Qui ne connaît pas la Peugeot 403 de l’Inspecteur Columbo ? Dans sa belle robe argentée en capuchonnée de gris, elle a marqué toute une génération de téléspectateurs qui ont suivi de près cette série télévisée américaine policière créée par Richard Leighton Levinson (1934-1987) et William Theodore Link (1933-2020). Le rôle principal, celui du Lieutenant Columbo, fut confié au comédien Peter Falk (1927-2011). Cette série offrait de nombreuses particularités. Au début de chaque épisode, la préparation et la réalisation du meurtre étaient dévoilées. Les enquêtes se déroulaient dans le milieu huppé de Los Angeles et notre inspecteur détonnait avec son vieux costume, sa gabardine, son cigare et ses cheveux hirsutes. Le jeu consistait à trouver les éléments qui lui permettaient de prouver la culpabilité de l’assassin. Pour parfaire son personnage, Peter Falk dénicha une vieille Peugeot 403 cabriolet dans une réserve de véhicules d’Hollywood, un véhicule rarissime, car il n’avait pas été vendu aux Etats-Unis ! Bien évidemment, les multiples diffusions de cette série – avec ses 7 premières saisons de 45 épisodes et ses 3 dernières saisons de 24 épisodes – , firent connaître la marque Peugeot aux quatre coins du monde !
La présentation de la Peugeot 403

La Peugeot 403 fut présentée le 20 avril 1955 au Palais de Chaillot au Trocadéro à Paris. La plastique de cette berline était due au maître carrossier italien Pinin Farina. Sa signature était reconnaissable au premier coup d’œil. Les lignes horizontales étaient bien présentes : deux pour le soubassement soulignées par une baguette chromée, une au milieu de la portière soulignée par une baguette chromée située un peu plus haut, deux pour l’encadrement des glaces latérales et une formée par la gouttière du pavillon. Le but de l’opération était d’allonger visuellement sa silhouette. C’était la première Peugeot à adopter une caisse monocoque autoporteuse de type ponton, avec un pare-brise bombé et éjectable et de grandes surfaces vitrées. Néanmoins, la ligne originelle fut allégée par Henri Thomas et son équipe. En avril 1955, dans son créneau (berline de taille supérieure et économique à l’usage), elle n’avait pas de concurrente française. Son empattement était de 2,66m et sa longueur comprise entre 4,45m et 4,48m.

En octobre 1955, Citroën présenta sa Citroën DS. La modernité de cette dernière amena le directoire de la firme de Sochaux à réagir rapidement. Dès la fin de l’année, la décision de lancer l’étude de la remplaçante de la Peugeot 403 fut prise : la future Peugeot 404. Un premier projet, avec une motorisation V8 et une suspension hydraulique, fut envisagé. Mais les coûts liés à l’exploitation des brevets et à la complexité des solutions techniques envisagées furent dissuasifs. Finalement, la Peugeot 404 sera très proche en matière d’architecture de sa devancière. Pendant ce temps de réflexion, le volume de vente de la Peugeot 403 augmenta, dynamisé par une offre de carrosseries étendue, due à Henri Thomas et à son équipe. Paul Bouvot (1922-2000), embauché en 1956, lui succéda à partir de 1960 et dirigea le Centre de Style de Peugeot pendant 20 ans.
A noter que la Peugeot 403 reçut quelques coquetteries esthétiques dont une magnifique mascotte, un lion chromé qui fut retiré en 1958 pour éviter de blesser un piéton ou un cycliste. Il fut remplacé par une baguette chromée longitudinale implantée au milieu du capot. Le nec plus ultra en matière d’esthétisme fut l’accès au réservoir d’essence, dissimulé derrière le feu arrière gauche.




La gamme Peugeot 403 : un rendez-vous avec le succès
Le lieutenant Columbo déclara dans plusieurs épisodes que sa voiture française était rare. Effectivement, entre septembre 1956 et avril 1961, la Peugeot 403 cabriolet ne fut assemblée qu’à 2 050 exemplaires, les autres variantes de carrosseries connaissant un très intéressant succès. La Peugeot 403 berline 8cv fut produite à 655 935 exemplaires réalisés entre avril 1955 et novembre 1966 et la Peugeot 403 berline 403/7 (7 pour 7cv fiscaux) à 201 705 exemplaires assemblés entre octobre 1959 et novembre 1966 (lancement de la motorisation diesel en octobre 1959 et de la motorisation essence complémentaire en mars 1960). La Peugeot 403 break fut construite à 154 421 exemplaires produits entre septembre 1956 et septembre 1962, y compris la Peugeot 403 fourgonnette tôlée disponible à partir d’octobre 1959 tandis que la Peugeot 403 pick-up et ses dérivés furent commercialisées à 185 349 exemplaires construits entre octobre 1956 et mars 1967.
Il faut savoir tout de même que cette voiture fut la première Peugeot à dépasser le seuil d’un million d’exemplaires, 1 199 460 plus précisément. Elle fut assemblée dans l’usine de Sochaux en France, mais également en Australie, en Argentine et en Nouvelle Zélande. Le secret d’un tel succès résidait dans sa grande fiabilité dès sa mise sur le marché.




Les évolutions de la Peugot 403
La Peugeot 403 reprenait des solutions techniques éprouvées : moteur 4 cylindres de 1468cm³ muni de soupapes en tête implanté longitudinalement à l’avant, roues avant indépendantes à lames transversales, direction à crémaillère, pont rigide arrière muni de ressorts hélicoïdaux, freins hydrauliques à tambours, boîte à vitesses 4 rapports totalement synchronisée, sièges avant transformables en couchettes, 6 places confortables… Fin 1955, une variante de base devint disponible : elle était démunie du toit ouvrant et de l’accoudoir arrière. Le lave-glace fut équipé de deux buses au lieu d’une seule. Entre septembre et octobre 1956, cinq carrosseries complémentaires furent ajoutées.
La Peugeot 403 cabriolet, celle de l’Inspecteur Columbo, était équipée d’une structure renforcée, de portières allongées, d’un intérieur en cuir et d’épaisses moquettes. Son empattement était également de 2,66m et sa longueur de 4,47m. Le pare-brise était surbaissé de 3cm et la paire d’antibrouillards complémentaire contenait les clignotants et les feux de position. Le taux de compression de son moteur était porté de 7 à 7,4, la puissance de 58ch SAE à 4900tr/mn à 60ch SAE à 4900tr/mn, le couple de 101Nm à 2500tr/mn à 107Nm à 2500tr/mn, la vitesse maximale de 130km/h à 140km/h. En octobre 1958, elle adopta les moteurs standards de la berline, la cylindrée de 1468cm³ étant reconduite. Bien entendu, ses performances s’alignèrent sur celles de la berline.




En même temps, fut lancé le break en versions Peugeot 403 break commerciale (2 rangées de sièges) et Peugeot 403 break familiale (3 rangées de sièges pour 8 personnes). L’empattement fut porté de 2,66m à 2,9m pour une longueur de 4,61m. Les ressorts hélicoïdaux arrière furent remplacés par des ressorts à lames longitudinaux. La vitesse maximale était réduite de 5km/h, à 125km/h. Furent également introduits le châssis-cabine et le pick-up dénommé communément et affectueusement « camionnette », d’une longueur de 4,55m. Ils étaient équipés à l’arrière de ressorts à lames longitudinaux. L’arrivée de ces variantes entraîna le retrait des flèches mécaniques de changement de direction au profit des clignotants.
En 1958, la Peugeot 403 se vendit sur le marché nord-américain et plus abondamment dans les pays européens. Sa puissance s’exprima en SAE gross et en DIN, le couple en gross et net. La même année, les essuie-glaces parallèles furent adoptés et les utilitaires pouvaient être équipés d’un moteur 4 cylindres diesel Indenor de 1816cm³ à l’instar du break commercial. L’embrayage électromagnétique Jaeger fut disponible en option sur la berline et le cabriolet entre 1958 et 1960.
En 1959, la calandre des utilitaires fut simplifiée. En complément de la berline, le break dénommé Peugeot 403 Station Wagon devint disponible sur le marché nord-américain. Dès octobre 1959, la berline et le break familial pouvaient être équipés du moteur diesel Indenor, une première en France pour une voiture produite en série ! A partir de mars 1960, équipée d’une calandre simplifiée, la berline pouvait être munie du moteur de la Peugeot 203 de 1290cm³. En 1963, la berline Peugeot 403 munie du 1468cm³ reçut une calandre simplifiée munie de deux baguettes horizontales. Le 28 octobre 1966, la dernière berline sortit des chaînes de production, le stock étant écoulé jusqu’en novembre 1966.

Conduire une Peugeot 403 : un vrai plaisir !
La Peugeot 403 cabriolet est la plus désirable, mais son prix, pour un exemplaire en parfait état, dépasse allègrement les 30 000€. La Peugeot 403 berline est beaucoup plus accessible. Sur les trois motorisations disponibles, le 1468cm³ est de loin le plus onctueux. Il consomme 9 litres aux 100km contre 8 litres pour le 1290cm³. Le coffre offre un volume intéressant : 550 litres. Son intérieur l’est également : 6 personnes peuvent être installées. Dans l’habitacle, le volume ne manque pas : la largeur aux coudes et la hauteur de toit sont très satisfaisants. Le tableau de bord est tout simplement magnifique : il est en métal, net et propre sans protubérance. Un Saint-Christophe aimanté a toute sa place ! Son dessus et son dessous offrent deux lignes horizontales rembourrées, généralement assorties à la couleur de la sellerie, utiles pour assurer une sécurité passive. Il n’y a pas de compte-tours, mais l’instrumentation est complète et les 5 afficheurs rectangulaires implantés au bas sont bien agréables à regarder : température de l’eau, niveau du carburant, compteur kilométrique, ampèremètre et horloge. Le lion est implanté au centre du volant et c’est magnifique quand un autre est implanté sur le couvercle de la boîte à gants. Contact, réglage du starter et bouton appuyé, le bruit du moteur n’est pas désagréable. La direction est légère et précise : 9,5m de diamètre de braquage. Le moteur monte facilement dans les tours et la vitesse maximale de nos routes départementales est très rapidement atteinte. Le levier implanté sur la colonne de direction est facilement manipulable grâce à la boîte à vitesses 4 rapports parfaitement synchronisée. Le confort est appréciable. La tenue de route et la prise de roulis sont parfaitement en adéquation avec la puissance et le couple du moteur. Le chauffage fonctionne parfaitement. Quant aux freins à tambours, s’ils sont périodiquement soufflés, ils s’avèrent très efficaces. Bref, si les voitures électriques se généralisent, orientation qui entraînera la disparition des réparateurs monomarques, la Peugeot 403 berline sera une bonne alternative pour se déplacer dans la campagne au regard de sa facilité d’entretien, de sa grande fiabilité et du plaisir de conduite qu’elle procure. Il est à noter qu’il existait une variante, la Peugeot 403 4 portes découvrable, certes difficile à dénicher !





Coup de projecteur sur les Peugeot 403 spéciales
Comme la gamme Peugeot 403 n’incluait pas de coupé, les carrossiers français exploitèrent cette opportunité. Cela donna de magnifiques voitures qui sont très recherchées par les collectionneurs à l’image de cette incroyable Peugeot 403 Coupé Darl’Mart assemblée qu’en 4 ou 5 exemplaires, entre 1956 et 1957 !





Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
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