L’aventure Venturi, entièrement “made in France”, est avant tout une histoire de rencontres, celle de deux businessmen qui créeront une véritable bombe dans le monde automobile ! Leurs noms : Gérard Godfroy, designer et Claude Poiraud, ingénieur. Unis par le destin, ils se lancèrent dans la construction d’une voiture résolument sportive au style proche de l’Alpine GT A310 ou de la Matra-Talbot Murena. Après avoir travaillé un an entier sur leur projet de construire un coupé sportif, leur premier prototype est présenté au Salon de l’Automobile de Paris en 1984 ! Il prendra le nom de Ventury pour “aventure”, mais aussi pour “l’effet de Venturi”, phénomène d’accélération tourbillonnaire de l’air. La légende pouvait commencer à être écrite ! ABSOLUTELY CARS vous propose de revenir sur l’histoire du constructeur MVS Venturi !

La naissance de MVS : des premiers prototypes à la première voiture de série
L’histoire des premiers prototypes de la marque MVS (Manufacture de Voitures de Sport)

Le constructeur français Venturi se fait connaître lors du Salon de l’Automobile de Paris 1984, présentant leur premier prototype sur leur stand. Dénommée Ventury, ce concept-car était équipé d’une carrosserie en polyester, d’un pare-brise issu de la Renault Fuego, d’un intérieur sommaire et d’un moteur de Volkswagen Golf GTI non fonctionnant. Le projet ressemble plus à une maquette qu’à une réelle voiture, mais l’esprit est là, fascinant tout l’univers de l’automobile. En effet, le succès est immédiat, attirant de nombreux investisseurs. Il faut dire que les deux hommes derrière ce projet sont des professionnels de l’automobile. Gérard Godfroy a travaillé comme designer chez Peugeot pour le projet M24 qui donnera la Peugeot 205, avant de collaborer sur de nombreux projets chez Heuliez. Claude Poiraud fut ingénieur en méthode et développement chez Chrysler, puis Alpine, œuvrant sur l’Alpine A310.
En 1985, le premier prototype roulant voit le jour. Il est alors équipé du moteur de 200ch de la Peugeot 505 Turbo, de la boîte de vitesses de la Citroën CX, la transmission de la Matra-Talbot Murena, des suspensions de la Peugeot 205 GTI et de la Renault 25. En parallèle, la marque MVS (Manufacture de Voitures de Sport) est fondée, grâce à l’homme d’affaires et financier, Hervé Boulan.

1986 est une année charnière pour MVS puisqu’elle connaît trois événements majeurs : la construction de son usine de production à Cholet, la mise en place d’un V6 PRV en lieu et place du moteur de la Peugeot 505 Turbo et la présentation du coupé au Salon de l’Automobile de Paris 1986. Racée et aux courbes élégantes, cette première voiture aérodynamique est la MVS Venturi 200, 200 pour la puissance moteur de 200ch. S’inscrivant dans le continuum du passé de l’industrie de la voiture de sport française, les passionnés sont charmés tandis que les journalistes l’ovationnent, contents de l’arrivée de ce nouveau constructeur sur la scène automobile française. Bref, le buzz était complet.
La MVS Venturi 200, la première d’une longue lignée
Il est vrai : cette MVS Venturi 200, présentée au Salon de l’Automobile de 1986, a de quoi plaire ! Reprenant les codes stylistiques de l’époque, elle est dotée d’une carrosserie moderne en polyester, de phares escamotables et de finitions haut de gamme à l’instar de son habitacle en cuir et bois précieux et ses jantes 16 pouces. Son Cx est de 0,31. Côté motorisation, elle accueille en son cœur finalement le V6 PRV de 2,5 litres de 180ch pouvant être boosté à 200ch par kit, positionné à l’arrière et couplé à une boîte manuelle Renault à cinq rapports. Certes, elle est moins puissante que ses concurrentes, mais son châssis, avec poutre centrale et caissons en tôles pliées, lui offre une tenue de route exemplaire, même à 245 km/h ! Le prix de cette merveille : la MVS Venturi 200 coûte pas loin de 300 000 francs, soit 70 000 francs plus chère que sa concurrente directe, l’Alpine GTA. Un coût, certes, élevé mais qui ne découragera pas les acheteurs : réalisée de manière artisanale, la Venturi MVS 200 sera produit à 104 exemplaires, de 1987 à 1990.
En 1988, MVS présente, au Salon de l’Automobile de Paris, sa version cabriolet, la MVS Venturi 200 Transcup, afin de développer les ventes. Cette dernière est équipée d’un toit en dur en deux parties et d’un système de transformation de coupé en cabriolet spécialement développé par le constructeur. Toutefois, l’aventure semble prendre l’eau et les premiers modèles ne verront le jour qu’en 1990. L’entreprise ne doit que son salut qu’à la montée au capital du Groupe Primwest.
La gamme sera, par la suite, complétée :
- en 1987, par la MVS Venturi Coupé 160 BVA, produite à 3 exemplaires, d’une puissance de 160ch accouplé d’une boîte de vitesses automatique
- en 1991, par la Venturi Coupé 210 qui remplace la version initiale, mais qui ne sera produite qu’à 8 unités
- en 1992, par la Venturi Coupé 180, destinée à l’exportation et à 21 exemplaires


Les Venturi MVS Coupé 260, le début d’un nouveau chapitre
La Venturi MVS 2.80 SPC/Coupé 260 SPC : pour un concept toujours plus poussé
En 1989, MVS devient définitivement Venturi Automobiles et Xavier de la Chapelle reprend la marque en mains. Armé du tout nouveau logo, le fameux griffon, il part à la conquête des marchés internationaux avec un nouveau modèle : la Venturi MVS Coupé 260. En effet, afin de satisfaire une clientèle avide de sensations toujours plus extrêmes, Venturi reprend le concept de la Venturi MVS Transcup afin de le rendre plus radical, grâce à l’intervention du préparateur lyonnais Bruno Fochesato pour améliorer ce modèle-ci.
Ainsi, la voiture voit augmenter sa cylindrée à 2.8 litres. De nombreuses modifications, notamment mécaniques, ont été réalisées pour pousser le moteur 6 cylindres à 260ch. Le turbo avec intercooler fournit également le couple fort appréciable de 41,3 mkg dès 1750 tr/min. Côté extérieur, les appendices aérodynamiques sont optimisés avec un centre de gravité abaissé, un nouveau spoiler avant et un becquet arrière. Nous retrouvons également sur ce modèle-ci des freins à disques ventilés, des suspensions à triangle, des amortisseurs télescopiques et des barres stabilisatrices. Son intérieur est vraiment premium avec des équipements optimums, une sellerie en cuir et un tableau de bord en bois précieux. Le réglage des sièges se fait électriquement. Cette nouvelle version prend le nom de Venturi MVS 2.80 SPC (Sans Pot Catalytique). A noter qu’elle partage le même châssis et la même carrosserie que son aînée, la MVS Venturi 200. Mais à contrario, la Venturi MVS Coupé 260 SPC offre des performances de tout premier ordre digne des meilleures GT, prête à jouer dans la cour des Grands. Elle est produite à 65 exemplaires.
En 1990, elle est rejoint par la la Venturi 260 APC (Avec Pot Catalytique), suite à un changement de réglementation dans les pays du CEE pour tous les véhicules de plus de 2 litres. Elle remplace donc la précédente version et sera produite jusqu’en 1996 à près de 70 exemplaires.

Caractéristiques/Données | Venturi MVS 260 SPC |
Moteur | 6 cylindres en V + Turbo |
Puissance | 260ch |
Cylindrée | 2849 cm3 |
Transmission | Propulsion |
Boite de vitesse | Manuelle 5 rapports |
Freins | Disques ventilés |
Poids | 1255kg |
0-100 km/h | 6.1 sec |
Vitesse max | 260 km/h |
Les séries limitées de la Venturi MVS Coupé 260
La Venturi Coupé 260 Atlantique, vers une version plus sportive

Avec Groupe Primwest, de nouvelles séries limitées sont lancées sur le marché. Le premier lancement, en 1991, est celui de la Venturi Coupé 260 Atlantique, version allégée de la Venturi Coupé APC 260. En effet, si son châssis est identique à celui de sa sœur aînée, la Venturi MVS Coupé 260 SPC, celui-ci voit son poids se réduire de près de 105kg pour un total de 1150kg. Avec ce nouveau modèle, plusieurs équipements liés notamment au confort disparaissent à l’image de la climatisation. Le but est d’optimiser le rapport poids/puissance tant que la voiture en elle-même se radicalise fortement. Une préparation sportive est appliquée dans l’habitacle avec l’apparition de sièges” baquets” Recaro et la présence de carbone qui supplante cuir et bois précieux. L’isolation sonore est réduite au minimum tandis que la tôle est allégée, voire percée à certains endroits. Toutefois, la motorisation n’est pas modifiée et la Venturi 260 Atlantique garde le V6 de 260ch de sa précédente. Elle a été produite à 25 exemplaires.
La Venturi Coupé 260 LM dite “Le Mans”
En 1994, une nouvelle déclinaison de la Venturi MVS Coupé 260 SPC apparaît : la Venturi 260 “Le Mans”. Il s’agit de son ultime version. Il faut savoir qu’elle a été lancée à la suite des très bons résultats de la Venturi 500 LM, le fameux modèle de course. En l’honneur de ces célèbres voitures de courses, les premiers modèles reprirent le célèbre bleu Jacadi des cinq Venturi 500 Le Mans ayant terminé les 24 Heures du Mans 1993. D’autres couleurs furent apposées par la suite.
Et comme sa référence sportive, la Venturi Coupé 260 “Le Mans” fut au rendez-vous des performances attendues, digne des meilleures GT sportives. La barre des 100km/h est abattu en moins de 6 secondes et sa vitesse de pointe atteint 270km/h ! Le tout pour un poids qui dépasse à peine la tonne, 1100kg exactement, sur la balance ! Un véritable bijou de sportivité, utilisable sur route, illustrant la volonté de Venturi d’en découdre en compétition ! Elle sera produite en 33 unités et seront produites avec un ajustement spécifique course.


Caractéristiques/Données | Venturi 260 Atlantique | Venturi 260 “Le Mans” |
Moteur | 6 cylindre en V + Turbo | 6 cylindre en V+ Turbo |
Puissance | 260ch | 260ch |
Cylindrée | 2849 cm3 | 2849 cm3 |
Transmission | Propulsion | Propulsion |
Boite de vitesse | Manuelle 5 rapports | Manuelle 5 rapports |
Freins | Disques ventilés | Disques ventilés |
Poids | 1100kg | 1100kg |
0-100 km/h | 5.8 sec | 5.2 sec |
Vitesse max | 270 km/h | 270 km/h |
Avec près de 600 voitures produites de 1987 à 1995, la première partie de l’aventure Venturi Automobiles prit fin en 2000, à la suite du rachat de l’entreprise par Gildo Pallanca Pastor, homme d’affaires monégasque qui orientera Venturi vers l’électrique aussi bien en série qu’en compétition avec la Formule-E.
Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
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