A la fin des années 1920, un nouveau constructeur soviétique d’envergure paraissait nécessaire. Le 31 mai 1929, le Conseil Suprême de l’Economie Nationale de l’URSS et la société américaine Ford Motor Company conclurent un accord ayant trait à la mise en place de la production en série de voitures, la Ford A, et de camions, le Ford AA. L’usine fut étudiée par le bureau d’architecture américain d’Albert Kahn (1869-1942) qui conçut 521 usines pendant le premier plan quinquennal soviétique. La ville choisie fut Nijni-Novgorod. La dénomination retenue fut NAZ pour Nizhegorodsky Avtomobilny Zavod. La production d’un premier camion débuta le 1er janvier 1932, il y a 90 ans. Cette première pierre donnerait alors l’un des plus grands constructeurs automobiles russes : GAZ.

Les débuts de l’entreprise soviétique GAZ
Au début des années 1930, l’URSS possédait trois centres de production d’automobiles :
- le grand complexe militaro-industriel Krasny Putilovets dédié, entre autres, à la fabrication des tracteurs agricoles Fordson de Henry Ford (1863-1947) et de son fils, Edsel Ford (1893-1943),
- l’usine Spartak de Moscou qui fabriqua la voiture populaire NAMI-1 entre 1927 et 1930,
- AMO (Avtomobilnoe Moskovskoe Obshchestvo) implantée à Moscou, constructeur dédié aux camions qui prendra successivement comme dénomination ZIS, puis ZIL.
L’entreprise NAZ fabriqua, le 1er janvier 1932, son premier camion, le NAZ AA, et sa première voiture en décembre de la même année, la NAZ A. Staline voulut matérialiser sa gratitude à l’écrivain Maxime Gorki (1868-1936) et fit rebaptiser, en 1932, la ville de Nijni-Novgorod en Gorki, dénomination conservée jusqu’en 1991. En 1933, NAZ fut alors renommée GAZ pour Gorkovsky Avtomobilny Zavod.
Le premier directeur de NAZ / GAZ fut Sergueï Dyakonov (1898-1938). Il appréciait Henry Ford. Cette amitié lui valut de la part des autorités de son pays, des soupçons d’intelligence avec une puissance étrangère et de dérive droitière. Il fut arrêté le 18 juillet 1938, condamné à mort le 7 septembre, exécuté le jour même. En matière d’automobiles, les œuvres communes de Sergueï Dyakonov et Henry Ford furent la NAZ / GAZ A réalisée entre 1932 et 1936 et la GAZ M1 produite entre 1936 et 1942. Elles étaient équipées de 4 freins à tambours. Les GAZ 11-40 et GAZ 11-73, disponibles dès 1940, reprenaient la plate-forme de la GAZ M1 et étaient équipées d’un 6 cylindres Dodge muni de soupapes latérales.


Dès 1941, GAZ fabriqua des 4×4, les modèles GAZ 61 et GAZ M-72 arborant une carrosserie d’une voiture civile, les modèles GAZ 64, GAZ 67 et GAZ 69 adoptant une carrosserie de type tout terrain. La fabrication cessa à Gorki en 1956. Entre 1954 et 1972, le 4×4 GAZ 69 fut assemblé par UAZ et dénommé de ce fait UAZ 69. Ce véhicule était disponible en 2 ou 4 portes, en 2112cm³ et 2433cm³, cette dernière cylindrée étant une option proposée pour un usage militaire.





Dès novembre 1943, les plans d’une nouvelle automobile commencèrent à être diffusés et un prototype roulait. Sa dénomination était GAZ M20 « Pobieda », Pobieda signifiant Victoire. Elle se devait d’être parfaite : 4 cylindres soviétique, carrosserie ponton, roues avant indépendantes, 4 freins à tambours assistés hydrauliquement, portes avant s’ouvrant dans le bon sens (portes « suicide » arrière sur le prototype), clignotants, deux essuie-glaces électriques ! Elle fut fabriquée jusqu’en 1958 à 241 497 exemplaires (dont 14 222 phaétons et 37 492 taxis).

La remplaçante de la GAZ M20 « Pobieda » apparut en 1956. Dénommée GAZ 21 « Volga », elle étrennait une carrosserie autoporteuse. Dès 1957, son 4 cylindres adopta des soupapes en tête. Le break, baptisé GAZ 22 « Volga », fut introduit sur le marché en 1962. La berline équipée d’un V8 OHV, dénommée GAZ 23 « Volga », devint disponible également en 1962. Pour le marché belge, à partir de 1961, quelques exemplaires furent équipés d’un 4 cylindres diesel d’origine Perkins, Rover ou Indenor. Fabriqués jusqu’en 1970, l’ensemble de la production représenta quelques 640 000 exemplaires.



La célèbre et irremplaçable GAZ 24 Volga
Entre 1967 et 2009, pendant 42 ans, GAZ produisit la GAZ 24 « Volga ». Elle changea de dénominations au cours des décennies, mais elle conserva son essieu arrière rigide et son empattement de 2,8m. Les versions les plus huppées et les plus récentes furent équipées de freins à disques à l’avant. La variante break devint disponible en 1972. Lorsque les moteurs essence étaient équipés d’un ou de deux double arbre(s) à cames en tête (DOHC), ils étaient munis de 4 soupapes par cylindre et de l’injection, hormis le 2287cm³ de 150ch équipé d’un simple carburateur.



GAZ rencontra des difficultés pour remplacer son best-seller. La première idée fut de conserver la plate-forme de la propulsion GAZ 24 « Volga », son essieu arrière rigide, ses freins arrière à tambours, tout en l’habillant d’une élégante carrosserie. Cette nouvelle voiture se dénommait GAZ 3111 « Volga ». Son empattement était de 2,82m, sa longueur de 4,9m. Le succès ne fut pas au rendez-vous : 415 exemplaires assemblés entre 2000 et 2002. La seconde tentative pour remplacer la GAZ 24 « Volga » fut l’acquisition, en 2006, d’une licence auprès de Chrysler pour produire la traction Sebring sous la dénomination GAZ Siber. Le 4 cylindres DOHC était implanté en position transversale et les 4 roues indépendantes étaient bien présentes. Son empattement était de 2,74m, sa longueur de 4,86m. Le succès commercial fut également absent : 8 933 exemplaires assemblés entre 2008 et 2010.



Les limousines GAZ




Si le duo ZIS / ZIL réalisa des voitures exceptionnelles tout en poursuivant la production des camions, le constructeur GAZ fabriqua également des limousines. Entre 1950 et 1959, fut assemblée dans la ville de Gorki (dénommée depuis 1991 Nijni-Novgorod), la limousine GAZ 12 « Zim » à 21 527 exemplaires. Elle était moderne avec sa carrosserie autoporteuse, sa suspension avant indépendantes et ses 4 freins à tambours assistés hydrauliquement.
La limousine GAZ 12 « Zim » fut remplacée par la limousine GAZ 13 « Tchaïka », disponible entre 1959 et 1981. Elle était fort proche de la ZIL 111, la course du V8 OHV étant ramenée de 95mm à 88mm, la puissance de 200ch à 195ch, l’empattement de 3,76m à 3,25m et la longueur de 6,14m à 5,6m. Son niveau d’équipement était similaire : direction assistée, lève-vitres électriques, roues avant indépendantes et servofrein à dépression. Elle connut un tout autre succès : 3 179 exemplaires contre 112 pour la ZIL 111.
La limousine GAZ 13 « Tchaïka » fut complétée, entre 1977 et 1988, par la limousine GAZ 14 « Tchaïka » qui était équipée de 4 freins à disques. Elle fut fabriquée à 1 100 exemplaires.
Entre 1992 et 1996, fut proposée à la vente la GAZ 3105 : V8 OHV muni d’une injection indirecte, boîte à vitesses 5 rapports, 4 roues motrices, 4 roues indépendantes. Le succès ne fut pas au rendez-vous : seulement 55 unités furent fabriquées.

La marque GAZ aujourd’hui

En 2001, le consortium Ruspromavto fut constitué pour gérer les actifs (ayant trait aux automobiles, camions légers, camions lourds, autobus, blindés légers) des marques GAZ, PAZ, LiAZ, GoIAZ, KavZ et YaMZ. Il dépend de l’entreprise publique Siberian Aluminium Group dénommée aujourd’hui Basic Element. A partir de 2005, GAZ produit un 4×4 muni de 4 roues indépendantes et d’un boîtier de transfert, le GAZ Tigr. Depuis 2010, GAZ ne fabrique plus de voitures de tourisme.

Les automobiles et 4×4 construites entre 1932 et 1967 sont extrêmement recherchés par les passionnés et les collectionneurs et, bien entendu, les prix s’en ressentent.


Pour une clientèle très aisée, la société moscovite A:Level réalise des modèles uniques inspirés des anciennes GAZ, reprenant le soubassement, la motorisation et l’intérieur des actuelles BMW, la boîte à vitesses exploitée étant manuelle et offrant 6 rapports.






Le compagnon de voyage de GAZ, l’entreprise soviétique UAZ
UAZ, pour Ulyanovsky Avtomobilny Zavod, fut créée en 1941 pour transférer loin du front germano-soviétique une grande partie de l’outil de production de ZIS attribué aux camions et à l’armement dans une ville située sur la Volga, Oulianovsk. Jusqu’en 1924, cette ville s’appela Simbirsk. Elle changea de nom pour rendre hommage à Vladimir Ilitch Oulianov (1870-1924) dit Lénine. Entre 1954 et 1972, l’usine assembla l’UAZ 69, clone du GAZ 69. Entre 1958 et 1965, UAZ fabriqua un fourgon 4×4 exploitant le châssis de l’UAZ 69 et le 4 cylindres 2433cm³ de la GAZ M20 V, son remplaçant se dénommant UAZ 452. Entre 1961 et 1982, l’usine réalisa un utilitaire 4×2 UAZ 451 exploitant le 4 cylindres SV Gaz de 2433cm³, puis le 4 cylindres OHV Gaz de 2446cm³. Le camion léger 4×2 ou 4×4 dénommé UAZ Profi compléta la gamme dès 2017.
En 1972, le 4×4 UAZ 69 fut remplacé par le 4×4 UAZ 469 renommé UAZ 3151 en 1985, UAZ Hunter en 2003, tout au moins pour les versions destinées au public. L’empattement est de 2,38m. Entre 1996 et 2010, fut également exploité un empattement de 2,76m avec une carrosserie similaire à l’originelle, le confort étant apporté par la direction assistée. En parallèle, fut produit une gamme avec une carrosserie à l’esthétique plus moderne, le fameux UAZ Simbir dénommé depuis 2005 UAZ Patriot. Le boîtier de transfert est toujours présent lorsque la boîte à vitesses possède 4 rapports, généralement présent lorsque la boîte à vitesses possède 5 rapports.








Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
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