Focus sur : La Renault Floride/Caravelle, une Française à la conquête de l’Amérique

Dans les années 1960, une voiture détonne : la toute nouvelle Renault Floride/Caravelle ! Avec son lancement en octobre 1958, la Régie Nationale des Usines Renault montre sa volonté de conquérir le segment des coupés et cabriolets de loisirs ! Pour réaliser leur merveille, Renault s’adresse alors au carrossier italien Ghia, à qui nous devons la principale concurrence de notre élégante Française, la Volkswagen Karmann. Pour éviter tout conflit d’intérêt, le projet sera finalement confié à Pietro Frua, “styliste” chez Ghia-Aigle, filiale de Ghia ! La ligne de ce designer italien deviendra celle des jeunes branchés en quête de liberté ! Qui ne se souvient pas des publicités réalisées avec les actrices Brigitte Bardot et Grace Kelly, sex-symbols de cette époque !? Il faut dire que cette agréable décapotable est à leur image : raffinée et distinguée ! Renault venait alors de signer ici un modèle 100% français correspondant aussi bien à sa clientèle nationale qu’américaine ! Voici donc l’histoire de cette merveille qu’ABSOLUTELY CARS vous propose découvrir aujourd’hui !

La génèse de la Renault Floride : la “Renault Dauphine GT”

L’histoire de la Renault Floride commence bien avant son lancement officiel. En effet, tout débute en 1957 lorsque Pierre Dreyfus, alors Directeur de la Régie, se rend aux Etats-Unis suite au lancement de la Renault Dauphine sur le marché américain. Hélas, la petite “frenchie” n’y rencontre pas le succès escompté face à la Volkswagen Coccinelle. Lors d’une convention des distributeurs nord-américains qui a eu lieu en Floride, les concessionnaires américains de Renault, dont Wendell Jarrard, lui suggèrent alors la création d’une Renault Dauphine en coupé/cabriolet qui permettrait d’améliorer l’image de Renault sur le marché américain et de proposer une véritable alternative. Pour répondre à cette demande, Renault choisit directement le carrossier italien Ghia, qui avait déjà effectué quelques retouches chez la Renault Dauphine, mais qui a également réalisé le design de la Volkswagen Karmann, principale concurrente de Renault sur le sol européen et distribuée également aux Etats-Unis. Toutefois, Ghia décline l’offre tout en mettant en avant Pietro Frua, designer italien travaillant pour sa filiale suisse, Ghia-Aigle. Il a carte libre pour réaliser la ligne de la toute nouvelle Renault tant que la carrosserie s’adapte au châssis et à la mécanique de la Renault Dauphine. Son dessin donnera lieu à trois prototypes qui devaient être exposés lors du Salon automobile de Paris en octobre 1958. Toutefois, suite à un contentieux financier entre Ghia et Pietro Frua, Ghia-Aigle exposera en avant-première l’un de ces prototypes, en mars 1958, lors du Salon automobile de Genève, sous le nom de “Renault Dauphine GT“… et ce sans l’accord préalable de la Régie. N’appréciant pas ce geste, Renault retira le projet pour le finaliser au sein de ses ateliers.

Au final, à la veille du Salon automobile de Paris 1958, Pierre Dreyfys décida de nommer celle qui portait le nom de “Renault Dauphine GT” avec la douce et exotique appellation “Renault Floride“. Clin d’œil indéniablement à la fameuse convention qui est à son origine, c’est aussi un moyen exclusif de montrer au monde entier les ambitions de Renault : la Renault Floride est une voiture pour le marché américain ! Toutefois, le nom « Floride » fut jugé inapproprié par les américains, estimant que cela pouvait être interprété comme un manque de respect pour les 49 états américains autres que la Floride. Pour cette raison, elle fut renommée pour le marché américain sous le nom de Renault Caravelle, en hommage à l’avion français “Sud-Aviation SE 210”. Ce nom sera utilisé pour l’Amérique du Nord et pour les autres grands marchés anglophones y compris le Royaume-Uni.

La Renault Floride/Caravelle, la “voiture jeune pour tous les âges”

Lors de sa présentation officielle au Mondial de l’Automobile de Paris, la Renault Floride reçoit un très bon accueil aussi bien du côté des journalistes que du grand public. Bien que sa structure châssis/carrosserie reprend celui de la Renault Dauphine, il est difficile de reconnaître celle-ci à travers la Renault Floride/Caravelle. Avec son gabarit (4.27m de long, 1.57m de large et 1.30m de haut), l’ensemble est réussi et fluide, avec des prises d’air sur les ailes arrières, pour plaire à une clientèle spéciale. La particularité de ce coupé/cabriolet repose sur le fait qu’elle ne dispose pas de calandre avant tout en sachant garder une élégance et un charme à la française. Les premières commandes ne se font pas attendre et près de 8000 seront réalisées lors de cet événement. Ce seront ainsi près de 3777 Renault Floride qui seront livrées lors de sa première année ! Il faut dire qu’avec un prix de vente environ 35% moins cher, pour un prix de 850.000 Francs, labelle se place plutôt bien sur le marché ! Afin de répondre à cette demande, sa production ne se fait pas dans l’Usine de Flins où sont produites les Renault Dauphine, mais chez Chausson et chez Brissonneau/Lotz, faute de place nécessaire. La Renault Caravelle est, quant à elle, présentée aux Etats-Unis, en janvier 1959. Les premières voitures livrées le seront à l’automne 1959. Vendant des deux côtés de l’Atlantique, Renault vendit près de 36 156 voitures en 1960, pour sa deuxième année de commercialisation. Un beau succès !

Il faut dire que la Régie avait mis les petits plats dans les grandes avec une campagne de communication des plus actuelles ! La Renault Floride se voulant une “voiture jeune de tous les âges”, le constructeur prend comme égérie “l’idole des jeunes” et icône française, Brigitte Bardot. En août 1959, elle se fait offrir une Renault Floride « blanc Kilimandjaro » lors du tournage du film « Voulez-vous danser avec moi ». La même année, Grace Kelly recevra la même attention : une Renault Floride “vert Bornéo”. Dotée de couleurs chatoyantes, cette voiture était également disponible en “Bleu Hoggar”, “Bleu Narvik”, “Gris Harvvard”, “Jaune Bahamas” et “Rouge Trinitad”. Alliant à ces carrosseries, des intérieurs unis et des pneus à flanc blanc, la petite voiture française a de quoi séduire, sachant qu’elle était disponible en coupé, cabriolet et cabriolet-transformable avec un Hard-top !

La Renault Floride/Caravelle, une voiture avec une histoire mouvementée

Elégante et raffinée, la Renault Floride/Caravelle est équipée de l’intérieur de la Renault Dauphine. La sellerie en simili cuir ou en drap s’accorde avec la teinte de la carrosserie. L’auto-radio est en option. Le coffre est suffisamment spacieux pour accueillir valises et sacs pour un week-end en escapade. La roue de secours est logée sous le coffre. Elle est également équipée du même moteur dit “Ventoux” que la Renault Dauphine Gordini : un 4 cylindres cd 845cm3 de 40ch en porte-à-faux arrière. Il est accouplé à une boîte 3 rapports dont deux synchronisés. Une boîte 4 rapports dont deux synchronisés est également disponible en option. Le système de freinage hydraulique est assuré par quatre larges tambours. Forte de ses atouts mécaniques, la Renault Floride de 1959 peut atteindre les 125 km/h. Bien qu’elle ne connut pas de changements notables lors de ses premières années, nous pouvons noter qu’en 1960, la Renault Floride/Caravelle se voit équipée de suspension aérostable et qu’en 1961, Renault lui installe un répartiteur de freinage.

En mars 1962, Renault présente deux nouvelles séries de sa Renault Floride/Caravelle : la Renault Floride Cabriolet S et le coupé Renault Caravelle Type R1131. Le but est de relancer les ventes qui se sont effondrées aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis. La ligne est légèrement retouchée, mais les différences entre les deux modèles restent mineurs. Nous pouvons quand même noter la disparition des prises d’air sur les ailes arrières tandis que des ouïes de ventilation ont été percées sur le capot avant. A noter aussi que les ultimes versions de Renault Floride S se démarquent par la suppression des monogrammes Renault sur les ailes et l’ajout de feux rectangulaires. Mais la réelle révolution se trouve sous le capot : un 4 cylindres de 956cm3 développant 51ch de la Renault 8. Accouplé à une boîte 3 rapports pour la Renault Floride S ou 4 rapports avec une première non synchronisée pour la Renault Caravelle Type R1131, ce moteur lui permet d’atteindre les 135 km/h ! Quant aux freins à tambours, ils sont remplacés par quatre freins à disques. Le comportement routier passe par une suspension très équilibrée, des roues indépendantes et des pneumatiques 14 pouces à flanc blancs. C’est cette même année que la version “Renault Caravelle” devient un modèle à part entière : de Renault Floride d’export, elle définit désormais les coupés en France… jusqu’en 1963 où l’appellation “Renault Caravelle” englobe toute la gamme.

En 1963, la Renault Cabriolet S et la Renault Caravelle Type R1131 sont remplacées par Renault Caravelle 1100 Type R1133, le terme “Caravelle” s’inscrivant sur la face avant et latéralement, tout comme les chiffres 1100 et le logo Renault. Côté esthétique, elle voit dotée d’une capote et sa lunette arrière élargie pour un espace à bord optimisé. Côté mécanique, elle a été équipée du moteur de la Renault 8 Major : un 4 cylindres de 1108cm3 de 55ch, accouplé à une boîte de vitesse entièrement synchronisée, lui permettant d’aller jusqu’à 140 km/h.

En 1964, Renault simplifie la gamme “Caravelle”, ne commercialisant plus que la Renault Caravelle Convertible, soit avec un hard-top, soit une capote. Toutefois, cette nouvelle série ne convainc pas.

En juillet 1965, la Régie joue sa dernière carte avec la Renault Caravelle 1100S, reconnaissable par le logo Renault sur le nez de la voiture et ses feux de position avants rectangulaires. Si elle est équipée du même moteur que la Renault Caravelle 1100 Type R1133 , celui-ci s’est vu boosté à 57ch et atteint désormais les 145 km/h. Ce sera cette dernière version qui sera commercialisée jusqu’en juillet 1968. Au final, après 9 ans de carrière, la Renault Floride/Caravelle a été vendue à près de 117.039 exemplaires, toutes versions comprises.

Caractéristiques/DonnéesFlorideFloride/
Caravelle 1100
Caravelle 1100Caravelle 1100 S
Moteur4 cylindres en ligne
“ventoux”
porte-à-faux arrière, transversal
Carburateur simple
4 cylindres en ligne
Cléon-Fonte
porte-à-faux arrière, transversal
4 cylindres en ligne
Cléon-Fonte
porte-à-faux arrière, transversal
4 cylindres en ligne
Cléon-Fonte
porte-à-faux arrière, transversal
Double Carburateur
Puissance40ch51ch55ch57.5ch
Cylindrée840cm3956cm31108cm31108cm3
TransmissionPropulsionPropulsionPropulsionPropulsion
Boite de vitesseManuelle 3/4 rapportsManuelle 3/4 rapportsManuelle 3/4 rapportsManuelle 4 rapports
FreinsTamboursTamboursDisquesDisques
Poids780kg805kg805kg805kg
Vitesse max125km/h135km/h140km/h145km/h

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS 
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives

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3 réflexions sur “Focus sur : La Renault Floride/Caravelle, une Française à la conquête de l’Amérique

  1. Bel article. J’ai une Caravelle 1100 S de 1967, je bloque le compteur. Il est peut-être optimiste, mais le conducteur de l’Alpine A110 au péage d’Antibes ou de la Porsche sur la moyenne corniche 911 n’en revenaient pas.
    Dommage que Renault n’est pas mis un bloc boîte moteur pont arrière d’A110 ou de R8 Gordini 1100 ou même 1300. Je m’en veux toujours de ne pas avoir acheté pour 6000 francs en 1990 la Caravelle 1100 S du rédacteur en chef de Nitro ainsi modifiée. Si Renault avait fait ainsi évoluer la Caravelle, cela l’aurait ainsi fait changé de catégorie et serait devenu un cabriolet sportif magnifique pouvant tailler des croupières à une Triump Spitfire et même plus.

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