Focus sur : Les Renault Frégate Coach et Cabriolet, les rarissimes demoiselles des années 1950

La Renault Frégate fête, cette année, ses 70 ans ! Voiture haut de gamme du catalogue de la Régie Renault, la berline fut dévoilée en novembre 1950, au Palais de Chaillot, à Paris, par Pierre Lefaucheux avant d’être officiellement lancée lors du Salon de l’automobile de 1951 ! Ce nouveau modèle va rapidement devenir une source d’inspiration pour les célébrissimes carrossiers Henri Chapron, Ghia et Letourneur & Marchand, lors d’un appel d’offre en juin 1953. Ils vont concevoir certaines de ses versions les plus spécifiques : les Renault Frégate Coach & Cabriolet ! A l’occasion de cet anniversaire quelque peu spécial, ABSOLUTELY CARS vous propose de vous intéresser aux plus magnifiques déclinaisons de la plus haut de gamme des voitures Renault des années 1950 !

La Renault Frégate et les carrossiers de l’appel d’offre du 9 juin 1953

La Renault Frégate Coach Chapron, le grand luxe

Les coachs et cabriolets chez Renault ne sont pas coutumiers ! Pourtant, le carrossier Henri Chapron en a réalisé l’un des plus beaux exemplaires : la Renault Frégate Coach Chapron ! S’il est bien évidemment connu pour ses magnifiques Citroën DS Chapron, il s’est surtout distingué par ses lignes avant-gardistes pour l’époque, faisant de lui un modèle de reconversion ! En effet, la Deuxième Guerre mondiale voit l’avènement du Plan Pons et la disparition de toute une catégorie de marque à l’image de Salmson, de Delage ou encore de Bugatti. N’ayant plus de voitures de luxe à carrosser, les carrossiers perdent ainsi leurs principaux clients. Certains créent alors leur propre marque tandis que d’autres intègrent les équipes des constructeurs en tant que « styliste ». Henri Chapron crée, quant à lui, sa structure à Levallois et au travers d’un partenariat et du réseau de distribution de la marque, il va transformer la Renault Frégate en vaisseau amiral ultra-luxueux.

La structure de Renault Frégate Coach Chapron reste identique à la berline, soit un châssis monocoque d’un empattement de 2,8m. Dessus, se trouve une carrosserie monocoque aérodynamique reprenant l’avant et l’arrière de la version « classique ». Reposant sur le dessin originel de Carlo Delaisse, la Renault Frégate d’Henri Chapron se distingue toutefois par :

  • son pavillon très similaire à la Renault 4CV Autobleu
  • l’absence de portières arrières
  • la présence d’un hardtop en guise de toit
  • les soudures des panneaux en tôle en y apportant du chrome
  • le retrait des ailes arrières en saillie se concluant sur des optiques Boyriven à partir de 1995 et seule évolution effectuée au cours de sa carrière

L’habitacle de la Renault Frégate Coach Chapron reste identique à celui de la berline à l’exception de la sellerie qui opte pour du cuir. L’insonorisation est également optimisée avec des renforcements. Côté mécanique, nous retrouvons le bloc-moteur de la Renault Frégate Berline, à savoir un 4 cylindres en ligne 11cv 2.0 « 85 latéral » de 58ch puis un 4 cylindres en ligne 12cv 2.2 « Etendart » de 80ch. Ils sont accouplé à une boite de vitesse transfluide semi-automatique 3 rapports. Le système de freinage est assuré par des tambours tandis que le comportement routier passe par des roues indépendantes et des suspensions à ressorts hélicoïdaux.

Les ateliers Chapron étant retenus par la Régie Renault, en mars 1954, les premières Renault Frégate Coach Chapron seront réalisées avec une première commande de 10 modèles. D’autres commandes se succèderont jusqu’en 1958, au termes de 54 unités pour le coupé et 4 pour le cabriolet. A la suite de cette expérience, Henri Chapron rejoint Citroën pour concevoir la mythique Citroën DS cabriolet, principale concurrente de la Renault Frégate.

La Renault Frégate « Letourneur & Marchand », le parfait cabriolet

Le 9 juin 1953, la Régie Renault ne se tourne pas exclusivement vers Henri Chapron pour améliorer la sublime Renault Frégate afin qu’elle prenne du galon en montant davantage dans le segment du luxe. Dans ce challenge, il inclut la crème des carrossiers français : un certain « Letourneur & Marchand« . Spécialisé dans l’ultra-luxe, ce carrossier a habillé entre autre les châssis des plus prestigieuses marques mondiales à l’instar de Duesenberg, d’Hispano-Suiza, de Minerva ou encore de Rolls-Royce. Ainsi, fort de ce passé glorieux, ils acceptent le défi de Renault : réaliser une Renault Frégate Cabriolet. Conservant le coup de crayon originel de Carlo Delaisse, le résultat final est sublime et les réactions sont unanimes !

Le succès est au rendez-vous : en 1954, le carrossier Letourneur et Marchand se voit confier sept premiers châssis. Il les réalisera, ainsi que les suivants, de façon artisanale, rendant le processus de production long et couteux si bien qu’elle ne fut que réalisée « sur-demande ». Parmi ses principales modifications, la Renault Frégate Cabriolet « Letourneur & Marchand » voit sa calandre élargie, son pavillon bombé, son toit équipé d’une capote en toile, ses chromes s’affirmés tandis qu’elle est dotée de nouveaux optiques à l’avant comme à l’arrière. L’habitacle est plus sophistiqué avec une finition soignée bien qu’il reprenne la totalité des composants de la version classique. Côté mécanique, la Renault Frégate « Letourneur & Marchand » utilise la même motorisation que la Renault Frégate Berline et la Renault Frégate Coach.

Produite entre 1954 et 1960, la Renault Frégate Cabriolet « Letourneur & Marchand » ne fut produite qu’à seulement 67 exemplaires. Ce sera également le dernier modèle proposé par ce carrossier avant de disparaître. S’il est difficile de savoir combien ont survécu aux affres du temps, il faut savoir que l’un d’entre eux appartient au Prince Rainier de Monaco !

La Renault Frégate Ondine Ghia, la merveille des merveilles

Pour son appel d’offre du 9 juin 1953, Renault souhaite également avoir une vision étrangère de sa voiture haut de gamme. Pour se faire, le constructeur interroge le carrossier italien Ghia. Ce dernier confie le projet à Luigi Ségré qui utilise la base de la Renault Frégate Amiral pour composer sa carrosserie entièrement inédite. D’une très grande élégante, elle se distingue par ses lignes tendues et sa délicate calandre ! Epoustouflé par le résultat, la Régie Renault ira jusqu’à exposer ce prototype sur son stand, lors du Salon de l’automobile de Paris 1953, au Grand Palais ! Son nom : la Renault Frégate Ondine.

Cette déclinaison très spéciale vient à merveille compléter la gamme Renault Frégate. Il faut dire que dans sa version finale, cette Renault Frégate Cabriolet Ghia est conçue comme un véritable palace roulant : sièges en cuir, radio, chromes… Toutefois, la merveille des merveilles a un prix : la Renault Frégate Ondine Ghia coûte deux fois le prix de la berline ! Cela est due à sa réalisation artisanale, mais pas que ! En effet, cette nouvelle carrosserie ne possède pas de pièces de tôlerie communes avec la berline, demandant une production exclusivement transalpine.

En parallèle, Renault étudie sa propre version en s’inspirant de la Renault Frégate Ondine Ghia, mais en utilisant de la fibre de verre et de la résine de polyester. Néanmoins, les coûts de production se révèlent trop importants pour un résultat qui ne satisfait pas totalement la Régie. Au final, seulement quatre exemplaires vont le jour dont un qui a participé au Tour de France cycliste et un autre qui a été offert à Edith Piaf.

La Renault Frégate : une belle qui se décline

Le coupé Mignot et Billebault

L’année 1955 marque le dernier coup d’éclat du carrossier « Mignot et Billebault », après avoir réalisé des modèles spécifiques pour Chenard & Walcker, Hotchkiss ou encore Ford. La Renault Frégate sera son ultime réalisation. La Renault Frégate Cabriolet « Mignot et Billebault » conserve l’ensemble de la structure de la Renault Frégate initiale. Produite de 1954 à 1955, il n’en existe que 3 exemplaires.

La Renault Frégate Boano / Abarth pour Autobleu

En plus de Ghia, un autre préparateur italien va s’attaquer à la Renault Frégate : Autobleu ! En 1954, ce producteur d’accessoires pour voitures populaires et distributeur des échappements Abarth a émis le souhait d’avoir un unique coupé aux lignes purement italiennes. Pour cela, il a fait appel au carrossier Boano et au sorcier Carlo Abarth. En résulte un modèle à la carrosserie unique d’un un empattement de 2,63m et à la motorisation extrêmement performante ! Il faut dire qu’elle est équipée d’un 4 cylindres 2.0 (1997cm3) de 70ch à double carburateurs accouplé à une boîte manuelle 4 rapports. La vitesse maximum gagne 40km/h pour culminer à 170km/h ! Un premier prototype sera exposé au Salon de l’automobile de Turin 1955, mais ne verra jamais le jour.

Le coupé Rocco Motto

La Renault Frégate Coupé Rocco Motto est de l’esprit du pilote-carrossier Louis Rosier qui décida lui aussi de s’attaquer à la Renault Frégate en la sublimant en un superbe coupé GT unique. Dévoilée en 1956, ce coupé repose sur un châssis tubulaire issu de la Renault Frégate auquel il a ajouté une carrosserie en aluminium plus légère et une motorisation plus préparée. Le tout pèse 950kg sur la balance ! Malheureusement, sa mort lors d’une course sur l’Autodrome de Linas-Monthléry avorte définitivement le projet.

La Renault Frégate Limousine Ghia

En 1957, Ghia va réutiliser la structure de la Renault Frégate pour la transformer en limousine, suite à une commande spéciale de Renault provenant du Palais de l’Elysée ! L’objectif est de détrôner Citroën ! Les modifications sont radicales : la berline routière se transforme en limousine prestigieuse totalement redesignée. Le gabarit augmente en longueur (5.30m de long , soit plus de 60cm supplémentaires) et hauteur. Elle se dote de portières droites et de six vitres. L’habitacle est plus spacieux avec une séparation entre le chauffeur et les places arrières. La communication entre ces deux espaces se fait via un téléphone. Les sièges sont même complétés par deux strapontins. Côté mécanique, nous retrouvons le 4 cylindres en ligne « Etendard » 2.0 (2141 cm3), offrant 80ch, accouplé à la boîte semi-automatique transfluide 3 rapports. Le système de freinage est assuré par des tambours et via commandes hydrauliques. Ce moteur lui permet d’atteindre les 125 km/h pour un poids de 1.85 tonne. Cependant, le Général De Gaulle lui préférera la Citroën DS. La Renault Frégate présidentielle ne sera que très peu utilisée, mais accueillera, notamment, le Général Eisenhower en 1959 !

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS 
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives

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Une réflexion sur “Focus sur : Les Renault Frégate Coach et Cabriolet, les rarissimes demoiselles des années 1950

  1. Merci pour ce fantastique article apparemment hexaustif, la plaque 72 me semble correspondre au modèle d’un garage qui l’utilisait pour tracter un plateau dans les années 75 et le modèle bleu vert il me semble était celui immatriculé 75 qu’un vieux monsieur garait avenue de Grammont aTours dans les années 80

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