APAL, l’artisanat automobile belge

Connaissez-vous APAL ? Si vous aimez les sports mécaniques, ce nom ne vous est pas inconnu. Originaire de Belgique, derrière ces initiales, nous retrouvons la société automobile “Application Polyester Armé Liège“. Elle fut fondée en 1961 à Herstal, puis déplacée à Blegny-Trembleur, en région liégeoise, par Edmond Perry et Bruno Vidick. Ces deux hommes d’automobiles vont se lancer dans une incroyable aventure : construire des voitures sportives et buggies. Petit à petit, ce constructeur automobile belge va faire sa place sur le marché des sportives ! Pour les 60 ans de cette marque, ABSOLUTELY CARS revient pour vous sur l’histoire de cet artisan belge.

L’APAL 1200/1600, la genèse d’un petit constructeur artisan liégeois

Parmi les grandes nations de l’automobile, nous retrouvons la Belgique. Il suffit d’aller au musée Autoworld de Bruxelles pour mieux comprendre l’histoire de l’automobile belge ! Et celle-ci fourmille de petits constructeurs artisanaux à l’instar APAL (Application Polyester Armé Liège). Cette marque fut fondée en 1961, près de Liège, par Edmond Perry, spécialiste des carrosseries en fibre de verre et professeur en tôlerie et Bruno Vidick, son élève qui voulait se lancer dans l’automobile.

De cette union, un premier modèle est créé : l’APAL 1200/1600. Présenté au Salon de l’automobile de Bruxelles en 1961, ce petit coupé GT repose sur la base de la Volkswagen Coccinelle associée à une carrosserie en polyester renforcé. Son look est non sans rappeler celui d’une autre sportive de son époque, la Porsche Carrera Abarth, dessinée par Franco Scaglione, elle-même issue de la célébrissime Porsche 356. Maniable et performante, le coupé APAL n’avait pas à rougir face à son homologue allemand, étant équipé du même bloc-moteur : un 4 cylindres atmosphérique de 1582cm3, développant entre 60 et 90ch pour une vitesse maximum de 160 à 180 km/h. A noter qu’elle pouvait être également équipée du 4 cylindres de 1192cm3 développant 34ch de la Volkswagen Coccinelle. Le modèle est promu par la compétition via les rallyes. Elle s’adjuge notamment le championnat national des rallyes en 1962. Toutefois, le coupé APAL 1200/1600 est vendu à un tarif prohibitif, supérieur à celui d’une Porsche 356 et ne sera produit qu’à 150 exemplaires entre 1961 et 1964. Hélas, on n’en dénombre aujourd’hui plus que 25.

L’APAL Formule-Vee, des petits bolides

Initiées en 1963 par l’américain Hubert L. Brundage, homme d’affaires et pilote de course amateur, les courses de Formule-Vee sont une série spéciale où concourent des monoplaces reposant sur base de Volkswagen Coccinelle. En 1965, le directeur des courses de Porsche, Huschke von Hanstein, l’importe en Allemagne. La première course se tient sur le circuit de Nürburgring et est remportée par Porsche. En 1966, le premier championnat allemand de Formule Vee voit le jour.

En parallèle, de nombreuses petites entreprises, comme APAL, créent leur propre Formule-Vee basée sur la Volkswagen Coccinelle. Sans ailes ou spoilers, l’APAL Formule-Vee était équipée d’un moteur Volkswagen de 1,2L d’une puissance de 45ch pouvant aller jusqu’à 150 km/h. En 1966, les APAL Formule-Vee accueillent le moteur 1,3L de la Volkswagen Coccinelle et gagnent en puissance avec 60ch. En 1969, une modification de la réglementation, qui a principalement libéré le type d’arbre à cames, leur permet une puissance de 70ch pour une vitesse maximale de 190 km/h. En raison du faible poids de ces petites monoplaces, les temps au tour réalisés étaient souvent au niveau de plus renommées voitures de sport à l’instar de la Porsche 911, notamment sur circuits sinueux !

L’APAL Horizon GT, une belle éphémère

En 1968, le constructeur APAL lance celle qui succèdera à l’APAL 1200/1600 : l’APAL Horizon GT. Contrairement à sa devancière, ce coupé sportif ne repose pas sur la base d’une Volkswagen Coccinelle, mais sur celle de la Triumph Spitfire. La rupture avec son aînée ne s’arrête pas à la structure : côté design, les rondeurs sont remplacées par des formes plus anguleuses tandis que les lignes ne ressemblent à aucun autre modèle existant. Avec l’APAL Horizon GT, le constructeur belge affirme son indépendance et son style !

Voiture de sport à moteur central, l’APAL Horizon GT possède une carrosserie monocoque en polyester, arrimé à son châssis tubulaire soudé. Ce coupé biplace atypique est découvrable façon “Targa”. Son toit se range dans un espace placé au dessus du moteur et du coffre. Côté mécanique, nous retrouvons un 4 cylindres 1,7L Volkswagen dont la puissance reste floue. Néanmoins, les performances sont au rendez-vous avec une vitesse maximale frôlant les 200km/h ! Ainsi équipée, l’APAL Horizon GT s’illustrait dans plusieurs course de côtes ! Hélas, le succès n’est pas au rendez-vous et l’APAL Horizon GT ne dure qu’une seule année avec 10 unités produites. D’où sa rareté !

De l’APAL Buggy 4000 à l’APAL Speedster : l’envol d’APAL

Les buggies d’APAL

A la fin des années 1960, APAL se doit de trouver un équilibre financier. Ainsi, en parallèle de l’APAL Horizon GT, le constructeur belge se lance dans les buggies, qui feront sa renommée en Belgique. En 1968, fut lancé l’APAL Samtrack, un petit véhicule tout-terrain doté de la mécanique de la Volkswagen 1600, mais dont le châssis tubulaire fut spécialement développé pour cette voiture. Il possède trois sièges à l’avant et une banquette pouvant accueillir deux personnes supplémentaires. En 1969, APAL produit l’APAL Auki pour des clients suisses, s’inspirant de la Ford T. Ses moules seront, par la suite, échanger avec d’autres construits par ABC/Eresberg et la Four Seasons Buggy Compagny, entreprises londoniennes. Ils seront modifiés par APAL qui y ajoutera une barre en T, des jupes latérales et une vitre plate, supprimant le pare-brise incurvé typé “Ford Anglia“. Ce nouveau modèle sera baptisé “APAL Buggy Jet“.

Mais le plus célèbre des Buggy APAL n’est d’autre que l’APAL Buggy 4000. Ce dernier repose sur le châssis de la Volkswagen Coccinelle, auquel s’est ajouté une carrosserie en fibre de verre “polyester”. L’habitacle peut accueillir deux à quatre personnes selon la configuration. La mécanique est elle-aussi allemande, reprenant le mythique 4 cylindres 1.2L de 45ch ou 1.3L de 55ch, tous deux refroidis par air. Il sera produit à près de 575 unités dont 145 à empattement court entre 1978 et 1992.

Au final, entre 1968 et 1981, environ 5000 carrosseries en fibre de verre ont été produites pour différents modèles de buggy tels que l’Apal Buggy, l’Apal Rancho, l’Apal Jet, l’Apal Auki ou encore l’Apal Corsa, une version sportive avec des portes à ailettes.

L’APAL Speedster, la plus réussie des APAL

Dans les années 1980, APAL et Edmond Perry souhaitent derechef produire des voitures sportives. Toutefois, l’échec de la APAL Horizon GT est toujours présent et ils ne souhaitent pas reprendre le risque de se lancer dans une construction complète, se spécialisant plutôt dans la refabrication de véhicules vintages. Cela va se concrétiser par la création de l’APAL Speedster, une réplique de la première voiture produite sous la marque Porsche, à savoir la Porsche 356 Speedster. Produite dans les ateliers californiens d’Intermeccanica, elle repose sur le châssis de la Volkswagen Coccinelle qui a été raccourci. D’une longueur de 3,95m, d’une largue de 1,67 et d’une hauteur de 1,22m, ce cabriolet 2 places dispose d’un 4 cylindres en position avant longitudinale, refroidi par eau de 1 640 cm3 développant 90ch, accouplé à une boîte manuelle 4 rapports. Avec un poids de 715 kg sur la balance, l’APAL Speedster atteint une vitesse maximale de 170 km/h ! Au total, 700 exemplaires ont été vendus entre 1981 et 1994.

Le concept-car APAL Francorchamps

APAL souhaite aller plus encore : le constructeur belge veut devenir un constructeur à part entière. Edmond Perry rencontre alors un concessionnaire américain de la marque Mercedes-Benz qui a pour projet de lancer sa propre voiture basée sur la Mercedes 190E W201. Après un partenariat conclu avec Mercedes-Benz qui permet à APAL d’utiliser le moteur, les suspensions et les trains roulants de la Mercedes-Benz W201, le constructeur belge va réaliser le châssis tubulaire de la future voiture. Le design est confié à Charles van den Bosh qui dessine une carrosserie hors normes. Cette dernière est associée au châssis par des tubes boulonnés, de la tôle zinguée, du kevlar et de l’aluminium (essentiellement présent dans les portières et le toit). Le premier prototype sort des ateliers et le constat est unanime : il est impossible de le comparer aux modèles sur le marché ! APAL prévoit deux déclinaisons : le coupé et le cabriolet “Targa” reprenant le même concept que l”APAL Horizon GT. L’APAL Francorchamps est née !

Sportive et luxueuse, l’APAL Francorchamps sera présentée au grand public et à la presse en 1984, en deux temps : sur le circuit des Ardennes lors du GP de F1 pour le premier prototype et au Salon de l’automobile de Francfort pour le second exemplaire. L’intérieur de ces prototypes fut réalisé par les ateliers Duchatelet avec sièges baquets, instrumentations Mercedes-Benz cerclées de bois et vitres électriques. Côté mécanique, nous retrouvons un 4 cylindres 2.0 à injection électronique développant 122ch d’origine Mercedes, accouplé à une boîte manuelle 5 rapports, bien qu’il fusse possible de mettre un 6 cylindres ou un V8. Avec son poids de 1100kg, la vitesse maximum dépasse les 200km/h.

Pensée pour être vendue aux Etats-Unis, l’APAL Francorchamps n’est jamais entrée en production en raison d’une baisse du taux de change du dollar et d’un prix de lancement plus qu’exorbitant : 1.800.000 Francs.

Le dernier modèle fut l’Apal Sport One, basé sur la Pontiac Fiero, apparu en 1992. Finalement, APAL Belgique fermera définitivement ses portes en 1998. Apal GmbH, une société allemande, en a profité pour acquérir toutes les pièces de rechange afin de commencer à produire l’Apal Speedster en interne. En 2006, elle arrêta la production de véhicules complets et ne vendit plus que des kits-car et des pièces de rechange. En 2008, elle est déclarée en faillite. En 2017, elle est racheté par l’homme d’affaires belge, Charles-Antoine Masquelin, désormais unique propriétaire de la marque automobile APAL. A noter qu’une autre entreprise a également racheté les licences de l’Apal Speedster : le constructeur automobile français PGO Automobiles pour sa PGO 356 Classic.

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS 
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives

Cet article vous a plu ? Retrouvez un autre article à lire ici : La PGO Cévennes, une voiture anticonformiste à la modernité assumée


Laisser un commentaire