Parmi les grandes marques allemandes de la première partie du XXème siècle, il y a, bien entendu, la célèbre firme Adler. Premier constructeur national en 1905, le constructeur automobile Heinrich Ludwig Kleyer restera, jusqu’en 1936, sur le podium allemand ! Arborant comme emblème l’aigle germanique, ces voitures proposaient de nombreuses innovations techniques : roues indépendantes, carrosseries aérodynamiques, arbres pivotants… Elles furent, notamment, les premières à être équipées de la transmission avant ! De ce fait, pour ses 120 ans, l’histoire d’Adler méritait bien un article sur notre blog ABSOLUTELY CARS.
Les débuts d’Adler

Heinrich Ludwig Kleyer (1853-1932) commença la fabrication de bicyclettes en 1880, à Francfort, en Allemagne. En 1886, il adopta les pneumatiques et en 1895, son entreprise devint une société par action. Son axe de développement fut la production de tricycles non motorisés, de machines à écrire et d’automobiles. La société fut toujours prospère ce qui permit, dans un premier temps, d’acheter des monocylindres De Dion-Bouton, dès 1900 et, dans un deuxième temps, de s’offrir les services de l’ingénieur Edmund Rumpler (1872-1940). Avant la Première Guerre mondiale, les automobiles de faible cylindrée étaient équipées d’une boîte à vitesses 3 rapports, celles de forte cylindrée, d’une boîte à vitesses 4 rapports. La croissance de la production des automobiles suivit celle de la nation.


Les Adler adoptent les freins hydrauliques, une première en Allemagne
En 1926, fut introduite une nouvelle gamme avec des dénominations, la première étant l’Adler Standard 6. Elles étaient équipées de freins sur les 4 roues avec assistance hydraulique Lockheed – une première en Allemagne ! – et de roues avant indépendantes, introduites en 1933. La même année, la boîte à vitesses 3 rapports sera remplacée par une avec 4 rapports.


Les Adler conçues par Hans Gustav Röhr
Hans Gustav Röhr (1895-1937) conçut un avion à l’âge de 17 ans, puis des moteurs d’avions au sein de la société Priamus, fondée à Cologne-Sülz, en 1897, constructeur également d’automobiles de 1903 à 1923. Il fut également pilote de chasse durant la Première Guerre mondiale.
Le 30 octobre 1926, Hans Gustav Röhr fonda une société sous son nom, en reprenant les ateliers de la société Falcon, situés à Ober-Ramstadt. Cette ancienne société fut fondée à Durlach, en 1920, par les ingénieurs Carl Au et Walter Stein, puis déménagée à Sontheim en 1921, puis dans une fabrique de munitions implantée à Ober-Ramstadt en janvier 1923. Elle produisit la Falcon CA6, équipée d’un 4 cylindres SV de 1520cm³ délivrant 20ch à 2500tr/mn, permettant une vitesse maximale de 75km/h, l’empattement de son châssis étant de 2,8m. Sous la dénomination Falcon Typ T VI, elle fut munie de soupapes en tête pour obtenir une puissance de 30ch à 3000tr/mn et de 45ch à 4000tr/mn, cette dernière variante étant exploitée pour la version sportive. Falcon fabriqua en tout 400 voitures.
Hans Gustav Röhr réaménagea l’usine pour produire des 8 cylindres en ligne équipées de 4 roues indépendantes et de freins sur les 4 roues. En 1931, la société Röhr fut en difficulté financière et achetée par des investisseurs suisses. Hans Gustav Röhr dut quitter sa société et entra chez Adler. Ferdinand Porsche (1875-1951), en tant que consultant, étudia et remplaça le 8 cylindres en 1933. En 1934, Röhr fut mise en faillite et les droits et machines-outils, acquis auprès du constructeur tchèque Tatra pour l’économique 4 cylindres, furent vendus à Stoewer.
Les Röhr, conçues par Hans Gustav Röhr, se vendirent en 1450 exemplaires, celles étudiées par Ferdinand Porsche en 270 exemplaires, celles fabriquées à Ochsenbruch sous licence Tatra et équipées de 4 roues indépendantes en 1700 exemplaires.


Chez Adler, Hans Gustav Röhr put mettre en pratique toutes ses réflexions. Il voulait une traction allemande équipée d’un moteur 4 temps et son souhait se réalisa. Il n’était pas nationaliste : il avait épousé une Française ce qui lui valut quelques désagréments dans le monde du travail.

Trois modèles utilisèrent la traction, les 4 roues indépendantes et les freins sur les 4 roues : les Adler Trumpf, Adler Trumpf Junior et Adler 2 Liter. L’assistance au freinage hydraulique était présente sur les modèles Adler Trumpf et Adler 2 Liter. En Allemagne, les Adler Trumpf, Adler Trumpf Junior et Adler 2 Liter n’avaient pas beaucoup de concurrentes et furent fabriqués respectivement en 25 603, 102 840 et 7 470 exemplaires, un véritable succès.
En France, il existait deux concurrentes : la Citroën Traction Avant et la Rosengart Super Traction fabriquée sous licence Adler. La différence en termes de diffusion était due à l’étendue des réseaux commerciaux, la Rosengart Super Traction étant équipée à la fin de sa brève vie du 4 cylindres OHV Citroën de 1911cm³ et de la boîte à vitesses 3 rapports entre 1938 et 1940.
En Belgique, les concurrentes s’appelaient Citroën Traction Avant, produite dans l’usine de Forest, et Imperia, se déclinant en :
- Imperia TA-9 Albatros et Imperia TA-9 Diane (4 cyl. SV Adler de 1645cm³ et boîte à vitesses 4 rapports)
- Imperia TA-7, TA-7 Hirondelle, TA-7 Alouette et TA-7 Mésange (4 cyl. SV Adler de 995cm³ et boîte à vitesses 4 rapports)
- Imperia TA-11 Jupiter (4 cyl. SV Adler de 1910cm³ et boîte à vitesses 4 rapports)
- Imperia TA-8 (4 cyl. OHV Hotchkiss de 1340cm³ et boîte à vitesses 3 rapports).
Les Imperia furent fabriquées dans l’usine de Nessonvaux entre 1934 et 1949. Bien entendu, la presse belge compara les deux voitures :
- Imperia : silence de fonctionnement, agrément des 4 roues indépendantes, douceur de la direction à crémaillère, efficacité du freinage hydraulique sur les 1645, 1910, 1340cm³ et du freinage mécanique Bendix sur la 995cm³, rigidité de l’ensemble châssis tubulaire en tôle mince soudé avec une caisse tout acier, 4 cylindres à soupapes latérales bien secondé par une boîte à vitesses 4 rapports néanmoins non synchronisée,
- Citroën : efficacité du freinage hydraulique et tenue de route similaires aux Imperia, performances des 4 cylindres munis de soupapes en tête, boîte à vitesses 3 rapports avec les deux derniers synchronisés.

Hans Gustav Röhr quitta Adler pour rejoindre Mercedes-Benz, début 1935 et décéda d’une pneumonie le 10 août 1937.


Les dernières Adler
L’Adler Diplomat fut une version modernisée des Adler Standard 6. La merveille des merveilles, l’Adler 2,5 Liter toujours équipée d’une boîte à vitesses 4 rapports, fut présentée le 20 février 1937, lors du Salon de l’automobile de Berlin. Avec son Cx de 0,36, elle étonna le public. Son étude fut réalisée par Karl Jenschke (1899-1969) qui travailla de 1922 à 1935 chez le constructeur autrichien Steyr, de 1946 à 1951 pour Steyr en tant que consultant, de 1951 à 1954 chez DKW, à Ingolstadt, de 1957 à sa retraite chez l’équipementier Boge GmbH à Eitorf. Les Adler Diplomat et Adler 2,5 Liter furent fabriquées respectivement en 3 205 et 5 295 exemplaires.
Après la Seconde Guerre mondiale, les Américains confisquèrent les machines outils et interdirent la production de voiture. Alder reprit alors la production des machines à écrire, des bicyclettes, des motocyclettes, cette dernière activité ayant été ajoutée en 1902. La firme avait réalisé quelque 213 000 automobiles.


Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
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