A l’image de Duesenberg aux Etats-Unis, de Maybach en Allemagne ou encore d’Hispano-Suiza en France et en Espagne, Isotta Fraschini fait partie des grands noms des constructeurs de voiture de luxe du début du XXème siècle ! Cette marque, parmi les plus nobles, est considérée par tous pour la qualité de ces véhicules, parmi les plus prestigieux du monde. Synonyme d’innovations et de performances, Isotta Fraschini s’est également démarqué dans les compétitions les plus notables, gagnant entre autre la Targa Florio en 1908 ou en se classant 2ème lors de la très difficile Coupe Vanderbilt de 1908. Les Isotta Fraschini séduiront rapidement toute l’élite mondiale, de l’homme d’état aux stars d’Hollywood ! Pour ses 120 ans, l’histoire d’Isotta Fraschini méritait donc un article d’ABSOLUTELY CARS !
Isotta Fraschini, née de l’association entre deux hommes

Le 27 janvier 1900, l’avocat Cesare Isotta (1871-1946) et le passionné d’automobiles Vincenzo Fraschini (1871-1940) s’associèrent pour fabriquer des automobiles sous licence, à Milan, sous l’entité Società Milanese Automobili Isotta Fraschini & C. Initialement, ces deux partenaires voulaient concurrencer la nouvelle société Fiat, implantée à Turin. Ils y parvinrent en étant le second constructeur italien en termes de volumes en ce début de XXe siècle !
Pour gagner du temps en matière d’études, ils jetèrent leur dévolu sur la production de Louis Renault (1877-1944) qui présentait de nombreux avantages : faibles dimensions engendrant un prix accessible pour les classes aisées, moteur De Dion-Bouton réputé extrêmement fiable, transmission selon le brevet de Louis Renault avec arbre, différentiel et cardans, le tout associé à une boîte à vitesses 3 rapports. Les autres automobiles contemporaines étaient équipées d’une ou deux chaînes de transmission. Comme aujourd’hui pour les motocyclettes, les deux écoles cohabitaient entre ceux qui défendaient les cardans et ceux qui soutenaient les chaînes de transmission.
Les Renault assemblées par Isotta Fraschini
Les deux frères de Vincenzo Fraschini, Antonio Fraschini et Oreste Fraschini, intégrèrent cette nouvelle société qui se développa en assemblant des Renault tout en intégrant de plus en plus de pièces fabriquées sur place, jusqu’à embaucher en 1905 l’ingénieur talentueux Giustino Cattaneo (1881-1973) et construire à Milan une nouvelle usine gigantesque. Entre temps, des monocylindres Aster furent montés sans pour cela être installés dans les Renault.










Les premières Isotta Fraschini conçues par Giustino Cattaneo
Giustino Cattaneo (1881-1973) réorienta totalement la destinée de la société Isotta Fraschini qui devait être le concurrent direct de Fiat. Il développa frénétiquement des solutions pour allier faillibilité et performances, notamment en matière de distribution pour les moteurs des automobiles et des avions. Ainsi, associant sportivité, luxe et aviation, Isotta Fraschini devint au regard des Italiens ce que fut Duesenberg pour les Américains, Maybach pour les Allemands ou encore Hispano-Suiza pour les Français et les Espagnols.
La voiture de course Isotta Fraschini Tipo D de 1905 était équipée d’un 4 cylindres de 17203cm³ muni d’un arbre à cames en tête développant 120ch.
Entre 1907 et 1911, la société Lorraine-Dietrich détint des parts sociales d’Isotta Fraschini qui fut une des rares entreprises, voire l’unique dans le domaine de l’automobile, à ne pas avoir fini dans le giron de Fiat.
En 1908, la boîte à vitesses 4 rapports fut généralisée avec l’Isotta Fraschini Tipo FENC, celle de l’Isotta Fraschini Tipo FE ayant 3 rapports. Dès 1909, 75% de la production était exportée. La même année, Oreste Fraschini fit équiper les voitures de freins sur les quatre roues, désaccouplés entre l’avant et l’arrière. La promotion de ces voitures était assurée par Alfieri Maserati (1887-1932).
Giustino Cattaneo développa également des moteurs d’avions, entre autres le 6 cylindres en ligne de 7,4 litres de 1915 et le 6 cylindres en ligne de 14,3 litres de 1916, la firme œuvrant dans ce domaine depuis 1909.











Les Isotta Fraschini de l’Entre-Deux-Guerres
Après le décès d’Oreste Fraschini (1867-1922), ses deux frères et Cesare Isotta cédèrent leurs parts à Giustino Cattaneo et à un financier, le comte Mazzotti. Le premier devint directeur général et le second, président de la société. Giustino Cattaneo poursuivit le développement des moteurs, mais la nouvelle direction voulut conserver une unique automobile uniquement équipée d’un 8 cylindres en ligne OHV tout en aluminium, accouplé à une boîte à vitesses 3 rapports synchronisée. L’Isotta Fraschini Type 8 fut fabriquée à 1380 exemplaires de 1919 à 1924, l’Isotta Fraschini Type 8A, à 950 exemplaires de 1924 à 1931, l’Isotta Fraschini Type 8B, à 30 exemplaires de 1931 à 1935. Depuis 1932, la firme étant détenue par le puissant groupe italien Caproni, produit principalement des moteurs diesel. Des camions munis de moteurs diesel furent fabriqués de 1934 à 1955. Giustino Cattaneo quitta la société en 1933 et fut remplacé par Giuseppe Merosi (1872-1956), ancien concepteur des premières Alfa Romeo.






Les “revival” d’Isotta Fraschini

Un premier revival eut lieu entre 1947 et 1949, avec la fameuse Isotta Fraschini 8C Monterosa, du nom de l’avenue où était implantée l’usine. Selon les sources, entre 10 et 20 exemplaires furent construits. Les difficultés financières étaient telles à ce moment-là qu’il était impossible de poursuivre la réalisation d’un modèle aussi onéreux tant au niveau de sa fabrication qu’à la vente. Cette voiture était équipée d’un V8 OHV arrière refroidi par eau. Elle possédait également des freins à tambours assistés hydrauliquement, des suspensions avant et arrière indépendantes exploitant des éléments en caoutchouc élastique, solution similaire exploitée sur l’Austin Mini, une décennie plus tard. Les carrosseries Touring étaient en aluminium.
Un second revival eut lieu sous la forme de trois prototypes : celui de 1993, celui de 1996 dénommé Isotta Fraschini T8 et celui de 1998 dénommé Isotta Fraschini T12. Tout ceci resta sans suite…








Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
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