A l’occasion des commémorations de la victoire des Alliés de 1945, signant la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’équipe d’ABSOLUTELY CARS vous propose un focus en lien avec cette date si particulière. Après vous avoir raconté l’histoire des Jeeps Willys et American Batam, en 2019, lors du 75ème anniversaire du Débarquement en Normandie, nous vous proposons de vous intéresser à leurs sœurs russes ! En effet, aussi surprenant que cela puisse l’être, il n’y a pas qu’outre-Atlantique que ce type de véhicule tout-terrain a été produit ! Forte de son partenariat avec Ford, qui aboutit par la construction de l’usine automobile de Gorki (ou Gorkovsky Avtomobilny Zavod), l’URSS de Staline a également développé ses propres “Jeeps” sous le nom de GAZ !
Les Gaz 64, la “jeep” soviétique au service de l’Armée Rouge
L’URSS entre en guerre contre l’Allemagne nazie en décembre 1940, après que le Troisième Reich ait rompu le Pacte germano-soviétique. C’est dans ce cadre historique tendu que l’Union Soviétique développe ce qui sera la Gaz-64. Sa conception est dirigée par Vitaliy Grachev, sur les bases de la Gaz-61, voiture par excellence des commandants de l’Armée Rouge. Son processus de conception fut exceptionnellement rapide, ne prenant que quelques semaines. En effet, l’avantage de la Gaz 64 repose sur une réutilisation massive des composants techniques et mécaniques des autres modèles construits à la même époque. Elle reprend également la capacité tout-terrain de la Gaz 61, produite de 1938 à 1945, une technologie issue elle-même de la Gaz M-2. Un premier prototype, surnommé “GAZ R1”, est construit en 1941, puis validé. La production débute dès mars 1941, fin prêtes pour aller sur le Front de l’Est.




Mais pourquoi ces voitures s’appellent “Gaz” ? Et quel est lien avec le constructeur automobile américaine Ford ? En mai 1929, l’URSS signe un accord commercial avec la Ford Motor Company d’Henry Ford. L’Union Soviétique s’engage à acheter pour 13 millions de dollars de pièces automobiles. En contre-partie, Ford leur fournit toute l’assistance technique possible pour construire une usine dédiée à l’automobile et ce jusqu’en 1938 ! Cette usine est construite à Nizhny Novgorod avant que le village ne soit rebaptisé, en 1933, “Gorby”, en hommage à l’écrivain russe éponyme. L’usine prend alors le nom de Gorkovsky Avtomobilny Zavod (ou GAZ). Et bien qu’il existe une forte ressemblance entre la Jeep Willys et la Gaz 64, cela reste “fortuit”, paraît-il, les Etats-Unis ne fournissant que ces fameuses Jeep Willys en kit à ses alliés qu’à la suite de la “Loi pour promouvoir la défense des Etats-Unis”, votée le 11 mars 1941, soit à la même époque que les premières Gaz 64. Mais l’arrivée des Jeep Willys sur le Front de l’Est marqueront profondément la production de Gaz-64. En effet, la majorité de la production, soit 2500 exemplaires, sera déclinée dans sa version “voiture blindée” : la Gaz BA-64.
Concernant la Gaz-64, dans sa version “jeep”, la carrosserie est réduite à sa plus simple expression, avec une capote et des portières en toile ! Simplicité, robustesse et fiabilité, tels sont les maîtres-mots de cette voiture. Côté moteur, nous y retrouvons un 4 cylindres en ligne de 3285cm3 développant 50ch. La transmission 4 roues motrices est celle de la Gaz 61, employée par la marque russe depuis les années 30. En termes de performances, la vitesse maximum atteint difficilement les 100km/h. Il faut dire que la Gaz 64 pèse, tout de même, 1.2 tonnes sur la balance, à vide ! Elle sera produite à seulement 646 exemplaires, avant d’être remplacée par la Gaz 67, en 1943.
Les héritières de la Gaz-64 : la Gaz 67 et la Gaz 69
La Gaz-67, la version améliorée de la “jeep” soviétique


La Gaz 64 laisse sa place par une version plus moderne : la Gaz-67. Pourtant, celle-ci n’est pas une nouveauté en soi, la Gaz 67 étant produite en série depuis septembre 1943. Conçue par Grigory Moïseyevitch, elle a vu son empattement rallongé par rapport à sa devancière, pour en améliorer l’équilibre. Elle connut différentes améliorations, son châssis étant renforcé et son réservoir agrandi par la même occasion. La Gaz 67 se veut être plus pratique et plus efficace, notamment pour les soldats au front, qui ont besoin d’un véhicule plus maniable sur les terrains très accidentés. Toutefois, comme pour la Gaz-64, la Gaz 67 emploie dans sa conception de nombreuses pièces provenant d’autres modèles dont certaines sont quelque peu archaïques datant des années 1930 à l’image de ses suspensions, de ses freins quasi-inexistants ou encore de sa boîte de vitesse à double embrayage non synchronisée. Si elle demande de sacrés jambes pour en actionner ses pédales, la Gaz-67 sera, tout de même, largement plus utilisée que sa devancière : 4821 unités seront construites pendant le conflit ! Elle servira également de base à la Gaz BA-64, produite à 8165 exemplaires dans cette configuration.

Côté mécanique, la Gaz-67 possède un moteur 4 cylindre 3.3L un peu plus puissant tirant son origine du camion Gaz-MM. Elle est accouplée à une boîte de vitesse manuelle 4 rapports et une transmission 4 roues motrices type “propulsion”. Développant 54ch, elle monte jusqu’à 90km. Nous pouvons, tout de même, souligner la présence d’un commutateur placé sur le pommeau de vitesse permettant passer en 2 ou 4 roues motrices. Toutefois, elle ne connaîtra vraiment d’améliorations mécaniques qu’à partir de 1944 avec sa deuxième génération, la Gaz-67B.
A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, elle sera principalement commercialisée auprès des agriculteurs, des Kolkhozes et les particuliers qui font face à des degrés de températures opposées et extrêmes. Sa fiabilité et sa robustesse lui permettront d’avoir un très bon succès jusqu’en 1953, le nombre total d’exemplaires écoulés dépassant les 92 800 voitures commercialisées.

La Gaz-69, l’ultime “jeep” militaire soviétique


Le constructeur automobile Gaz propose, en 1953, son ultime vision de la Jeep militaire soviétique : la Gaz-69. Sa conception est confié à Grigoriy Vasserman à qui on demande une voiture toujours plus performante tout en étant toujours plus économe en carburant ! Il faut savoir que la Gaz-69 est, tout d’abord, à vocation militaire, connue également sous le nom d’ATK-L-69, et dont le but est de soutenir l’artillerie. Elle se veut plus moderne que sa devancière en proposant une capacité de charge et de remorquage équivalent à 1.3 tonnes, l’artillerie pesant à elle seule 800kg + 500kg de charge. Le tout doit pouvoir s’associer avec une remorque “GAZ 704″, qui augmente la charge de 500kg ! Un véhicule militaire de compétition que l”armée ira même jusqu’à parachuter ! Une déclinaison civile, basée sur le véhicule militaire en cas de réquisition en temps de guerre, verra également le jour et sera été commercialisée aux agriculteurs et travailleurs.
Pour arriver à un tel résultat, la Gaz-69 résulte d’un long processus de conception. Quatre prototypes seront élaborés et présentés au gouvernement soviétique, respectivement en octobre 1947, en février/mars 1948 et novembre 1948. Pourtant, la production de la Gaz 69 ne commencera qu’à partir de 1953, tout d’abord, au sein de l’usine de Gorky puis dans celle de la marque UAZ, en décembre 1954 et pour finir à à Oulianovsk en 1956.





La Gaz-69 sera déclinée en version deux portes avec un toit en toile standard, deux sièges à l’avant et deux banquettes rabattables pour trois personnes à l’arrière, placée l’une en face de l’autre. Ainsi configurée, elle peut transporté 8 personnes dans un confort certain avec chauffage, dégivrage et bâches latérales. Sa variante quatre portes, la Gaz-69A, sera, quant à elle, dotée d’un toit en toile pliable et de deux rangées de sièges. Apparue en mai 1961 et principalement vendue en configuration civile, elle pouvait, ainsi, accueillir 5 personnes.
Quel que soit les versions, les capacités de tout-terrain de la Gaz-69 sont nettement renforcées par rapport à ses devancières et sont le fruit de longs tests, avec et sans remorque. Si plus de la moitié des composants provient des Gaz-12, Gaz-51 et Gaz-M20, la Gaz 69 est forte de plusieurs modifications esthétiques. Elle est plus grande, gagnant 3 cm en longueur 3,5 cm en largeur et 6 cm en hauteur. Côté mécanique, elle possède le même bloc-moteur que la Gaz-M20 Pobeda, boosté à 55ch et atteignant les 90km/h. L’essence est acheminée par l’intermédiaire de deux réservoirs, un de 47L caché sous le planché et un de 28L sous le siège-passager à l’avant.
Certaines versions se voient améliorées : le moteur passe de 2100 cm3 à 2400 cm3 pour une puissance de 65ch et une vitesse de pointe de 100km/h. Certaines sont même équipées d’un réservoir de 60L et d’une roue de secours ! La Gaz-69 est également proposée en version Gaz-69M et Gaz-69AM. A la fin des années 1960, deux fenêtres sur les bâches latérales seront rajoutées et des essieux d’origines UAZ 452 à l’avant et UAZ 451D à l’arrière seront montés, donnant les versions Gaz-69A 68 et Gaz-69 AM 71.
Au total, plus 634 290 véhicules, toutes versions confondues, seront produites, entre 1953 et 1972, en URSS sous l’appellation GAZ, puis UAZ. En Roumanie, la production sera poursuivie jusqu’en 1975, sous le nom d’ARO.


L’influence des Gaz dans le monde
Si nous connaissons l’influence de la Jeep Willys, celle du constructeur automobile Gaz et de ses “jeeps” russes est plus atténue et passe principalement par la Gaz-69. Cette dernière s’est très bien exportée en dehors de l’URSS, notamment en Afrique, en Amérique du Sud et en Asie, dans près de 56 pays ! La Gaz 69 sera également déclinée dans de nombreux pays de l’URSS comme en Roumanie avec l’ARO IMS 57 ou lARO M59,… Côté URSS, elle donnera naissance aux camions dits “légers” : l’UAZ-450 et l’UAZ-469 !



Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
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