Véritable succès commerciale dès son lancement en 1960, la Peugeot 404 fait partie des modèles phare de la marque au Lion, déclinée en berline, coupé, cabriolet, pick-up ! Petits ou grands, toutes les générations ont eu ou connu des personnes de leur famille et amis roulant en 404. A l’occasion de cette interview, ABSOLUTELY CARS vous immerge dans la France des sixties au travers d’une Peugeot 404 noire de 1962, similaire à celle du célèbre film “Les Tontons Flingueurs” – celle de Monsieur Fernand ! N’attendez plus et plongez dans l’histoire de ce véhicule familiale ayant participé à la notoriété de Peugeot à travers le monde !

La Peugeot 404, première berline française de série à moteur à injection
Si la Peugeot 404 est bien des choses, elle est avant toute la première berline française à être produite en série – accompagnée par sa version coupé/cabriolet totalement inédite -, dotée d’un moteur à injection ! Fabriquée à Montbéliard, cette voiture fit l’objet d’un projet qui fut initié dès 1955, à la suite du lancement de la Peugeot 403. Cette brusque rapidité correspond à l’année de lancement de la Citroën DS, innovante sur tous les points : esthétique, intérieur et conduite. Beaucoup moins avant-gardiste que la Citroën, le projet “Peugeot 404” se devait de répondre à une clientèle plus conservatrice.

La Peugeot 404 se positionne comme un véhicule de moyenne, puis de haute gamme avec ses différentes déclinaisons. Côté style, on entrevoit parfaitement la griffe du célèbre designer et carrossier Pininfarina qui dénote de celui de la Peugeot 403, qui était plus tôt toute en rondeurs. Chez la Peugeot 404, l’inspiration américaine est bien présente, notamment en ce qui concerne le pare-brise, le capot et les lignes arrières. Mais certains aspects stylistiques de la Peugeot 404 nous rappellent d’autres modèles qui sont plus ou moins identifiables à l’image de l’Austin A55 Cambridge, de la Morris Oxford ou encore de la Fiat 1800.


Le lancement officiel de la Peugeot 404 a lieu en mai 1960 et le succès est au rendez-vous ! Il faut dire que le constructeur de Sochaux a voulu privilégier certains points “pratico-esthétiques” en apportant de nombreuses spécificités à l’instar de la vision panoramique vitrée. Par exemple, la trappe à essence est placée à l’arrière de la plaque d’immatriculation pour une dissimulation totale.
Côté mécanique, le moteur est économique et fiable. Mais il ne se différencie pas par ces caractéristiques ! Avec la Peugeot 404, la marque au lion innove en s’aventurant là où aucun constructeur français n’avait jamais voulu mettre les pieds. Le projet inédit et innovant du système à injection est l’atout majeure de cette voiture, car aucune marque ne souhaitait mettre en place cette technique, trop onéreuse à l’époque pour une voiture française de série.

Les déclinaisons de la Peugeot 404 débarquent, dès 1961, lors du Salon de l’automobile de Paris avec la version cabriolet également designée par Pininfarina. Encore une première, car il s’agit du premier modèle au lion qui arbore le logo Pininfarina et qui sera assemblé à Turin. Deux ans plus tard, le coupé est dévoilé avec le moteur à injection, en parallèle des versions “familiale” et “commerciale”.
En tout, plus de 200 000 berlines “familiale” sont vendus, rien que pendant l’année 1966, ce qui la plaça dans le TOP 3 du marché national. Ses finitions évoluèrent dans le même temps avec la Peugeot 404 “Super Luxe”, offrant des options intéressantes comme la peinture métallisée ou encore les enjoliveurs de la version cabriolet. Malheureusement, l’année 1975 marque la fin définitive de la Peugeot 404 en France. Près de 2 900 000 unités se seront écoulées en 15 ans, toutes déclinaisons confondues. Seule la camionnette continuera d’être produite jusqu’en 1979 dans l’hexagone. A l’étranger, sa production durera jusqu’en 1989, notamment au Kenya (usine de Mombassa), avec essentiellement des versions utilitaires.




Parole de collectionneur : “La Peugeot 404, reflet d’une époque de renouveau automobile”
C’est sous le soleil que nous avons rencontré Thierry, véritable passionné de Peugeot 404 qui ne souhaitait qu’avoir ce modèle-ci ! Celle qui lui a ravie son cœur, est une Peugeot 404 de 1962, couleur de jais. Mais tout d’abord, expliquez-nous pourquoi avoir choisi spécifiquement cette voiture ?
Il y a une valeur sentimentale, car j’ai été élevé avec la Peugeot 404, de ma naissance à mes treize ans. C’était la voiture de famille avec plein de souvenir et le reflet d’une époque de renouveau automobile.



Comment avez-vous acquis cette Peugeot 404 ?
Je pensais depuis longtemps à acheter une Peugeot 404 et habitant Paris, la place a tendance à manquer. Ce fut en 2012, en consultant des annonces sur “La Centrale” que le projet est ressorti. Je suis tombé sur ce modèle en parfait état, possédé par une personne d’un certain âge, du côté d’Aubervilliers. Achetée en 1962, à l’origine, elle venait du 12ème arrondissement (Picpus) où son ancien propriétaire l’a conservée pendant 51 ans.
Le passage de relais ne s’était malheureusement pas fait avec son fils. Il s’agissait d’une première main. Ce monsieur cherchait vraiment une personne amoureux de la Peugeot 404, qui la conserve et l’entretienne le plus longtemps possible.
Dès la présentation de la voiture, l’affaire fut rapidement conclue. mais il a fallu que je passe un examen de passage très poussé pour démontrer ma passion et mon intérêt pour cette Peugeot. Parmi les questions qu’il m’a posée, je me rappellerai toujours de celle-ci : “Si vous aimez réellement la Peugeot 404, prouvez-le moi!“. J’avais sur moi des photos étant enfant devant la Peugeot 404 de mon père et je lui ai expliqué que même habitant la capitale, elle dormirait dans un parking couvert. Petit à petit, il m’a fait confiance et il a eu raison, car aujourd’hui, j’en suis le deuxième propriétaire depuis 7 ans.
Quel est votre degré d’affection envers la marque au Lion ?
Je continue toujours à penser que cette marque fait partie de notre ADN. Mon père a toujours été propriétaire de Peugeot. On a eu la Peugeot 304, puis la Peugeot 404 et la Peugeot 504. Toutes nous ont donné satisfaction tant au quotidien qu’en vacances.
En trois mots, comment peut-on qualifier cette Peugeot 404 ?
Populaire, belle et robuste. Il ne faut pas oublier que la Peugeot 404 a fait ses preuves en tant que “Taxi” (1966-1975). Je peux même lier le terme robuste à fiable avec son moteur de routière.


A quel niveau la côte d’amour de la Peugeot 404 est représentative ?
C’est une voiture qui parle à beaucoup de gens, car elle est plus que populaire. On ne peut avoir vécu dans les années 1960/1970 sans avoir connu ou croisé une Peugeot 404. Elle a énormément plu et son succès ne se dément pas. Je m’en rend compte quand je suis à son bord, dans Paris. Les gens d’une cinquantaine d’années me font des commentaires du type “mon père avait la même“. Chaque famille en a eu une dans son garage. Du côté des plus jeunes, les réactions sont plus axées sur la curiosité. Dans l’ensemble, j’ai du succès avec, notamment, les personnes en provenance du Maghreb. Son succès fut marqué au-delà de la Méditerranée. On en trouve au Maroc ou encore en Tunisie avec des personnalisations “aléatoires”.


Selon vous, quelles sont ses particularités ?
Ce que j’apprécie particulièrement, c’est sa carrosserie, car elle se distingue des modèles précédents avec leurs formes rondes à l’image de la Peugeot 203 et de la Peugeot 403. La Peugeot 404 dispose d’une ligne s’inspirant des américaines des années 1960 avec des formes plus “carrées” et révolutionnaires. Je trouve que l’association de Peugeot et Pininfarina a permis de réaliser un modèle magnifique. Ils ont réellement réussi leur coup en faisant un pari stylistique.
Quels sont les qualités de ce modèle ? Et ses défauts ?
Je dirais, instinctivement, confortable, maniable du fait de sa conduite souple et légère. Elle est plus qu’agréable à conduire. Enfin je l’estime spacieuse compte tenu de sa prédisposition pour accueillir les familles. Personnellement, il est difficile de lui trouver des défauts. Je me souviens que mon père avait tendance à se plaindre de l’arrière qui chassait ou encore certains qui se demandait pourquoi le volant était décalé.
Avez-vous des souvenirs de vacances avec la Peugeot 404, notamment avec la fameuse Nationale 7 ?
Totalement, je l’ai même vécue avec ses bouchons, sa chaleur, ses stations essence…



Y a t-il d’autres véhicules que vous désiriez posséder ?
Directement, je choisis la Citroën DS ou encore la Renault 5 (première série) sur laquelle j’ai passé le permis. J’en ai d’ailleurs eu deux auparavant.
Quels conseils donneriez-vous aux futurs acquéreurs d’une Peugeot 404 ?
Premièrement, il faut bien regarder le plancher et les longerons qui ne bénéficiaient pas de traitement anti-rouille. Visuellement, elle peut paraître en bon état, mais la corrosion peut avoir endommagée la voiture. Je pense qu’il faut acheter une Peugeot 404 avec un connaisseur et les clubs spécialisés Peugeot.
Quelle est la côte d’un modèle berline ?
Bien évidemment, on en trouve à plusieurs prix et dans tous les états. Des exemplaires comme la mienne, de 1962, et les premières séries, valent dans les 4000€ et peuvent monter à 6000€ pour les versions “Superluxe”. Les prix plus élevés ne sont pas forcément justifiés.

Un petit pour la fin ?
Il faudrait que je recontacte son ancien propriétaire, car, dans les deux années suivants l’achat, je le tenais régulièrement au courant au sujet de la voiture, avec des cartes et photos. Je pense qu’il serait ravi de la revoir encore une fois !
Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS
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Bonjour
J’ai 73 ans et j’ai bien entendu connu la 404 dans tout ses types, mais c’est la 504 GTI à injection qu’à l’époque j’ai loué très souvent dans l’année.
Cordialement.