ème et 16ème places. En 1958, une d’entre elles termina à la 20ème place. La Lotus Fifteen fut assemblée à 24 unités. Son empattement était de 2,24m. Les 4 roues indépendantes étaient présentes. La Lotus Seventeen de 1959 fut réalisée à 23 exemplaires. Son empattement était de 2,08m. Elle est considérée comme la première barquette Lotus équipée d’une carrosserie en fibre de verre bien que des Lotus Eleven furent recarrossées avec cette matière en 1958. Dans le cadre de l’amélioration continue en compétition, La Lotus Nineteen, fabriquée à 17 unités, fut équipée d’un moteur longitudinal arrière. Son empattement était de 2,24m. La Lotus Twenty-three, construite à 131 exemplaires, fut munie d’un moteur central longitudinal arrière. Son empattement était de 2,3m. Les dernières, les Lotus Thirty et Lotus Forty, réalisées respectivement à 33 et 3 unités, avec un empattement commun de 2,4m, furent équipées d’un V8 Ford de 4727cm3 central longitudinal arrière.
En parallèle, Colin Chapman s’investit également dans la Formule 1 et ses voitures de course furent toujours magnifiques. Le championnat du monde des constructeurs fut gagné à sept reprises : 1963, 1965, 1968, 1970, 1972, 1973 et 1978. Cinq pilotes furent champions du monde :
- en 1963 et 1965 : Jim Clark (1936-1968), décédé sur le circuit d’Hockenheim en Allemagne au volant d’une Lotus
- en 1968 : Graham Hill (1929-1975)
- en 1970 : Jochen Rindt (1942-1970), décédé sur le circuit de Monza en Italie au volant d’une Lotus pendant les essais, sacré à titre posthume
- en 1972 : Emerson Fittipaldi (1946-….)
- en 1978 : Mario Andretti (1940-….)


La Lotus Elite, une voiture révolutionnaire
En octobre 1957, au British International Motor Show, Colin Chapman présenta une voiture révolutionnaire : le coupé Lotus Elite. Il était équipé d’une carrosserie monocoque autoporteuse en fibre de verre d’un Cx de 0,29, de 4 roues indépendantes et de 4 freins à disques Girling. Son empattement était de 2,24m. Il entra en production en 1959. 1078 exemplaires furent assemblés jusqu’en 1963. Le public, devant tant de nouveautés et de technicité, ne montra dubitatif. Mais quelques clients utilisèrent ces voitures aux 24 Heures du Mans. Elles succédèrent ainsi aux Lotus Eleven. Les résultats ne se firent pas attendre. En 1959, elles finirent aux 8ème et 10ème places du classement général ! En 1960, elles terminèrent aux 13ème et 14ème places. En 1961, elles finirent aux 12ème et 13ème places. En 1962, elles terminèrent aux 8ème et 11ème places. En 1963, elle finit à la 10ème place. Son moteur était tout simplement un 4 cylindres Coventry Climax muni d’un arbre à cames en tête et d’un ou de deux carburateurs. Son bloc et sa culasse étaient en aluminium. Il était accouplé à une boîte manuelle 4 rapports. Devant de tels résultats, Colin Chapman redit alors : « Ajouter de la puissance vous rend plus rapide dans les lignes droites. Soustraire du poids vous rend plus rapide partout. »


La Lotus Cortina, une alliance avec Ford
En septembre 1962, Ford of Britain présenta son modèle Ford Cortina muni de roues avant indépendantes. Colin Chapman fut intéressé par cette nouvelle berline, dans sa variante 2 portes. Il l’équipa de freins à disques à l’avant et d’un 4 cylindres de 1588cm3 muni d’un double arbre à cames en tête et de deux carburateurs. Il la vendit entre 1962 et 1963 en tant que Lotus Cortina, puis Ford prit le relais en la distribuant sous son enseigne. En 1966, elle adopta la nouvelle carrosserie. Sa carrière prit fin en 1969. La boîte à vitesse offrait 4 rapports. Son empattement était compris entre 2,49m et 2,5m pour une longueur comprise entre 4,27m et 4,28m.



La Lotus Elan, une belle dénommée “L’Emma Peel”

En janvier 1963, le roadster Lotus Elan entra en production. Colin Chapman modernisa le concept châssis poutre (ou backbone chassis) cher à son concepteur tchécoslovaque Hans Ledwinka (1878-1967) qui œuvra pour Tatra. Mais, cette fois-ci, les 4 roues indépendantes, les 4 freins à disques Girling, la carrosserie en fibre de verre, les phares escamotables et le capot s’ouvrant vers l’avant étaient présents. Le moteur 4 cylindres d’origine Ford fut métamorphosé en adoptant un double arbre à cames en tête et deux carburateurs. La boîte à vitesses offrait 4 rapports. En novembre 1964, la nouvelle Lotus Elan série 2 put disposer d’un hard-top. En septembre 1965, la version coupé entra en production muni de glaces latérales à commande électrique. En juin 1966, le roadster reçut des encadrements fixes autour des glaces latérales. En août 1973, les deux types de carrosseries furent retirés du marché. Leur empattement était de 2,13m pour une longueur comprise entre 3,66m et 3,69m.
Le roadster Lotus Elan est surnommée « L’Emma Peel ». Le rôle de John Steed de la série télévisée The Avengers (Chapeau melon et bottes de cuir) fut toujours tenu par Patrick Macnee (1922-2015). Elle fut diffusée pour la première fois entre janvier 1961 et mai 1969. Ses partenaires féminines changèrent au cours des 6 saisons et des 161 épisodes. Emma Peel fit son apparition au cours de la 4ème saison. Le rôle était tenu par Diana Rigg (1938-2020), la future James Bond girl du film de 1969 On Her Majesty’s Secret Service (Au service secret de Sa Majesté). Le roadster Lotus Elan retenu était une série 2 de couleur blanche. Il était donc dépourvu d’encadrements fixes des glaces latérales. Pour la 5ème saison, ce fut une série 3 de couleur bleue, donc équipée d’encadrements fixes des glaces latérales.



La production fut transférée en 1966 à Hethel dans le district de South Norfolk. Entre juin 1967 et décembre 1974, la gamme fut complétée par une variante 2+2 dénommée Lotus Elan Plus Two. Son empattement était de 2,44m pour une longueur comprise entre 4,28m et 4,29m. En mars 1969, son équipement de confort devint plus étoffé : feux antibrouillard, sièges se transformant en couchettes, feux de recul et lunette arrière chauffante. En octobre 1972, la nouvelle boîte à vitesses 5 rapports lui permit de franchir les 200km/h. La version Lotos Elan US en fut dépourvue. Toute carrosserie confondue, 17392 Lotus Elan prirent la route dont 30% en variante 2+2.



Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’Archives
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