Focus sur : La Lotus Europa, l’atypique sportive britannique

Si nous vous parlons de « Colin Chapman« , « Lotus » et « Europa« , ces mots vous rappelleront forcément des souvenirs riches en victoires ! En effet, avant d’être la radicale routière que nous connaissons, la Lotus Europe, aussi appelée Lotus Europa selon les marchés, fut une figure incontournable de la compétition automobile ! Nous devons ce petit bolide à un homme, Colin Chapman, qui marque avec ce modèle un véritable aboutissement en proposant la première Lotus à moteur central arrière ! La cerise sur le gâteau : la Lotus Europa est l’une des rares voitures de la marque britannique à échapper au kit de montage. L’objectif de Lotus est simple et efficace : proposer un véhicule complet, innovant et à un prix attractif afin de conquérir l’Europe et bien plus encore ! ABSOLUTELY CARS vous propose de revenir sur ce modèle aussi beau qu’atypique !

Retour sur la naissance du projet « Europa »

Au début des années 1960, Colin Chapman souhaite surfer sur la tendance des berlinettes sportives. Son but initial est de commercialiser une voiture de course à moteur central. Il se rapproche de Ford afin de créer un partenariat avec le constructeur américain qui cherche alors un sport-prototype « clé en main » pour renverser Ferrari dans les compétitions européennes. Cette union aurait pu se faire, sachant que Lotus entretenait déjà de fortes relations avec Ford, ses voitures étant propulsées par des blocs Ford tandis qu’elle alignait de très belles performances en Formule 1. Toutefois, Ford lui préféra Lola. Dommage, mais pas tant pis ! Colin Chapman décida de reconvertir le projet en routière sportive économique. Il faut dire que tous les ingrédients étaient réunis pour en faire une réussite : une conception et une fabrication économe et fiable, un habitacle type course, un gabarit restreint, un moteur léger et économique, un poids léger sur la balance, un rapport poids/puissance plaisant et un prix attractif.

La Lotus Europe / Europa S1, un esprit « course automobile »

Fort de son titre de champion du Monde en 1963 avec la Lotus 25, Colin Chapman met, une nouvelle fois, l’innovation au cœur de ce projet. Lorsqu’elle est présentée en 1966, la Lotus Europa S1 Type 46 détonne ! Son design est signé John Frayling et Colin Chapman, reprenant l’allure d’une voiture de course avec une très faible hauteur – seulement 1,07m – et une ligne aérodynamique avec un Cx de 0.29. Son châssis en acier de type central en « Y » est englobé dans une coque en polyester, rendant la voiture extrêmement rigide. Les sièges sont moulés directement dans la carrosserie tandis que les vitres sont fixes. En effet, dans la Lotus Europe, seuls le volant et le pédalier sont réglables et ce qu’avec l’aide d’outils ! De son héritage « compétition », elle en gardera ses suspensions, mais également un habitacle épuré avec un tableau de bord réduit aux plus simples instruments associés à des coloris voyants. De ce fait, son style dénote avec les habituels modèles produits jusqu’à maintenant.

Sa mécanique est tout aussi surprenante que le modèle en lui-même ! En effet, pour sa petite sportive, Lotus n’a pas choisi un bloc anglais, mais a décidé de retenir le moteur français Cléon-Alu de la Renault 16 TL, une première dans l’histoire de la marque. Il s’agit d’un 4 cylindres en ligne à carburateur double corps 1.5L développant 78ch. Le constructeur français s’engage même sur l’acheminement des boîtes de vitesse 4 rapports. Seule une inversion du couple se doit d’être effectuée afin de correspondre à la transmission de la voiture, la Lotus Europa étant une propulsion (contrairement à la Renault 16 TL qui est une traction). Si ce moteur n’est pas des plus puissants, le gabarit de la voiture et son poids, seulement 613 kg sur la balance, assurent un très bon rapport poids/puissance. Avec un équilibre des masses quasi-parfait et un centre de gravité bas, elle atteint une vitesse de pointe de 190km/h et réalise des performances autant remarquables sur route que sur piste ! Il lui permet d’avoir un comportement routier exceptionnel pour l’époque ! Toutefois, son moteur est quelque peu difficile d’accès, rendant compliqué la résolution des pannes ou le changement de certaines pièces. Il faut savoir que la Lotus Europe est équipée de jantes en acier tandis que son système de freinage est assuré par des disques Girling à l’avant et des tambours à l’arrière.

Lotus fera évolué sa belle avec les Lotus Europe Série 1A qui se dotent, notamment, de vitres démontables avec déflecteurs fixes et d’un tableau de bord en bois, puis avec les Lotus Europe Série 1B qui voit ses phares et sa jupe arrière redesignés. En parallèle, elle est auréolée de succès sur la piste. En effet, la Lotus Europa fut déclinée en compétition sous le nom de Lotus Europe « Type 47 ». Cette version « course » a adopté un moteur Lotus-Cosworth de 1594 cm3, accouplé à un boîte mécanique 5 rapports Hewland. Le freinage est optimisé avec des disques sur les quatre roues. Elle s’adjugera d’ailleurs les deux premières places à sa première compétition à Brands Hatch ! Une première d’une longue série !

En deux ans de carrière, la Lotus Europa Série 1 sera écoulée en 638 unités dont 296 Lotus Europa S1 Type 46 et 342 Lotus Europa Série 1A/1B Type 46. Destinée à l’exportation, aucune Lotus Europe Série 1 ne fut vendue sur les îles britanniques. Elle cédera sa place à la Lotus Europe S2, en avril 1968.

CaractéristiquesDonnées
Moteur4 cylindres en ligne à carburateur double corps
Moteur central arrière
Puissance78ch
Cylindrée1470cm3
TransmissionPropulsion
Boite de vitesseManuelle 4 rapports d’origine Renault
FreinsDisques à l’avant
Tambours à l’arrière
Poids613kg
Vitesse max190 km/h

La Lotus Europa S2, une refonte totale

La Lotus Europa est en concurrence avec nombreux autres modèles sur le marché international dont la fameuse Alpine A110. Pour surmonter les écueils, Colin Chapman écoute ses clients et entame une refonte du véhicule pour correspondre au mieux aux attentes de sa clientèle. La Lotus Europe doit garder sa sportivité tout en gagnant en polyvalence ! Pour se faire, exit la carrosserie en polyester collée au châssis, la Lotus Europa Série 2 voit sa carrosserie boulonnée au châssis tout en restant disponible en kit ou entièrement montée. Si, dans l’habitacle, le confort reste très « sport », les vitres coulissent électriquement et les sièges sont montés sur glissières. Son tableau de bord se dote de boiseries et s’accompagne d’une console centrale, le tout dans une meilleure finition. Les options s’accumulent : freinage assisté, roues disposant d’enjoliveurs, pare-brise teinté, radio et sonorisation de l’habitacle via deux hauts-parleurs… Seul le moteur ne change pas alors que la voiture a pris quelques kilos sur la balance, la Lotus Europe Série 2 pesant alors 624 kg.

4deebf4f 6156 42e0 b5a3 13cd18eb1adc

La Lotus Europa S2 Type 54 est officiellement présentée en avril 1968, répondant aux différentes exigences de la clientèle européenne. Elle est proposée aux anglais en 1969. A noter que seul un œil avisé sait distinguer la Lotus Europe S1 de la Lotus Europe S2. En effet, production artisanale oblige, seuls les monogrammes « S2 » et « Europa » trahissent cette deuxième génération, respectivement apposés sur le flanc droit du véhicule.

Avec cette Lotus Europa Série 2, Lotus se décide de se lancer également le marché outre-Atlantique. Pour cela, elle imagine la Lotus Europa « Féderale » Type 65. En effet, les normes américaines étant plus strictes, des modifications esthétiques et mécaniques ont dû être apportées à la version européenne. Les phares sont remontés grâce à la modification de suspensions avant. Outre cela, parmi les changements notables, nous pouvons citer : le pare-brise collé, les essuie-glaces doublés, les clignotants à côté des phares, les feux de détresse et des nouvelles poignées issue de la MG B… Le moteur est remplacé par celui de la Renault 16 TS de 1565cm3 et développant 83ch, équipé d’un système de dépollution. Les modèles, jusqu’en 1971, adopteront ce style et la Lotus Europe Type 65 supplantera progressivement la Lotus Europe Type 54.

Vendue à 4294 exemplaires dont 1788 Lotus Europa Type 54 et 2506 Lotus Europa Type 65, il s’agira de l’ultime modèle Lotus motorisé par Renault, le constructeur anglais préférant par la suite le bloc américain Ford « Twin Cam ».

CaractéristiquesDonnées
Moteur4 cylindres en ligne à carburateur double corps
Central arrière
Puissance78ch, puis 83ch
Cylindrée1470cm3, puis 1565cm3
TransmissionPropulsion
Boite de vitesseManuelle 4 rapports d’origine Renault
FreinsDisques à l’avant
Tambours à l’arrière
Poids624kg
Vitesse max193 km/h

La Lotus Europa Type 74 et Spécial, la dernière ligne droite

En 1971, la Lotus Europa connait un changement radical. En effet, le lien entre Renault et Alpine n’a jamais été aussi fort, Renault devenant l’actionnaire majoritaire d’Alpine en 1973. Le partenariat entre Renault et Lotus n’est plus possible, sachant que l’Alpine A110 et la Lotus Europe sont équipées du même moteur et sont surtout concurrentes. Une belle occasion pour Lotus de doter enfin sa sportive d’un moteur digne de sa belle, lui donnant noblesse et puissance ! Celui-ci viendra de son partenaire de toujours, Ford. Le constructeur britannique armera la Lotus Europa du célèbre Lotus/Ford TwinCam, un bloc-moteur à double arbres-à-came en tête de 1,6L développant 115ch, se trouvant déjà sous le capot de la Lotus Elan Sprint. Cette ultime évolution de la Lotus Europa se verra également profondément retravaillée. En effet, le châssis, plus rigide, se voit rehausser tandis qu’il s’allonge de quelques centimètres. Pour améliorer la stabilité de la voiture, son avant est redessiné avec un becquet tandis que l’arrière est redécoupé pour une meilleure visibilité arrière. L’habitacle est agrandi pour disposer de plus de place. La Lotus Europa Type 74 est née.

En 1973, la Lotus Europa connaître une dernière amélioration avec la Lotus Europa Spécial Type 74. Si esthétiquement rien ne change, elle est armée d’un nouveau moteur Lotus/Ford Twin Cam Big Valve de 1,6L développant 126ch, également accouplé à une boîte mécanique 4 rapports (ou 5 rapports pour la Lotus Europa Special 5-speed). Et les performances sont au rendez-vous ! Avec un poids total de 710kg sur la balance, ce nouveau moteur lui permet d’atteindre les 200 km/h et de réaliser le 0 à 100 km/h en 8,5 secondes ! Au total, la Lotus Europa Type 74 sera produite à 4950 exemplaires, modèle « Lotus Europa Spécial » compris.

Lotus produira aussi une série limitée à 100 unités en hommage à la triple couronne mondiale acquise en Formule 1. Dénommée Lotus Europa « JPS », cette version est spécifique avec un colori argent ou or/noir, accentué par un liserai tout autour de la caisse. Chaque exemplaire fabriqué a été numéroté via une plaque apposée sur les ailes arrières et sur la planche de bord. Une belle voiture et un bel hommage aux performances de Lotus en compétition avec comme écrin l’une de ses plus atypiques créations !

CaractéristiquesDonnées
Moteur4 cylindres en ligne Ford à double carburateur double corps
Central arrière
Puissance115ch et 126ch
Cylindrée1558 cm3
TransmissionPropulsion
Boite de vitesseManuelle 4 rapports
Manuelle 5 rapports
FreinsDisques à l’avant
Tambours à l’arrière
Poids685kg et 710kg
Vitesse max188km/h et 200 km/h

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS 
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives

Cet article vous a plu ? Retrouvez un autre article à lire ici : Alpine, 65 ans de légende et de sportivité


Une réflexion sur “Focus sur : La Lotus Europa, l’atypique sportive britannique

  1. Bien qu’étant une fervent défenseur de la théorie de Chapman « light is right » je me dois d’admettre que les Lotus a poutre centrale et double Y pour soutenir les suspensions et moteur à l’avant comme à l’arrière sont remarquables de stabilité et de précision dans leur comportement…mais cette technique appliquée à toutes les Lotus jusqu’aux premières Elise( chassis alu extrudé ou profilé collé) n’était qu’une adaptation « course » de la plate-forme de la VW Cox !!…que reniera pour partie Porsche avec ces nouvelles 911 !! Je possède une Lotus Excel SE qui est une remarquable Grand Tourisme offrant 4 places si le besoin le fait sentir et dont le comportement est remarquable et sécurisant(quoique les freins manquent de mordant!!), il est cependant dommage que les Evora ne remplissent pas le même cahier des charges…et 7cm de plus à l’empatement auraient permis d’offrir une vraie alternative aux familles qui se sont éloignées de ce modèle!! Lamborghini l’a fait avec son Urraco et Ferrari avec la Dino 308GT4….encore une belle occasion ratée!! Dany Bahar n’est étranger à ce manque de vision marketing!!

Laisser un commentaire