Duesenberg, la plus prestigieuse des marques américaines

La marque automobile Duesenberg représente l’ultra-luxe des années 1930 aux Etats-Unis. Voitures de tous les superlatifs, ces sublimes Américaines ont été conduites par les plus grands : du Duc de Windsor au Roi Alfonso XIII d’Espagne, de Garry Cooper à Bill « Bojangles » Robinson en passant par Al Capone ! Fondée par les frères Duesenberg, elles puisent leurs origines dans le monde des courses, s’adjugeant entre autre le Grand Prix automobile de France au Mans 1921 et les 500 miles d’Indianapolis 1922, 1924, 1925 et 1927 ! Désormais, elles trustent les podiums des enchères, faisant parties des voitures les plus chères du monde ! De la naissance de Duesenberg au revival de Duesenberg en passant par l’ère Duesenberg-Auburn-Cord, ABSOLUTELY CARS vous dévoile tout ce qu’il y a à savoir sur la plus prestigieuse des marques américaines qui fête, cette année, son centenaire !

La naissance chaotique de Duesenberg

Frederick Samuel Duesenberg (1876–1932), le concepteur, et August Samuel Duesenberg (1879–1955), le fabricant, débutèrent leurs carrières en améliorant des machines agricoles, puis produisirent des bicyclettes et des motocyclettes et enfin conçurent une automobile, la Marvel, en 1905. Cette voiture était équipée d’un 2 cylindres à plat et d’une boîte à vitesses 2 rapports.

En 1906, l’avocat Edward R. Mason (1846-1929) entreprit sa fabrication à Des Moines (Iowa) sous la marque Mason. En juin 1909, le sénateur Frederick Louis Maytag (1857-1937) et son fils achetèrent l’entreprise. En 1910, la firme déménagea à Waterloo (Iowa) et ajouta une 4 cylindres munie d’une boîte à vitesses 3 rapports, toujours conçue par les frères Duesenberg, vendue sous la marque Maytag. En 1911, toutes les voitures furent proposées sous le nom de la nouvelle entité. Le 12 janvier 1912, Edward R. Mason racheta les parts sociales de la famille Maytag et les voitures redevinrent des Mason. En 1914, la fabrication des automobiles s’arrêta après une production totale en 8 ans de 1515 unités.

Les 500 miles d’Indianapolis, le rêve des frères Duesenberg

Les frères Duesenberg ne rêvaient que d’une chose : remporter la mythique épreuve des 500 miles d’Indianapolis. La première année, en 1911, elle fut remportée par Marmon, en 1912 par National, en 1913 et en 1916 par Peugeot, en 1914 par Delage, en 1915 par Mercedes… Les épreuves 1917 et 1918 n’eurent pas lieu, les Etats-Unis s’étant engagés auprès des Alliés. En 1913, ils s’essayèrent en concevant la Mason Indianapolis, son 4 cylindres étant de 5,6 litres de cylindrée.

Fin 1913, Mason abandonna son engagement dans les courses et les frères Duesenberg fondèrent alors la Duesenberg Motors Inc. à Saint Paul (Minnesota). L’usine produisit des 4 cylindres pour de nombreux constructeurs américains et, dès 1914, des moteurs marins, un 12 cylindres constitué par trois moteurs accolés, puis des 6 et 8 cylindres distribués également en Italie et en Russie.

En mars 1917, la société devint la Duesenberg Motor Corporation. En 1918, les ateliers furent transférés à Indianapolis. La même année, fut construit en 4 exemplaires le moteur d’avions H, un V16 de 5,6 litres développant 800ch à 1800tr/mn.

En 1920, la société devint la Duesenberg Automobile & Motor Company. En 1921, une Duesenberg remporta le Grand Prix automobile de France au Mans. L’écurie remporta les 500 miles d’Indianapolis en 1922, 1924, 1925 et 1927 !

Les Duesenberg aux freins hydrauliques

Malcolm Loughead (1886-1958), qui changea son nom en Lockheed, déposa son brevet de freins assistés hydrauliquement en 1917. Auparavant, la Knox Automobile Company exploita un système similaire dès 1915 sur les roues arrières d’un camion. Dès 1914, Frederick Samuel Duesenberg exploita un système similaire uniquement sur les roues avants, il adopta les freins hydrauliques Lockheed sur les 4 roues par la suite.

Fin 1920, une voiture de tourisme portant le nom de Duesenberg fut présentée. Elle entra en production courant 1921 avec les dernières technologies issues de la compétition : 8 cylindres en ligne équipé d’un arbre à cames en tête et de 16 soupapes, freins hydrauliques sur les 4 roues. Elle est réputée pour être la première voiture de tourisme munie d’un tel système de freinage. La Duesenberg Model A fut fabriqué en 650 exemplaires, son dérivé dénommé Duesenberg Model X en 13 exemplaires.

L’ère Errett Lobban Cord

Errett Lobban Cord (1894-1974) acheta Duesenberg, le 6 octobre 1926 et rebaptisa la société Duesenberg Inc. en tant que filiale d’Auburn. Il demanda à Frederick Samuel Duesenberg de concevoir la plus exceptionnelle voiture du monde. En décembre 1928, la Duesenberg Model J fut présentée. Son moteur produit chez Lycoming était issu du retour d’expérience en compétition : une débauche de technologie avec une culasse amovible enfermant un double arbre à cames en tête et 32 soupapes ! La cylindrée du 8 cylindres du modèle précédent passa de 4255cm³ à 6878cm³, la puissance de 100ch à 265ch. Avec la variante châssis court, 3,62m d’empattement tout de même, une notion fut introduite, le 0 à 100 miles per hour (0 à 161 km/h), cette vitesse étant franchie en 21 secondes. Tout châssis confondu, cette première version fut fabriquée en 481 exemplaires en 9 ans. En 1932, fut ajoutée la variante Duesenberg Supercharged dite « SJ », cette dénomination n’étant pas officielle. Elle franchissait le 0 à 161 km/h en châssis court en 17 secondes grâce à un compresseur. Cette seconde version fut assemblée en 36 exemplaires en 5 ans.

Le prix était directement lié au contenu technologique. Le châssis du Duesenberg Model J coutait en 1929 8500$. Une fois habillé par un grand carrossier, le montant avoisinait les 20000$ ! Aux Etats-Unis et en Europe, la Duesenberg Model J devint le symbole d’un certain statut social et de réussite. Leurs propriétaires étaient forcément fortunés, parmi les plus célèbres : Al Capone, Evalyn Walsh McLean, Greta Garbo, Howard Hughes, Mae West, Marion Davies, Tyrone Power, Clark Gable, Gary Cooper, Bill « Bojangles » Robinson, William Randolph Hearst ; les familles Mars, Whitney et Wrigley ; les membres de la royauté européenne comme le duc de Windsor, le prince Nicolas de Roumanie, la reine Maria de Yougoslavie et les rois Victor Emmanuel III d’Italie et Alfonso XIII d’Espagne…

En 1935, fut vendu à Gary Cooper un roadster dit Duesenberg Model « SSJ », cette dénomination n’étant pas officielle. Il était équipé d’un châssis court de 3,18m d’empattement au lieu de 3,62m/3,9m habituels et d’un compresseur à l’efficacité amélioré, 400ch au lieu de 320ch. Un autre fut confié à Clark Gable en 1936. Cette ultime version ne fut fabriquée qu’en 2 exemplaires.

Entre 1921 et 1937, 1192 automobiles de tourisme Duesenberg furent fabriquées en incluant les 10 exemplaires équipés de jantes de 17 pouces au lieu de 19 pouces. Les survivantes représentent un volume de 300 unités. La branche automobile de la holding Cord Corporation, constituée par Aurburn-Cord-Duesenberg, fut retirée du marché en 1937. Les bâtiments de Duesenberg furent achetés par le fabricant de camions Marmon-Herrington et ceux de Auburn/Cord par l’équipementier BorgWarner.

La publicité vue par Duesenberg

La marque Duesenberg était tellement connue que, pour la première fois, la publicité, diffusée entre 1934 et 1935, ne mettait pas en avant la voiture sous la forme d’une photographie ou d’une illustration, mais ses conducteurs !

Le revival de Duesenberg

Le fils d’August Samuel Duesenberg, Fredrick Pike Duesenberg (1908-1976), demanda à Virgil Exner (1909-1973) de concevoir une nouvelle Duesenberg. Suite à la réalisation de plusieurs esquisses, un concept-car fut assemblé, en 1966, par la Carrozzeria Ghia. Cette limousine était imposante avec sa longueur de 6,22m, moderne avec ses roues avants indépendantes à barres de torsion, ses freins à disques sur les 4 roues, sa climatisation automatique. Dans un intérieur cuir et acajou, le passager arrière disposait de son propre autoradio, d’une planche d’écriture pliante, d’une télévision, d’un mini bar. Hélas, la production en petite série n’eut pas lieu.

Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives

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