Focus sur : La Goggomobil, la micro-car la plus populaire d’Allemagne

Non, la Goggomobil n’est pas la voiture de l’Inspecteur Gadget ! Et si sa “bouille” semble tout droit sortie d’un dessin animé, cette voiture allemande a réellement existé, produite entre 1955 et 1966. Il s’agit avant tout de la première voiture produite par Hans Glas GmbH. Connue et reconnue pour son matériel agricole et ses scooters Gogo Roller/Gogo Iseria, l’industriel Hans Glas offre, avec cette automobile, une nouvelle solution pour les foyers populaires allemands en termes de motorisation. En effet, leur objectif est de proposer un véhicule abordable et économique à la population, dans une Allemagne dévastée et divisée par les conséquences de la guerre. La Goggomobil remplit tous ses critères, surfant sur la nouvelle mode des micro-cars dont le marché est alors en plein essor ! ABSOLUTELY CARS vous invite donc, aujourd’hui, à découvrir cette micro-citadine populaire qui inspira la plus célèbre d’entre elles : la Fiat 500 !

Retour sur la naissance de la Goggomobil

Hans Glas GmbH diversifie ses activités principalement tournées vers le secteur agricole en 1951. Ce constructeur allemand lance tout d’abord un scooteur de 125/150/200cm3. Ce dernier répond au nom de Goggomobile, en référence au surnom du petit-fils du fondateur, Hans Glas. Puis rapidement, il est transformé en “Goggo Roller” tandis qu’il prend à l’étranger le nom de “Goggo Isaria”. Ce premier est un franc succès, ce qui pousse la firme à continuer sur sa lancée ! Hans Glas, via sa filiale, devient même le leader sur son marché ! Il fait alors sienne la mission de motoriser les classes populaires allemandes, destiné à réactiver le processus industriel automobile germanique !

Ainsi, en 1954, dans la ville bavaroise de Dingolfing, Hans Glas, via sa filiale “Glas Iseria”, imagine une voiture novatrice ! Petite et sans fioriture, cette voiture doit répondre aux aspects pratiques et économiques de son époque et surtout des familles modestes allemandes. En découle une berlinette 2 portes en 3 volumes, offrant un gabarit minimaliste avec ses 2,90m de long, ses 1.26m de large et ses 1.31m de haut. Elle sera présentée sous le nom de “Goggomobil T250” au Salon International du vélo et de la moto IFMA 1954, avant d’être commercialisée en mars 1955. Le modèle de présentation était alors équipé par un bicylindre droit à deux temps, monté à l’arrière, refroidi par air de 247 cm3 développant 13,5ch. La Goggomobil sera, par la suite, déclinée en plusieurs versions : le sedan (T), le coupé/cabriolet (TS), le transporter/utilitaire (TL), la limousine et le pick-up.

La Goggomobil de Hans Glas, l’économique micro-car

La production de la Goggomobil est lancée en mars 1955, reprenant tous les composants de la berline d’exposition de 1954, y compris le bicylindres de 247 cm3 monté à l’arrière développant 13,5ch, accouplé à une boîte manuelle 4 rapports (+ marche arrière). Avec un poids plume de 435kg, elle affichait alors les 72km/h en vitesse. Cette micro-car devient rapidement une voiture très populaire grâce à son côté économique. Mais pas que ! En effet, la Goggomobil T250 se veut pratique.

Tout commence dans l’habitacle qui peut accueillir deux à quatre personnes (2 adultes et 2 enfants). L’intérieur des premières Goggomobil est aussi épuré que son extérieur avec une présentation réduite au plus simple. L’accès se fait via des portières type “suicide”. Petite coquetterie : la sellerie en skaï pouvait être uni avec la couleur de caisse. Quant à l’instrumentation, elle se limite à deux cadrans (compteur de vitesse et totalisateur kilométrique), à deux commandes au volant et quelques boutons sur la tableau de bord. A noter que les vitres latérales sont manuelles.

La voiture connut un telle succès qu’en 1956, Hans Glas produisit la Goggomobil Transporter (ou Glas Goggomobil TL) à la demande du service postal fédéral allemand. Présentée au salon IFMA 1956, elle était disponible en fourgon fermé avec portes arrières doubles ou en camionnette avec hayon (le lit ouvert), ces dernières étant souvent utilisées par les services municipaux comme chasse-neige ou balayeuses de rue.

En 1957, la Goggomobil T250 reçoit plusieurs modifications de conception : double essuie-glaces, fenêtre à remontage automatique, deux motorisations complémentaires (T300 et T400)… Cette deuxième version de la berline est présentée au Salon IFMA 1957 aux côtés du tout nouveau coupé Goggomobil TS 2+2. D’une longue de 3,03m, d’une largueur de 1,37 et d’une hauteur de 1,25m, la Goggomobil TS offrait une ligne franche plus sophistiquée s’arrêtant sur des petits ailerons à l’arrière et agrémentée d’une lunette panoramique ainsi que d’une petite calandre en forme de cœur. Toujours à l’arrière, il était possible de choisir entre trois motorisations : la Goggomobil TS 250, la Goggomobil TS 300 et la Goggomobil TS 400. Car, la grande nouveauté de 1957, ce sont les cylindrées qui augmentent ! En plus du 250cm3, il y avait le bicylindre 2 temps de 296 cm3 développant 15ch accouplé à une boîte manuelle 4 vitesses (+ marche arrière) avec présélecteur électrique en option. Il offrait une vitesse de pointe à 85 km/h. Mais le plus “radical” était le bicylindres 2 temps de 395cm3 développant 20ch, toujours accouplé à la même boîte de vitesse. La vitesse maximum montait alors à 100 km/h. La tenue de route passe par une suspension indépendante.

En 1961, l’ingénieur Karl Dompert développe un nouveau moteur pour la Goggomobil avec une motorisation à 4 temps de 994cm3 développant 42ch. Ce bloc-moteur se caractérise par une innovation mondiale : une courroie de distribution crantée en association avec Continental. Le système de freinage est assuré par des tambours à commandes hydrauliques.

En 1964, l’ensemble de la gamme reçoit des portes à charnières avants conventionnelles, exceptée la Goggomobil TL dont les portes étaient coulissantes depuis 1956.

En 1965, la marque Glas (lancée en 1962) retire la Goggomobil T300 et la Goggomobil TS300 du marché. Racheté par BMW en 1966, ce sera au tour de la Goggomobil T400 et de la Goggomobil TS400 en 1967. La Goggomobil T250 et la Goggomobil TS250 disparaissent en 1969, signant la fin du modèle, mais aussi de la marque Goggomobile. Au total, 284 490 voitures ont été produites dont 214 313 berlines, 66 511 coupés et 3 667 utilitaires. Cela en fait le leader national des voitures de moins de 500cm3 !

Il faut noter que la Goggomobil fut exportée à l’étranger, notamment en France, à partir de 1957, en nombre très contingenté via le réseau Poch, sous le nom Isar. En novembre 1959, les Goggomobil T600 et T700 devinrent respectivement Isar T600 et Isar T700, devenant un modèle spécifique et à part entière. La Goggomobil allemande fut également commercialisée aux Etats-Unis avec le moteur de 400 cm3, un mélangeur automatique essence-huile et des phares à faisceau étanche de 7 pouces, ainsi qu’en Espagne où elles étaient assemblées au sein de l’usine Mungio ou encore en Australie.

Coup de projecteur sur la Goggomobil Dart

La société australienne Buckle Motors Pty Ltd a produit sous licence, de 1959 à 1961, une Goggomobil modifiée. Baptisée Goggomobil Dart, ce concessionnaire teuton, Bill Buckle, a décidé de produire sa propre caisse pour contourner les taxes d’importations. Ses dimensions sont identiques à celles du modèle original. On la reconnait par son look tout en rondeur et symbolisant un jouet, des portières en option, un parebrise issu de la Renault Dauphine, une capote en toile, une planche de bord avec un seul cadran (compteur de vitesse). Cette micro-car reprenait le châssis et les composants mécaniques de la micro-citadine allemande, auxquels se rajoutaient une carrosserie décapotable biplaces en fibre de verre. Elle a la particularité d’être sans porte et avait un petit coffre situé dans le nez ! Elle était également équipée du bicylindres à deux temps de R3L ou de R4L, monté à l’arrière. Avec un poids de seulement 380 kg sur la balance, La vitesse maximale culmine à 110km/h avec le 400cm3. Le comportement routier passe par la direction à crémaillère, les freins tambours hydrauliques et des pneumatiques 10 pouces. Conçu en 1958 et commercialisée l’année suivante, elle fut produite à environ 700 exemplaires jusqu’en septembre 1961.

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L’héritage de la Goggomobil : la marque Glas

En 1958, avec le succès de la Goggomobil, le constructeur allemand Hans Glas lance deux marques parallèles : la marque Goggomobil et la marque Glas. Cette dernière a pour but de monter en gamme afin de concurrencer les cadors du segment des berlines intermédiaires : BMW, Mercedes ou Opel. Le projet “S 1004” débute en 1961 en utilisant la structure de la Glas Isard avec son châssis acier renforcé monocoque auquel on ajoute 10cm en longueur et une transmission type propulsion. Ce sera la première voiture de série à être équipée d’un arbre à cames entraîné par courroie. Les modèles inauguraux sont les Glas 1004/1204/1300 déclinées en berline, kombicoupé et cabriolet. Les dimensions restent compactes : 3.83m de long, 2.10m d’empattement, 1.50m de large et 1.35m de haut. La Glas 1004 coupé est la première à être dévoilée lors de l’édition 1961 du Salon de Francfort et sera produite l’année suivante, suivie par la Glas 1204 en 1963 et par la Glas 1300 en 1965. Le capot abrite un bloc en position longitudinale avant, soit pour :

  • la Glas 1004/CL/TS : un 4 cylindres en ligne à carburateur inversé (ou double carbu) 1.0 (992cm3) de 42 à 63ch, refroidi par eau et accouplé à une boite 4 rapports synchronisés.
  • la Glas 1204/TS : un 4 cylindres en ligne à carburateur inversé (ou double carbu) 1.2 (1189cm3) de 53 à 70ch, accouplé à une boite 4 rapports synchronisés.
  • la Glas 1304/CL/TS : un 4 cylindres en ligne à carburateur inversé (ou double carbu) 1.3 (1290cm3) de 60 à 85ch , refroidi par eau et accouplé à une boite 4 rapports synchronisés.

L’ultime version se nomme “Kombi-limousine”, disponible sur les séries CL des Glas 1004 et Glas 1304. Elles se caractérisent par une carrosserie type break, une habitabilité optimisée, une capacité de chargement augmentée. La production de cette version dure jusqu’en 1968.

Le freinage se fait via des tambours à commandes hydrauliques, les freins à disques étant en option à partir de 1963. Côté chiffres, le 0-100 est atteint en 112.0 secondes et la vitesse maximum culmine à 160km/h. La tenue de route passe par une direction à vis, des suspensions indépendantes et bras oscillants à l’avant et à essieu rigide à l’arrière. En 1963, les déclinaisons Glas 1300/1600/1700GT viennent compléter la gamme et sont produites jusqu’en décembre 1967. Le poids des modèles varie entre 760 et 840kg sur la balance. Certaines s’offrent des résultats en course à l’image de la 8ème place et vainqueur de leur catégorie lors des 24 Heures de Spa 1964 avec une Glas 1204TS.

La Glas 2600 V8 clôt le dernier chapitre de Glas, en 1965. Dessinée par Pietro Frua et reprenant la structure de la Glas 1700, ce coupé surnommé “Glaserati” était équipée d’un V8 2.6L composé de l’association de 2 moteurs 4 cylindres 1.3, en provenance des Glas 1300GT. Il est accouplé à une boîte manuelle 4 rapports. Commercialisée uniquement durant l’année 1965, en Allemagne, Suisse et USA, on ne compte que 277 unités produites, dont un prototype Glas V8 3000.

Hélas, la rentabilité des modèles ne fut pas au rendez-vous et les comptes furent rapidement dans le rouge. L’entreprise fut finalement rachetée par BMW en novembre 1966, qui fit perdurer Glas jusqu’en 1968 en Europe et jusqu’en 1975 en Afrique du Sud, les véhicules continuant à y être produits étant les Glas Goggomobil, Glas 1600GT et Glas 3000 V8 portant alors le blason BMW.

Aujourd’hui, Dingolfing existe toujours et sert d’usine pour les modèles bavarois.

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : Photos d’archives

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