Comparatif : La Delahaye VLR vs la Hotchkiss M201

Quand vous entendez les mots « voiture » et « Débarquement en Normandie », vous pensez immédiatement à la célèbre Jeep Willys ! Mais savez-vous qu’elle avait donné de nombreuses déclinaisons après la guerre ? Aujourd’hui, ABSOLUTELY CARS vous propose de découvrir deux modèles français. Le premier est la Delahaye VLR, véritable tout-terrain produit dans les années 1950 qui n’avait rien à envier à son homologue américaine. Le deuxième est la Hotchkiss M201, « remplaçante » officielle des Willys de la Seconde Guerre Mondiale appartenant à l’Armée Française, ayant plus en commun que l’on croit avec sa cousine outre-atlantique. Alors, pour quel modèle allez-vous craquer aujourd’hui ?

La Delahaye VLR, la première Jeep française

La Seconde Guerre mondiale laisse exsangue la France, malgré la victoire des Alliés. Le Débarquement en Normandie a permis à l’Armée Française de récupérer de nombreuses Jeep Willys, qui sont, à la fin des années 1940, bien fatiguées, mais pourtant indispensables. Pour les remplacer avec un produit 100% français, nationalisme oblige, l’Armée Française lance un nouveau projet pour la création d’un tout-terrain compact de près d’une tonne. Pour relever ce défi, ce sera Delahaye qui sera retenu. La marque française se voit donc confier la production de cette nouvelle « Jeep made in France ». En 1948, Delahaye produit son premier prototype « Delta n°1 », s’inspirant librement de la Jeep Willys. Doté d’un moteur Renault type 603 4 cylindres culbuté à soupapes latérales, ce tout-terrain possède un châssis en acier soudé et une carrosserie boulonnée sur ce dernier. A cela, on ajoute un pare-brise amovible, la banquette arrière rabattable et une capote en toile rétractable. Le tout peut accueillir quatre personnes à son bord. L’ensemble est réuni dans un gabarit de 3.41m de long et 1.57m de large. Les premiers tests ont lieu l’année suivante et certaines modifications vont être apportées. Le prototype « Delta n°2 » reçut le tout nouveau moteur Delahaye type 182. Validée par l’Armée Française en 1950, la Delahaye VLR, pour « Véhicule Léger de Reconnaissance », comme désormais il faut l’appeler, passe en production en 1951.

La Delahaye VLR est un véhicule résolument moderne techniquement pour son époque. Sa mécanique puise sa puissance dans son quatre cylindres de 1995cm3, à carter à sec et à carburateur inversé reposant sur des « silent bloc », développant 63ch. Elle est accouplée à une boîte manuelle à quatre rapports synchronisés, en sus de la marche arrière et d’un réducteur offrant huit combinaisons de vitesses. Ainsi équipée, la Delahaye VLR peut filer à 110 km/h et franchir des côtés de 60 à 70 degrés ! Un vrai franchiseur qu’un gué de 60cm ne fait point frémir ! Et ce, malgré quatre personnes à son bord et une charge de 500kg en complément de son point à vide de près de 1300kg ! Le système de suspension est assuré indépendamment à l’avant par deux barres de torsion et une simple sur l’arrière. Le passage de deux à quatre roues motrices passe par un différentiel utilisable à vitesse réduite. Elle bénéficie aussi de « ponts suspendus », afin d’en augmenter la garde au sol et d’un blocage de différentiel sur les deux ponts. Il faut savoir que tous les carters du « bloc moteur/boîte/ponts » étaient en fonte d’aluminium. Le réservoir (60L) est placé sous le siège conducteur tandis que les pneumatiques sont d’une dimension de 700*16 pouces (contre 650×16 pour la Jeep Willy).

Pour gérer cet engin, l’Armée Française prévoit une formation quel que peu maigre avec beaucoup de théorie et peu de pratique. Peut être pas assez en phase avec la vie quotidienne des casernes de l’époque. La maintenance de la Delahaye VLR est prenante et minutieuse. La fiabilité et l’utilisation brutale du différentiel amène Delahaye à revoir sa copie (système de liaison, différentiel, équipements intérieurs…), dès 1953. Hélas, cela sera insuffisant. Pour garder son contrat avec l’Armée Française, Delahaye lance, en 1954, la Delahaye COB, construite en un temps record pour remplacer la Delahaye VLR dont les livraisons tendent vers le bas. Bien qu’elle garde de sa devancière, la carrosserie, le moteur et sa boîte de vitesse ainsi que les ponts suspendus, elle s’avère plus légère (1650 kg contre 1950kg). Elle fut notamment testée sur 30 000 km dont 6000 km en terrain varié avec succès. Un dernier sursaut pour Delahaye, qui sera finalement racheté par son principal concurrent, Hotchkiss, en 1955. Au final, près de 9625 unités seront produites entre 1951 et 1954, dont une petite partie, soit 279, sera commercialisée auprès du grand public, globalement à des entreprises ou à des institutions publiques. En effet, il ne trouva pas son public dans la société civile sans aucun doute à cause de son prix de vente fixé à 1 440 000 francs, en 1954, contre 1 250 000 francs pour une Jeep Willys CJ3B.

La Hotchkiss M201, une union franco-américaine

Alors que Delahaye perd la confiance de l’Armée Française, à la fin des années 1950, Hotchkiss s’engouffre dans la brèche. Il faut dire qu’en pleine guerre d’Indochine, puis d’Algérie, l’Armée Française a besoin d’un matériel à la fiabilité irréprochable. Le constructeur français va donc se charger du remplacement de la Delahaye VLR. Importateur exclusif de la Jeep Willys en France, sous le nom de SOFIA (Société Financière Industrielle Automobile), Hotchkiss arrête d’être un simple intermédiaire et relance la Jeep Willys MB, qui n’est plus produite depuis 1945. En effet, en 1954, Hotchkiss renégocie son contrat avec Willys-Overland Export Corporation afin de pouvoir fabriquer des Jeep Willys sous licence. 1954, c’est aussi l’année où Hotchkiss achète Delahaye et récupère les contrats pour la Delahaye VLR et la Delahaye COB. Toutefois, l’Armée Française n’a plus confiance dans cette technologie « made in France ». Arrivant avec, dans ses bagages, la fameuse Jeep Willys MB, Hotchkiss attire tout de suite leur intérêt. Elle ne tarde pas à sortir la Hotchkiss JH-101, première Jeep civile construite en France. Elle sera suivie par la Hotchkiss JH-102. Pour l’armée, le constructeur français lance en parallèle la Hotchkiss M201, un tout-terrain de conception 100% Hotchkiss, parfait compromis entre la Jeep américaine dont elle partage le châssis et une production dite française.

Bénéficiant de la fusion avec Brandt, la Hotchkiss M201 lancée en 1956, en deux versions : une de 6 volt et une de 24 volt. La première connaîtra un succès immédiat avant d’être progressivement éclipsée par la deuxième version dans les années 1960. Mais au-delà de l’armée, la Hotchkiss M201 sera également utilisée par les agriculteurs et les artisans automobiles. Ce tout-terrain français ne connaîtra guère de modifications durant ses 12 ans de carrière, la plus notable étant la mise à disposition d’une motorisation diesel « INDENOR 85 XD P4 » en plus de celle initiale en essence.

Au total, près de 27628 Hotchkiss M201 seront produites en 12 ans de carrière, jusqu’en 1967. Mais l’arrêt de sa production n’a pas signifié l’arrêt de son utilisation ! En effet la Hotchkiss M201 sera encore présente dans les rangs de l’Armée Française jusqu’en 2000 !

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives

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