Le 10 mai 1960, la célèbre Peugeot 404 est présentée à la presse, succédant ainsi à la Peugeot 403. Porte-étendard du renouvellement de la firme de Sochaux, ce modèle amorce d’ores et déjà la montée en gamme du Lion. Avec elle, nous rentrons pleinement dans les années 1960, avec ses couleurs flamboyantes et sa magnifique ligne rectiligne au point de fuite dynamique, se terminant sur des feux arrières verticaux ! Le tout signé par le très grand Pininfarina ! La Peugeot 404, c’est également la première voiture française de série à être équipée d’un moteur à injection ! Voiture du quotidien, mais compétitrice dans l’âme, elle se fera également remarquer en rallye en remportant l’East African Safary à plusieurs reprises (en 1963, 1966, 1967 et 1968) ! Bref, pour ses 60 ans, il n’est pas pensable, pour ABSOLUTELY CARS, de ne pas lui rendre hommage !

Retour sur la naissance de la Peugeot 404

Il fut souvent avancer que la genèse de la Peugeot 404 fut réalisée dans la précipitation. Présentée en avril 1955, la Peugeot 403 eut comme concurrente la Citroën DS, dès octobre 1955. La modernité de cette dernière amena la direction de Peugeot à étudier une nouvelle familiale. L’établissement Pinin Farina fut mis à contribution pour dessiner cette nouvelle voiture dans un court laps de temps. Aussi, elle étonna, car elle ressemblait aux autres créations de Pinin Farina, notamment aux Wolseley 15/60 et Wolseley 6/99 présentées respectivement, en 1958 et 1959, aux membres de la British Motor Corporation ainsi qu’aux Fiat 1800/2100 et à leurs dérivés européens. En soi, ce n’était pas un problème, car elles étaient toutes gratifiées d’un esthétisme de bon goût, rassurant et valorisant. Toutefois, la Peugeot 404 offrait une petite coquetterie : le bouchon du réservoir était dissimulé derrière la plaque d’immatriculation arrière !
Face à un marché fortement concurrentiel, Peugeot savait qu’il serait difficile de vendre une propulsion à l’étranger :
- les Fiat 1800/2100 dominaient le marché italien et étaient équipées d’un 6 cylindres OHV
- les Mercedes-Benz, la pimpante BMW 1500 dessinée par Michelotti, les Opel Rekord, les Ford Taunus, les Steyr-Fiat 1800/2100 régentaient les marchés allemands, autrichiens et suisses et ceux du Benelux
- le marché espagnol était fermé
- le marché britannique était totalement saturé par les voitures proposées par la British Motor Corporation, les Triumph 2000/2500, les Vauxhall Victor/VX/Velox/Cresta, les Ford Consul/Zephyr/Zodiac, les Hillman Minx/SuperMinx, les Singer Gazelle/Vogue, les Rover P4 80/100 et Rover 2000. De plus, les voitures suédoises Volvo P120/P130 étaient également très appréciées.


La Peugeot 404, une belle qui fête ses 60 ans
La Peugeot 404 fut représentée à la presse, en mai 1960. Les articles qui sont consacrés aux tests, sont tout simplement élogieux : confort et silence de fonctionnement, désembuage et chauffage performants, présence d’un toit ouvrant, freins confiés à 4 tambours sans assistance. En 1964, ce point fut amélioré, puis les freins à disques à l’avant apparurent en 1968. Le succès commercial de la Peugeot 404 n’attendit pas, sans aucun doute dû à une concentration de choix stratégiques exemplaires ! Et pour cause, la Peugeot 404 se vendit en 2 885 374 exemplaires, principalement dans les pays équipés d’une chaîne de fabrication (en France, à Sochaux puis Mulhouse) ou d’assemblage (Belgique, Irlande, Portugal, Kenya, Nigeria, Madagascar, Rhodésie, Afrique du Sud, Canada, Chili, Uruguay, Pérou, Australie, Nouvelle-Zélande, Malaisie, Argentine). Eviter l’exportation et ses droits de douanes inhérents fut un excellent choix stratégique.


Il faut savoir que les principales qualités de la Peugeot 404 ne pouvaient figurer dans un article de presse lors de son lancement :
- sobriété et beauté de la ligne extérieure : un aspect subjectif
- grande fiabilité : absence de recul, mais Peugeot bénéficiait d’une très bonne image de marque dans ce domaine, que ce soit au niveau des moteurs que des carrosseries (caisse autoporteuse exploitée depuis le lancement de la Peugeot 203)
- palette de moteurs attractive : à l’époque, le moteur diesel n’intéressait que les professionnels et les taximen qui pouvaient, néanmoins, lui préférer une Citroën ID ou une Simca 1300/1500 et Simca 1301/1501, voire une Panhard PL17
L’idée géniale de la direction de Peugeot fut de modifier, dans le temps, l’image d’un modèle, lui faisant ainsi bénéficier de deux carrières. Si la Peugeot 203 remplaça, entre 1948 et 1949, toutes les variantes de la Peugeot 202, il en sera tout autrement lors de la passation du flambeau entre les Peugeot 203 et 403. La Peugeot 203 était perçue comme une voiture de luxe, ce qu’elle était, grâce à ses versions berline, découvrable, coupé, cabriolet et Darl’mat. Lorsque la Peugeot 403 apparut, la Peugeot 203 fut petit à petit délestée de ses versions les plus prestigieuses pour finir sa carrière en tant que voiture économique. De 1957 à 1960, elle n’existait qu’en deux variantes de carrosseries, berline et fourgonnette. Il en fut de même lors de la passation du flambeau entre les Peugeot 403 et 404, celle qui s’effaçait adoptant le moteur économique de 1290cm³ en 1960 et n’étant proposée qu’en berline jusqu’en 1966 et qu’en camionnette jusqu’en 1967. Cette opération se renouvela entre les Peugeot 404 et 504 à partir de 1968, celles qui disparaissent n’étant disponibles qu’en berline jusqu’en 1975 et qu’en camionnette jusqu’en 1980. Cette politique commerciale disparut avec l’absorption de Citroën et de Chrysler Europe après le premier choc pétrolier, la rationalité se déplaçant vers l’exploitation en commun de plates-formes et d’organes mécaniques.

La production toutes carrosseries confondues dépassa plusieurs fois les 200 000 exemplaires annuels ; 1963, 203 107 ; 1964, 203 095 ; 1966, 201 517 ; 1967, 219 814. Une performance au regard de son prix ! Il faut savoir que la Peugeot 404 coûtait 9150 nouveaux francs, lors de son lancement en 1960, soit 33 mois de SMIG à 277,60 nouveaux francs mensuels.








Les Peugeot 404 coupés et cabriolets by Pininfarina
Les Peugeot 404 coupés et Peugeot 404 cabriolets furent réalisés à Turin, chez Pininfarina, les établissements Pinin Farina ayant changé de nom en 1961. Ils portaient également le logo Pininfarina et étaient équipés d’une boîte à vitesses 4 rapports.

17 225 coupés et cabriolets Peugeot 404 furent fabriqués par le maître carrossier. Ce chiffre est à rapprocher de celui des coupés et cabriolets Peugeot 504, 31 163 exemplaires malgré les deux chocs pétroliers, ou celui des coupés et cabriolets Fiat 1200/1500S/1500/1600S Pininfarina, 34 211 exemplaires assemblés entre 1959 et 1966. Ce relatif échec commercial était dû aux faits que les coupés et cabriolets :
- reprenaient l’empattement de la berline, contrairement aux coupés et cabriolets Peugeot 504, ce qui engendrait un léger manque de sportivité,
- étaient proposés aux Etats-Unis à un tarif similaire à celui des Jaguar E-Type équipées d’un 6 cylindres DOHC de 3,8 ou 4,2 litres, de 4 freins à disques, de 4 roues indépendantes. Bien entendu, la presse de l’époque s’en amusa et il est bien difficile pour les collectionneurs d’en dénicher un outre-Atlantique.
Mais tout cela est devenu anecdotique : l’ancien et principal défaut se mue, aujourd’hui, en qualité, car son empattement important lui prodigue 4 places confortables, une élégance naturelle emprunte de modernité, ses dimensions s’approchant de celles offertes par des réalisations plus récentes.







La Peugeot 404 diesel, la voiture des records
Peugeot et les moteurs diesel… La première Peugeot équipée d’un moteur diesel fut la Peugeot 402, en 1938. Ce 4 cylindres dénommé HL50 était bien entendu ultra moderne tout en demeurant très proche de celui utilisé par les camions légers de la gamme « MK » : cylindrée de 2294cm³ (78×120), 55ch à 3250tr/mn pour les camions légers, 55ch à 4000tr/mn pour la Peugeot 402, cinq paliers, soupapes en têtes (OHV), chemises en fonte nitrurée, pistons en alliage léger, culasse sous licence Oberhaensli, bougies de préchauffage, boîte à vitesses mécanique 3 rapports ou semi-automatique à commande électrique Cotal. Mais à cette époque, la législation imposait que seuls les poids lourds et certains utilitaires pouvaient circuler avec une source d’énergie fournie par l’huile lourde. La Peugeot 403 fut disponible avec un moteur diesel de novembre 1958 à octobre 1966. Connaissant un succès limité avec cette motorisation, elle fut pourtant à l’origine d’une longue lignée de voitures appréciées pour leur longévité et leur faible coût d’utilisation.
Pendant la commercialisation de la Peugeot 404, cette fois-ci, l’Etat français promut le moteur diesel. Les raffineries existaient en abondance et les centrales thermiques étaient remplacées par des centrales nucléaires. Peugeot équipa un cabriolet d’une bulle aérodynamique et d’un 4 cylindres diesel de 2163cm³. Le 4 juin 1965, il se lança à la chasse aux records sur l’autodrome de Montlhéry, s’adjugeant 18 records internationaux de classe D. Le 11 juillet 1965, cette fois-ci équipé d’un 1948cm³ dérivé du XD88 de série, 19 records furent battus. Les 2 records les plus notables furent le franchissement des 5000km en 31 heures avec le premier moteur, des 11000km en 72 heures avec le second.

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
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