La Ford Sierra fut présentée le 22 septembre 1982 au British International Motor Show de Birmingham, puis le 30 septembre 1982 au Salon de l’automobile de Paris. Elle fut assemblée dans de nombreuses usines : Cologne en Allemagne, Dagenham en Angleterre, Cork en Irlande, Genk en Belgique, General Pacheco en Argentina, Lower Hutt en Nouvelle Zélande, Pretoria en Afrique du Sud, Valencia au Venezuela. 3 millions de Ford Sierra furent vendues, le reflet d’un lourd labeur et de l’application de l’amélioration continue. ABSOLUTELY CARS vous invite à redécouvrir cette voiture dessinée par le designer allemand Uwe Bahnsen et le designer provençal Patrick Le Quément.

La Ford Sierra vers la montée en gamme nécessaire pour Ford
Après la Seconde Guerre mondiale, peu de constructeurs proposèrent en Europe occidentale des voitures de tourisme low cost, Ford avec ses propulsions munies d’un essieu arrière rigide, fiables, suffisamment motorisées et spacieuses pour transporter une petite famille, Daewoo et Dacia. En effet, les entrées de gamme Ford Escort et Ford Taunus / Cortina offraient un prix d’acquisition extrêmement contenu, mais consommaient bien plus qu’une voiture populaire sous-motorisée. Acheter une de ces deux automobiles revenait à considérer le surplus de consommation d’essence comme un crédit. Après le second choc pétrolier, Ford voulut monter en gamme, quitte à réaliser moins de volume, mais en dégageant de la marge. La Ford Escort 3ème génération, disponible à partir du 26 septembre 1980, était devenue une traction munie de 4 roues indépendantes et était fort désirable. En septembre1981 au Salon de l’automobile de Francfort, fut présenté le concept car Ford Probe III. Il était le fruit d’un travail commun des designers Uwe Bahnsen (1930-2013) et Patrick Le Quément (1945-….). Il préfigurait la future Ford Sierra, mais également toutes les voitures réalisées par les autres constructeurs. Son Cx était de 0,22, contre 0,45 pour la Ford Taunus / Cortina, 0,34 pour la Ford Sierra. Les portières étaient de type autoclave, les gouttières de toit et les essuie-glaces sur les phares (alors à la mode) étaient absents, les lave-phares étaient présents. La gestion de l’encadrement des glaces latérales était innovante. Pour rendre une voiture fort jolie, le mieux, c’était de retirer l’encadrement des glaces latérales à l’instar de la Citroën DS, du duo Renault 15 /17, de la Fiat X 1/9. Au début des années quatre-vingt, les portières étaient assemblées, le bas en tôle supportant un cadre de vitre réalisé à partir de profilés soudés. Sur le concept car Ford Probe III, elles étaient réalisées d’un seul tenant !

La Ford Sierra se lance
En 1982, fut dévoilée la Ford Sierra avec trois carrosseries, la berline liftback 3 portes en versions Base, L et Special, la berline liftback 5 portes en variantes Base, L, Special, GL et Ghia, le break 5 portes en versions Base, L, GL et Ghia. La plate-forme était commune, équipée des 4 roues indépendantes et de freins à disques à l’avant. L’empattement était de 2,61m. Les longueurs varièrent au gré des versions et millésimes, 4,39m à 4,46m pour la berline 3/5 portes, 4,49m à 4,54m pour le break. Par rapport au concept car Ford Probe III, les portes autoclaves avaient disparues et les gouttières de toit étaient présentes. La version Ghia se distinguait par l’absence de calandre, la présence de roues en alliage, des vitres électriques, les appuis-tête arrière, de la sellerie velours, de l’accoudoir arrière. Le toit ouvrant manuel, le toit ouvrant électrique, le verrouillage centralisé, la sellerie cuir, la peinture métallisée, les lave-phares, le dégivrage rapide du pare-brise, l’ABS, voire la direction assistée selon la motorisation, constituaient les options. La grille tarifaire était également fort différente de celle de la Ford Taunus / Cortina.
Trois boîtes à vitesses étaient proposées : manuelle 4 rapports (imposée sur le 4 cylindres de 1,3 litre), manuelle 5 rapports (imposée sur le 4 cylindres diesel Peugeot de 2,3 litres), automatique 3 rapports. Malheureusement la Ford Sierra était un ange, voire désespérément placide. Le 0 à 100km/h était franchi en 18,1s avec le 1,3 litre, minimum 14s avec le 1,6 litre, 19,1s avec le 2,3 litres diesel (16,4s avec le 1,8 litre turbo diesel disponible entre 1990 et 1992), ces données étant valables pour la berline 3/5 portes équipée d’une boîte à vitesses manuelle, le break n’étant pas proposé avec le 1,3 litre. Les V6 Cologne de 2 litres et 2,3 litres n’étaient pas convaincants. Le 4 cylindres en ligne de 2 litres dans sa configuration 105 chevaux, permettait de descendre sous les 11 secondes, 10,4s plus précisément. Son Cx de 0,34 et son poids contenu permettaient de jolies vitesses maximales. Mais les consommations étaient d’une toute autre époque. En usage normal, elles étaient largement supérieures à celles d’une Citroën BX, sa concurrente naturelle. Avec une esthétique qui désorientait la clientèle traditionnelle Ford, un flop commercial pouvait être envisagé, hormis en Allemagne dont la clientèle appréciait son originalité stylistique.

La Ford Sierra 2.8 XRi, le nécessaire porte drapeau
En mai 1983, apparut le coupé Ford Sierra 2.8 XRi. La berline 3/5 avaient une hauteur de 1,41m ; le break, de 1,44m ; le coupé, de 1,39m. Avec un Cx de 0,32, ce dernier se distinguait essentiellement par le remplacement de la grande glace arrière latérale de la berline 3 portes par une vitre courte et l’utilisation de la vitre de custode de la berline 5 portes, le montant inséré permettant de rigidifier la caisse. Son moteur était un V6 Cologne de 2,8 litres muni d’une injection Bosch K-Jetronic, associé à une boite à vitesses manuelle 5 rapports. Il délivrait 148ch à 5500tr/mn ou 150ch à 5700tr/mn selon son marché d’exportation pour un 0 à 100km/h franchi respectivement en 8,6s et 8,4s. Les freins à disques avant étaient ventilés. Le choix en matière de couleur extérieure, était le blanc, le rouge et le noir métallisé. Entre 1984 et 1985, sur la gamme standard, la boîte automatique 3 rapports fut retirée au profit d’une à 4 rapports, la réduction de la vitesse maximale passant de 8km/h à 3km/h, la réduction de la durée de franchissement du 0 à 100km/h comprise entre 2,2s et 3,2s passant entre 1,7s et 2,7s. En 1985, le V6 Cologne de 2,8 litres muni d’une injection devint disponible sur la berline 5 portes et le break en versions GL et Ghia. La même année, la Ford Sierra 2.8 XRi devint Ford Sierra 2.8 XR 4×4 en adoptant la carrosserie de la berline 3/5 portes et la transmission intégrale gérée par le système Ferguson répartissant le couple, 34% à l’avant, 66% à l’arrière.


La Ford Sierra : les restylings successifs
En janvier 1987, la gamme fut remaniée. Une petite calandre fut adoptée. La berline 4 portes d’une longueur comprise entre 4,47m et 4,5m, fut lancée. Elle était munie de portes autoclaves qui engendraient une absence de gouttières de toit. En 1989, la Ford Sierra 2.8 XR 4×4 devint Ford Sierra 2.9 XR 4×4, sa cylindrée étant portée à 2935cm3. En 1990, fut adoptée par l’ensemble de la gamme, une calandre plus importante. Les derniers exemplaires européens furent assemblés fin 1992 et écoulés jusqu’en mars 1993. La Ford Sierra connut une brillante carrière entre 1987 et 1993. Elle fut remplacée par la Ford Mondeo adoptant le style bio-design…
Au début des années quatre-vingt dix, les conductrices et conducteurs britanniques possédèrent des automobiles souvent de marques étrangères, la densité des Rover étant moindre qu’en France. Ils utilisèrent régulièrement des voitures populaires, des coupés, des roadsters même sous la pluie, ayant parfois un grand âge. La perception que nous pouvions en avoir, était qu’une combinaison de deux couleurs, bleue et rouge, et de deux modèles, Vauxhall Cavalier et Ford Sierra, représentât un quart des véhicules circulants.
Dès 1987, la berline 5 portes Ford Sierra 2.8 XR 4×4 fut réalisée en break, dénommée Ford Sierra Estate 2.8i Ghia 4×4, Ford Sierra Estate/Turnier 2.9i Ghia 4×4 dès 1989. Le V6 Cologne de 2,9 litres muni d’une injection fut disponible sur le break et la berline 5 portes entre 1989 et 1992, sur la berline 4 portes entre 1990 et 1992, en tant que propulsions.
Entre 1990 et 1992, la berline 3/5 portes exista en versions 2.0 XR4i, 2.0 XR4 4×4, 2.0 XR4i cat. et 2.0 XR4 4×4 cat., la berline 4 portes équivalente étant disponible sans pour cela porter le sigle XR4i ou XR4 4×4.

La Ford Sierra RS Cosworth, le démon !
La Ford Sierra RS Cosworth fut présentée en mars 1985, mais sa fabrication débuta en 1986. Conçue par le département SVE (Special Vehicule Engineering) de Ford avec l’aide du spécialiste anglais Cosworth, les lettres RS signifiaient Renn Sport. Son bloc moteur en fonte provenant de la Ford Sierra 2 litres. Avec un double arbre à cames, 16 soupapes, un turbocompresseur Garett et une injection indirecte, ce moteur délivrait 204ch à 6000tr/mn et 276Nm à 4500tr/mn. En 1986, dépasser les 100 chevaux par litre de cylindrée était un exploit. La transmission était confiée à une boîte manuelle 5 rapports complété par un différentiel autobloquant. Les freins à disques d’un diamètre de 283mm étaient ventilés, ceux implantés à l’arrière étaient pleins et d’un diamètre de 273mm. L’ABS était présent. Sa carrosserie était celle de la berline 3 portes. Elle fut engagée dans les rallyes et les courses de voitures de tourisme. Elle devint championne dans cette dernière catégorie en 1987. Bien entendu, la puissance du moteur en compétition fut poussée jusqu’à 500 chevaux. La Ford Sierra RS 500 Cosworth, disponible entre 1987 et 1988, préparée chez Tickford à proximité de Coventry, offrait 227ch à 6000tr/mn et 280Nm à 4500tr/mn. Le 0 à 100km/h était franchi en 6,2s au lieu de 6,8s. 5545 exemplaires furent produits dont 500 en version 227 chevaux.

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En 1988, la Ford Sierra RS Cosworth adopta la carrosserie de la berline 4 portes et fut rebaptisée Ford Sierra Cosworth. Le 0 à 100km/h avec le moteur de 204ch était franchi en 6,5s. Entre 1990 et 1992, elle fut équipée des 4 roues motrices. Son 4 cylindres de 1993cm3 turbo injection muni d’un double arbre à cames en tête et de 16 soupapes délivrait 220ch à 6000tr/mn et 290Nm à 3500tr/mn. Le 0 à 100km/h était franchi en 6,9s. La Ford Sierra RS Cosworth améliora grandement l’image de l’ensemble de la gamme et la boîte à vitesses manuelle 4 rapports fut retirée en 1990.


Les Ford Sierra spécifiques d’Afrique du Sud
En 1984, la gamme Ford Sierra d’Afrique du Sud fut coiffée par 4 versions inédites :
- la 3.0 V6 exploitant un V6 OHV Essex de 2994cm3 (93,67×72,42) délivrant 140ch à 5000tr/mn et 237Nm à 3000tr/mn, associé à une boite à vitesses manuelle 5 rapports,
- la 3.0 V6 automatique, une variante munie d’une boîte automatique 4 rapports,
- la XR6 utilisant un V6 OHV Essex de 2994cm3 délivrant 156ch à 5500tr/mn et 237Nm à 3000tr/mn, associé à une boite à vitesses manuelle 5 rapports,
- la XR8 utilisant un V8 OHV de 4942cm3 délivrant 204ch à 4800tr/mn et 330Nm à 3400tr/mn, associé à une boite à vitesses manuelle 5 rapports, la vitesse maximale était de 231km/h et le 0 à 100km/h franchi en 6,7s.
Malgré une carrosserie 5 portes liftback, le terme « Sedan » signifiant notchback était exploité.
Entre 1991 et 1993, le V6 OHV Essex de 2994cm3 fut équipé d’une injection. La puissance était de 159ch à 5500tr/mn et le couple était de 260Nm à 3500tr/mn. La berline 5 portes était dénommée Ford Sierra 3.0i RS ; la berline 4 portes, Ford Sierra 3.0i Ghia automatic.

Merkur et la Sierra
Pour le marché nord-américain, la marque Merkur fut créée et des voitures européennes furent vendues par les réseaux Mercury et Lincoln. La carrosserie retenue fut celle du coupé Ford Sierra 2.8 XRi. Sa dénomination était Merkur XR4Ti. Son moteur était sublime et économe en carburant : 4 cylindres OHC de 2301cm3 turbo injection délivrant 177ch à 5000tr/mn lorsqu’il était accouplé à une boîte à vitesses manuelle 5 rapports, 147ch à 4400tr/mn lorsqu’il était accouplé à une boîte à vitesses automatique 4 rapports. Les freins à disques à l’avant étaient ventilés et sa longueur était de 4,53m. Un des arguments de vente concerna son lieu de fabrication : Osnabrück en Allemagne, chez Karmann. Entre 1985 et 1989, ce coupé fut assemblé à 42464 exemplaires.


Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’Archives