L’événement le plus important de ce mois d’août n’est d’autre que le Tour Auto 2021 Optic 2000 qui s’élancera de Paris, le mardi 31 août 2021 après une exposition statique d’une journée ouverte au public qui se tiendra au Grand Palais Ephémère, la veille ! Cette année, après avoir couvert le lancement de l’édition 2019 et de l’édition 2020, ABSOLUTELY CARS s’est penché sur le passé de cette compétition qui s’inscrit dans la continuité de l’un des plus anciens événements automobiles du monde : le Tour de France Automobile ! Aujourd’hui, il est difficile de deviner ce qu’était ce Tour de France en voitures. Pourtant, les quelques vidéos qui nous restent, nous dévoilent des épreuves dignes des plus grands rallyes et des courses impressionnantes sur de mythiques circuits ! Retournons dans le passé, quand est né le Tour de France Automobile, lors des grandes heures des sports mécaniques !
La genèse du Tour de France Automobile
Pour mieux comprendre ce qu’était le Tour de France Automobile, il faut retourner dans le passé et nous replonger à la césure des deux siècles : la fin du 19ème et le début du 20ème siècle. Cette période est animée par les innovations industrielles en tout genre. Elle inscrit le monde dans le futur par ses deux principales dynamiques : la voiture et les médias. Les premiers brevets concernant l’automobile sont déposés dès 1860, année où Etienne Lenoir protège son premier moteur à combustion interne 2 temps « à air dilaté ». Deux ans plus tard, Alphonse Beau de Rochas fait breveter le cycle thermodynamique des moteurs à 4 temps (admission, compression, explosion, échappement). En 1872, Nikolaus Otto, Eugen Langen et Gottlieb Daimler fondent la « Gasmotoren Fabrik Deutz AG », pour fabriquer des moteurs à explosion. D’un moteur à une voiture, il n’y a qu’un pas et les constructeurs florissent, parmi lesquels nous retrouvons Amédée Bollée, Edouard Delamare-Deboutteville, Carl Benz, Serpollet-Peugeot… La voiture a même une place particulière lors de l’Exposition Universelle de Paris 1889 où Gottlieb Daimler et Wilhelm Maybach exposent, sur le stand de Panhard & Levassor, la première automobile à quatre roues avec moteur à essence : leur prototype Daimler Stahlradwagen ! Les voitures sont alors un objet de luxe et une marque de standing et de distinction sociale. Henri Ford, au début du 20ème siècle, en fera un produit industriel avec sa célèbre Ford T.
Si la voiture est l’aventure de notre histoire, il n’est pas possible d’en parler sans l’associer aux courses et aux médias. Les premières courses se sont déroulées à partir de la dernière décennie du XIXème siècle. Le 22 juillet 1894, un concours pour tester les véhicules de l’époque est organisé sur un tracé menant de Paris à Rouen ! La première compétition automobile de l’histoire était née ! Et la presse écrite qui s’est développée avec l’apprentissage de la lecture, nous transmet leurs vibrations ! Le comte de Dion, Jules-Albert de Dion, ne s’y est pas trompé en fondant le journal Auto-Vélo !



De Dion-Bouton sont bien évidemment des personnages incontournables dans notre histoire. Jules Albert de Dion homme politique, est surtout connu comme pionnier de l’industrie automobile en France. Il s’associe avec George Bouton et Charles Trépardoux pour créer les automobiles Dion-Bouton. De Dion candidate dans les diverses courses automobiles et n’hésite pas à se mettre au volant de ces voitures avec succès. En 1894, il reçoit le 2ème prix de la course Paris-Rouen ! En 1898, il fonde le Salon de l’Automobile et en 1900, comme nous l’avons dit précédemment, le média Auto-Vélo.
La concurrence médiatique se porte sur les courses de vélo de prime abord. Cependant, l’Auto-Vélo n’hésite pas à participer à l’organisation des Tours de France Automobiles. En effet, son éditorialiste, Desgranges, est un visionnaire lorsqu’il écrit : « le moment est venu très proche où l’automobile va cesser d’être un plaisir de riche pour devenir un objet d’utilité presque exclusivement pratique. Toutes les courses ont pour conséquence la fin du moteur à vapeur tout en mettant en valeur la souplesse et l’endurance du moteur à explosion mais elle démontre également que la voiture gagne beaucoup à rouler sur l’air. » Sur l’air, eh oui, Desgranges fait référence à Michelin qui, en 1891, a mis au point et breveté le pneumatique avec chambre à air qui commence à équiper les roues des voitures !
Les courses mettent alors en exergue la vitesse, la puissance des véhicules, créant des champions mais pas que… Le marché des voitures reste étroit à cette époque. Il faut donc créer l’opportunité de l’achat. Le Tour de France en automobile répond à cet objectif. Il se réalise en plusieurs étapes. De grandes distances sont à parcourir sur des chemins en mauvais état et sans signalisation. En traversant la France, l’automobile grimpe, résiste à tous les temps et à tous les terrains. La presse commente chaque étape, mais en réalité, chaque article est une publicité pour l’huile utilisée, les freins, les pneus et… j’en passe. Quelle merveilleuse preuve que de réaliser ces étapes sans anicroche ! Dans les faits, les marques démontrent la solidité et la fiabilité de leur véhicule… Bref qu’ils sont vendables ! Nous retrouvons ainsi les principaux producteurs de l’époque : Panhard & Levassor, De Dion-Bouton, Amédée Bollée Fils, Mors….
Durant ce rallye, l’Auto-vélo qui deviendra l’Auto en 1903, présente la course et décrit les différents véhicules. Des salons sont préparés pour permettre au public attentif à la lecture de ces articles d’approcher leur rêve et pourquoi pas réaliser celui-ci par une commande !
Le Tour de France Automobile, une course légendaire de 122 ans !

La première course du Tour de France Automobile date de de 1899. Elle fut créée par l’Automobile Club de France et organisé par le journal Le Matin. Du 16 au 24 juillet 1899, 19 voitures et 25 motos traversèrent la France pour une course de 2216 km ou peut-être 2500km, car les distances ne sont pas évaluées de manière exacte à cette époque. En tout cas, c’est une véritable épreuve digne des 12 Travaux d’Hercule puisque seulement 9 voitures arrivèrent au bout de ce voyage ! René de Knyff fut sacré vainqueur dans sa Panhard-Levassor. De Nancy à Nantes, de Périgueux à Cabourg, le journal mène une grande campagne de communication pour faire connaître cette course : des concurrents prestigieux sont inscrits, un prix exceptionnel est remis aux vainqueurs et il y a même un concours de photographie ! Alors que le succès semblait incertain, la course devient populaire !
L’Automobile Club de France renouvelle cet évènement en partenariat avec le journal “Les Sports“, dans un format 100% régularité, en 1906, puis en 1907 et en 1908. Le tracé comporte alors 4000km et les voitures qui en viennent à bout, réalisent un véritable exploit contenu des routes et des automobiles de l’époque. Le Tour de France Automobile revient en 1912, puis en 1913, la dernière édition de ce début du 20ème siècle avant qu’éclate la Première Guerre mondiale… Les photos d’archives que nous pouvons trouver nous permettent d’imaginer ce que fut ce Tour de France Automobile de 1913 : un tour qui traverse plaines et vallons, mais aussi des routes – que dis-je – des chemins de montagnes. Lors de ce parcours, les pilotes et les voitures sont mis à dure épreuve, rendant la chose encore plus héroïque !





Bien qu’il y eut une édition anecdotique en 1914 avec un nombre dérisoire d’engagés, il fallut attendre 1922 pour que le Tour de France Automobile soit relancé, sous l’impulsion du journal L’Auto. Les concurrents se disputèrent la pôle position sur douze étapes et près de 3 687km de régularité où se mélangeaient encore voitures, voiturettes et motos ! L’événement est répété alors chaque année, de 1923 à 1926. Après quelques années de pause, il reprendra en 1929 jusqu’en 1937. Hélas le succès n’est pas là et la Seconde Guerre mondiale stoppe tous ces événements.
Nous devons la renaissance du Tour de France Automobile à l’Automobile Club de Nice Côte d’Azur qui limitera les futurs tours uniquement aux voitures. Les premières épreuves de vitesses y sont également incluses, mettant celles de régularité au second plan. Ainsi avec la création de ce format hybride mêlant courses de route et confrontations sur circuit, le Tour de France Automobile devint une compétition unique en son genre ! Avec ces changements, l’événement obtiendra un franc succès avec près de 97 participants pour sa première édition en 1951. Elle prendra alors le nom de 1er Tour de France Automobile : Critérium International (alors qu’en réalité, il s’agit de la quinzième édition si nous comptons les éditions de l’avant et de l’entre-deux-guerres). Preuve de cette renommée grandissante : 108 équipages s’inscrivent pour Tour de France Automobile 1952 et 114 pour l’édition 1953, si bien que les organisateurs doivent réaliser deux catégories : les voitures de sport et les voitures de série. C’est par ce biais qu’arrivent les voitures populaires sur le Tour de France Automobile à l’instar de la Citroën 2CV ou de la Renault 4CV ! L’édition de 1955 sera annulée, suite à la catastrophe du Mans ayant entraînée l’interdiction du sport automobile en France. Le Tour de France Automobile revient l’année suivante et sera réitéré chaque année !



Avec les années 1960 et le développement des “spéciales routières”, le Tour de France Automobile connaîtra ses grandes heures de gloire, attirant les plus grandes marques et les meilleurs pilotes de l’époque ! Les foules se pressent sur le bas-côté des routes pour apercevoir Rauno Aaltonen, Jean-Pierre Beltoise, Lucien Bianchi, Bernard Darniche, Patrick Depailler, Vic Elford, Gérard Larrousse, Willy Mairesse, Timo Makinen, Henri Pescarolo, Jo Schlesser ou encore Maurice Trintignant ! À la suite de difficultés matérielles, l’Automobile Club de Nice doit, hélas, renoncer à organiser cet événement et le Tour de France s’arrête. C’est donc à son apogée que le Tour de France Automobile se conclut en 1965 avec sa 14ème édition.
En 1969, grâce au pilote Bernard Constant, le Tour de France Automobile réapparaît au calendrier. Si cette course reste populaire auprès du grand public, elle n’attire que peu de champions. Les marques, quant à elles, en profitent pour y faire homologuée leurs modèles. Chaque année voit alors défilé les nouveaux prototypes à l’instar des Matra 650, des Ford GT ou encore des Ferrari 512 !



En 1972, la compétition s’inscrit même dans le championnat d’Europe des conducteurs, même si les prototypes n’y sont plus admis ! En 1973, pour donner un coup de fraîcheur à l’épreuve, les organisateurs incluent le “Groupe 5 TA” qui ramène de nombreuses voitures de rallye du Groupe 4 à l’image des Lancia Stratos ! Cette nouvelle catégorie attire aussi des grands noms à l’image de Bernard Darniche, Jean-Claude Andruet, Jacques Alméras, Jean-François Mas, Christine Dacremont, Michèle Mouton, Jean Ragnotti… L’attraction est tel que l’événement fait partie prenante du Championnat d’Europe des rallyes, puis du Championnat de France des rallyes avec 20 % de spéciales sur terre ! Hélas, le Tour de France Automobile n’est déjà plus celui qu’il était. Les pilotes étrangers s’en désintéressent, le nombre de participants s’étiolent, le public et la presse sont beaucoup moins présents et les sponsors deviennent frileux… Après une lente agonie, le Tour de France Automobile prend définitivement fin avec l’édition de 1986…
Il faudra attendre 1992 grâce à une association entre l’Automobile Club de Nice et Côte d’Azur et Peter Auto pour qu’une nouvelle fois le Tour de France automobile renaisse de ses cendres. Il prendra alors un aspect plus historique, n’acceptant que les véhicules ayant déjà couru entre 1951 et 1973. En 1997, il prend le nom de “Tour Automobile Historique” qui deviendra, dès l’année suivante, le “Tour Auto” ! C’est ainsi que depuis, nous pouvons admirer ces bolides et ces voitures mythiques lors de cet événement, chaque année. Habituellement exposées sous la nef du Grand Palais, en 2021, elles investiront le Grand Palais éphémère, sur le Champs-de-Mars, où elles seront visibles du grand public le lundi 30 août 2021.
Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & Fanny CARICONDO
Crédit Photos : Photos d’archives
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