Ferdinand Karl Piëch : l’homme à qui on doit la renaissance de Bugatti et de Bentley n’est plus

Le petit-fils de Ferdinand Porsche, Ferdinand Karl Piëch, né le 17 avril 1937 à Vienne, est décédé ce dimanche 25 août 2019 à Rosenheim. Face à cette triste nouvelle, ABSOLUTELY CARS a décidé de modifier sa programmation pour rendre hommage à ce fin stratège qui écrit un grand chapitre de l’histoire de l’automobile ! Nous présentons toutes nos condoléances à sa famille et ses proches.

Ferdinand Karl Piëch et Porsche

Ingénieur de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich, Ferdinand Karl Piëch entra chez Porsche en 1963. Il devint directeur du service essais des moteurs en 1967, puis responsable du département recherche et développement en 1969. Il fut également responsable du programme Compétition. Il se lance notamment à la conquête des 24 Heures du Mans. L’épreuve mancelle est la course la plus exigeante : elle nécessite de faire tenir 24 heures les organes mécaniques fortement sollicités. Les deux premières victoires furent obtenues avec les Porsche 917K en 1970 et 1971. L’impulsion fut donnée pour accumuler les succès : 1976, 1977, 1979, 1981 à 1987. Aujourd’hui, Porsche a gagné 19 fois les 24 Heures du Mans, son nom étant à jamais associé au mot « endurance ».

Les années Audi de Ferdinand Karl Piëch

En 1972, Ferdinand Karl Piëch entra chez Audi en tant que responsable technique. En 1975, il accéda au directoire, il en fut le président de 1988 à 1992. Que représente en termes d’image de marque Audi à la fin des années soixante-dix ? Rien, absolument rien. C’est un des anneaux d’Auto-Union, regroupement réalisé en 1932 qui produisit, en 1938, 23,4% des voitures allemandes, 17,9% pour DKW, 4,4% pour Wanderer, 1% pour Horch et … 0,1% pour Audi.

Après la Seconde Guerre mondiale, en Allemagne de l’Ouest, la production de la marque la plus populaire du groupement, DKW, redémarra en 1950 avec ses sempiternels moteurs à deux temps. En 1958, Daimler-Benz acquit DKW et s’en débarrassa en 1965, l’acquéreur Volkswagen cherchant par tous les moyens de la compétence pour sortir de sa monoculture incarnée par la Coccinelle. La DKW F102 équipée d’un moteur 3 cylindres deux temps refroidi par eau et vendue relativement chère devint l’Audi F103 équipée d’un moteur 4 cylindres refroidi par eau Daimler-Benz muni de soupapes en tête et vendue très chère, la marque réintroduite Audi n’ayant aucune connotation. Le talent de Ferdinand Karl Piëch fut de mettre en adéquation le prix demandé avec l’image renvoyée par une Audi. Il instaura de nouvelles règles de travail, il énonça de nouveaux objectifs en matière de qualité, il conçut de nouveaux moteurs et il fut à l’origine de la transmission intégrale Quattro pour promouvoir la marque, cette solution technique étant par la suite diffusée auprès des clients.

Le Championnat du monde des constructeurs, en rallye, fut créé en 1973. Il était dominé par les constructeurs italiens, Lancia Stratos, de 1974 à 1976, Fiat 131 Abarth, en 1977, 1978, 1980, Lancia Rally 037, en 1983, Lancia Delta, de 1987 à 1992. Les 2 championnats gagnés par Audi, en 1982 et 1984 et par Peugeot, en 1985 et 1986, furent suffisamment médiatisés pour obtenir de très bons résultats commerciaux. Sur le bord des routes, Michèle Mouton était attendue. Elle courrait sur une Audi Quattro et remporta :

  • en 1981, le Rallye Sanremo,
  • en 1982, le Rallye du Portugal, le Rallye de l’Acropole et le Rallye du Brésil.

Ferdinand Karl Piëch chez Volkswagen

Ferdinand Kark Piëch, directeur de Volkswagen

Au début des années quatre-vingt-dix, le groupe Volkswagen était propriétaire d’ Audi, acquis entre 1964 et 1966, de Seat, acquis en 1986 et de Škoda Auto, acquis en 1991. Les achats de Seat et Škoda et les investissements consentis au Brésil et en Chine mirent Volkswagen dans le rouge. Pour redresser la situation, début 1993, Ferdinand Karl Piëch prend la direction de Volkswagen. En trois ans, il se sépara de vingt-cinq membres du directoire. Ceux qui restèrent durent renoncer à leurs chauffeurs, conduire eux-mêmes les différentes voitures du groupe afin de mieux les connaître. Soucieux de la qualité de fabrication, il n’hésita pas à se rendre chez les fournisseurs. Et bien entendu, la situation s’améliora.

En 1998, Volkswagen acquit Bentley, Rolls-Royce, Lamborghini et le nom de Bugatti. En 2003, le groupe rétrocéda Rolls-Royce à BMW tout en conservant le site de production historique de Crewe.

La pertinence de la marque Bentley s‘était éteinte en 1965 avec le lancement de la Rolls-Royce Silver Shadow équipée d’une caisse autoporteuse, ce qui retira à Bentley toute possibilité de réinterprétation d’une limousine ou d’un coupé sur une base Rolls-Royce, selon les codes stylistiques de Bentley, les deux marques se distinguant uniquement par leur calandre.

En 2003, la première Bentley se différenciant complètement d’une Rolls-Royce fut le coupé Bentley Continental GT équipé d’un W12 biturbo. En 2005, la première Bugatti Veyron équipée d’un W16 muni de 4 turbos sortit de l’usine de Molsheim. Ces deux marques étaient ressuscitées.

Ferdinand Karl Piëch, écarté de la direction de Volkswagen

L’acquisition de marques prestigieuses et le lancement de modèles pas forcément adaptés à l’évolution du marché à l’instar de la Volkswagen Phaeton en 2002 remirent, à nouveau, les comptes de Volkswagen dans le rouge. Bernd Pischetsrieder, président du conseil d’administration de BMW, de 1993 à 1999, remplaça Ferdinand Karl Piëch et devint président du conseil d’administration de Volkswagen AG, de 2002 à 2006 et président de Scania AB de 2002 à 2007.

En 2002, Porsche compléta sa gamme à l’aide du SUV Cayenne issu du Volkswagen Touareg. Les bénéfices générés furent colossaux et, en septembre 2005, Porsche annonça le rachat de 20% du capital de Volkswagen. Fin mars 2007, Porsche porta sa participation à 27,3%. En avril 2007, Porsche lança une OPA sur Volkswagen.

Le retour de Ferdinand Karl Piëch chez Volkswagen

Un véritable jeu de Monopoly s’était mis en place et Ferdinand Karl Piëch fut rappelé en 2006 en tant que président du conseil de surveillance. Il souhaitait gagner la partie pour que Volkswagen ne fût pas sous la domination de Porsche :

  • Volkswagen, détenteur de parts sociales de Scania depuis 2000 monta sa participation à 36,4% au cours du premier trimestre 2007, puis à 70,94% en mars 2008. Au 1er janvier 2015, Volkswagen possédait 100% des actions de Scania.
  • l’OPA lancée par Porsche échoua, car le cours de l’action Volkswagen augmenta de façon appréciable ce qui empêcha Porsche de pouvoir en acquérir en quantité suffisante. Volkswagen débuta l’opération inverse. En décembre 2009, Volkswagen détenait 49,9% de parts sociales de Porsche. En août 2012, Volkswagen absorba Porsche.
  • en 2010, Volkswagen s’offrit Italdesign-Giugiaro S.p.A.
  • entre juillet 2011 et juin 2012, Volkswagen s’offrit MAN (Maschinenfabrik Augsburg-Nürnberg)
  • en 2012, Volkswagen s’offrit le constructeur italien de motocyclettes Ducati.

Ferdinand Karl Piëch gagna la partie de Monopoly.

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Dans le corps de Ferdinand Karl Piëch, coule le sang d’Audi

En 2000, commença la saga des victoires des Audi aux 24 Heures du Mans. Elle se prolongea jusqu’en 2014, hormis 2003, mais la Bentley victorieuse ressemblait à une Audi, et hormis 2009, épreuve gagnée par Peugeot Sur 71 courses, entre 1949 et 2019, Porsche gagna 19 fois, Audi 13 fois (plus celle de Bentley en 2003), Ferrari, 9 fois, Jaguar, 7 fois, Ford, 4 fois, Matra-Simca et Peugeot, 3 fois, Mercedes et Toyota, 2 fois.

Ferdinand Karl Piëch était présent dans les stands Audi et il était difficile pour lui de passer inaperçu même s’il gardait le silence. Le 25 avril 2015, Ferdinand Karl Piëch quitta son poste de président du conseil de surveillance du groupe Volkswagen. C’était un grand stratège, que ce soit dans les stands des écuries et à la direction de Volkswagen. Ainsi, le 25 août 2019, c’est un chapitre entier de l’histoire de l’automobile qui venait de se tourner !

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO 
Crédit Photos : Photos d’Archives

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