Nous y étions : La 200ème Ronde des Bannies du 1er Juillet

Dans la région parisienne, qui ne connaît pas la Ronde des Bannies du 1er Juillet, qui se déroule chaque dimanche matin, Place Vauban, dans le VIIème arrondissement de Paris ? Peu de personnes, dans le cercle des collectionneurs de voitures anciennes, ne connaissent pas ce rassemblement. Mais savez-vous que cette manifestation organisée par Fédération Française des Automobilistes-Citoyens (FFAC) est avant tout un mouvement citoyen ? En effet, depuis juillet 2016, cette association a pour but d’informer et d’agir au sujet des différentes restrictions que subissent les automobilistes dans les agglomérations françaises (ZFE, ZCR, vignettes Crit’airs, vidéo-verbalisation…). Depuis cette date, ces amateurs de voitures anciennes et de youngtimers se réunissent pacifiquement pour montrer leur désaccord avec les nouvelles décisions qui limitent l’usage des voitures dans nos villes. A l’occasion de la 200ème Ronde des Bannies du 1er juillet, ABSOLUTELY CARS est allé à la rencontre de ces passionnés-citoyens pour les accompagner tout au long d’un parcours spécialement créé pour cet anniversaire, de Versailles jusqu’à la Place Vauban en passant par le Mémorial du Mont-Valérien.

Coup de projecteur sur la Fédération Française des Automobilistes-Citoyens (FFAC)

Rassemblant de nombreux amateurs de voitures de collection, la 200ème Ronde des Bannies du 1er Juillet n’est pas seulement un rassemblement de passionnés. C’était également un mouvement citoyen mené par la Fédération Française des Automobilistes-Citoyens, connue sous son acronyme comme la FFAC. Fondée le 21 juin 2016, suite à la publication de l’arrêté concernant la vignette Crit’air, cette association a fait sienne la lutte contre les restrictions de circulations des véhicules, des plus anciens aux plus modernes. Il faut savoir qu’actuellement ces mesures réglementant la présence des voitures dans nos agglomérations dépend de l’âge du véhicule et non de la pollution réelle émanant de ce dit-véhicule. Ainsi une Citroën 2CV avec son bi-cylindres à plat d’une vingtaine de chevaux se voit exclue tandis qu’une supercar dotée d’un V12 de 770ch a le droit de rouler, car elle est tout simplement sortie en 2018. Paradoxal, nous direz-vous ? Mais ce principe s’applique actuellement dans plus d’une vingtaine de villes françaises qui ont mis en place des ZRC (Zones à circulation restreinte) et des ZFE (Zones de Faibles Emission).

Sensible aux enjeux écologiques de notre siècle, mais aussi aux enjeux économiques et sociétaux, la FFAC fonde son approche sur la démocratie et le débat citoyen. Elle souhaite débattre de ces sujets autour de tables avec les élus, les riverains, les associations ou clubs afin d’inscrire la voiture dans un monde futur où les libertés de chacun sont préservées. En effet, face au gouvernement, aux pouvoirs publics et aux élus, la FFAC prône une écologie solidaire et constructive basée sur la liberté de circulation, un droit constitutionnel. Cette association a, d’ailleurs, déposé des recours auprès des tribunaux afin de s’opposer aux décrets radicalement punitifs mis en place par les pouvoirs publics. Pour eux, il est nécessaire de proposer des solutions rapides et durables pour satisfaire l’ensemble des usagers de la route, sans en pénaliser l’une ou l’autre partie.

En parallèle, la FFAC donne rendez-vous, chaque dimanche, Place Vauban, dans le VIIème arrondissement, aux propriétaires de véhicules concernés par ces interdictions. Le but est de se rassembler autour de cette cause qui englobe autant les véhicules désormais interdits que ceux qui le seront prochainement. Chaque rassemblement officiel donne lieu à une « ronde ». Ainsi depuis sa création, 200 « rondes » ont été réalisées et à l’occasion de la 200ème Ronde des Bannies du 1er Juillet, il pourrait sembler opportun de créer une Journée Nationale de « Lutte contre la Discrimination sur la Route ».

La 200ème Ronde des Bannies du 1er Juillet : un parcours pour la liberté de circuler

La FFAC a marqué le coup avec sa 200ème Ronde des Bannies du 1er Juillet. Pour ses adhérents et ceux qui soutiennent les valeurs défendues par cette association, un parcours spécial a été imaginé pour cette occasion unique. Pour participer à ce parcours, il fallait simplement venir avec un prospectus ou la vignette de la FFAC, accroché à son pare-brise. Ici, pas de sélection : la toute nouvelle Alpine A110 côtoie une Ford Mustang 1st génération, toutes les deux réunies sous une seule et même bannière ! Le rendez-vous était donné à 9h00, à Versailles, le long de la Galerie des Carrosses du Château de Versailles. La symbolique est là tout comme l’oriflamme vert badgé du logo de la FFAC ! A ce moment-ci, nous pouvions compter une quarantaine de voitures dont un certain nombre de modèles iconiques dont une Austin Mini, une Citroën DS, une Matra 530, une Porsche 911 ou encore une Volkswagen Coccinelle,…

Roadbook à la main, les consignes sont données : à 9h30, le cortège part d’une manière compacte, le tout dans le respect du code de la route. Pour notre part, nous nous immisçons à bord d’une Mercedes W210 de 1997 et d’une Volkswagen Coccinelle de 1958, toutes les deux conduites par des deux adhérents de la FFAC. Si la première partie de notre équipe s’en va en tête de peloton, l’autre reste à l’arrière pour clôturer l’instant !

Après avoir arpenter les rues de Versailles, le cortège a pris la direction du Mont-Valérien et de son Mémorial de la France combattante. C’est avant tout un lieu de recueillement en honneur à la mémoire des 1008 résistants fusillés au même endroit, entre 1939 et 1945. Il fut inauguré par le Président de la République, Charles de Gaulle, le 18 juin 1960. Il faut savoir que le Fort du Mont-Valérien abrite également le 8ème Régiment de Transmission, le Musée de la Colombophilie militaire ainsi que le Musée des transmissions.

C’est donc dans ce lieu extrêmement symbolique que la 200ème Ronde des Bannies du 1er juillet s’est arrêté, sur le parking, face au Mémorial. Cette halte permettait de mieux admirer l’ensemble des véhicules participants parmi lesquels nous retrouvons de nombreuses populaires européennes à l’image de l’Autobianchi A112, la Renault 4CV, la Renault 4TL, la Renault R5, la Renault R25, la Citroën DS, la Volkswagen Golf… A leur côté, nous retrouvons par exemple une Honda Civic, une Volvo 142 coupé « De Luxe », une DAF 66, une Mercedes Pagode, une Ford Mustang ou encore une Porsche 911. Un panel hétéroclite montrant que n’importe quelle voiture peut adhérer à ce mouvement citoyen.

Après un café bien chaud, il est temps de repartir en direction de Paris et la célèbre Place Vauban qui a vu naître ce mouvement, quatre ans plus tôt. Le roadbook nous fait passé le Bois de Boulogne avant de regagner les lieux mythiques de Paris à l’image des Champs-Elysées, du Trocadéro ou encore des Invalides. Bientôt se dessine la Place Vauban, déjà remplie de nombreuses voitures de collection qui ont répondu présent une nouvelle fois à l’invitation de la FFAC !

Interview exclusive de Stéphane Colonna, Président de la FFAC :

Bonjour Stéphane ! Nous sommes ravis d’avoir pu participer à cette 200ème Ronde des Bannies du 1er Juillet qui s’est tenue ce matin. Pouvez-vous nous donner votre ressenti sur cette ronde quelque peu spéciale ?

Il nous a semblé symbolique de partir du Musée des Carrosses de Versailles et de passer par le « Mémorial de la Résistance » du Mont-Valérien. Ce qu’on fait est une forme de résistance, car nous souhaitons continuer de rouler dans un pays qui nous dicte nos moyens de transports. Avec une quarantaine de voitures au départ, ce matin, ce que je retiens, c’est que les gens qui sont venus à cette ronde, nous rejoignant à Versailles, proviennent de tous les milieux sociaux. Ici, certaines voitures valent le prix d’un appartement alors que d’autres sont de très petits budgets. La ronde n’est pas un club, mais un moment de solidarité et de convivialité. Cela fait plaisir de voir l’ensemble des couches de la société rassemblées de cette façon !

La Ronde des Bannies du 1er Juillet est un mouvement citoyen avant tout. Quel est le message que vous souhaiteriez adresser à tous les passionnés et propriétaires de voitures anciennes et youngtimers ?

Premièrement, il faut savoir être solidaire : ne pas faire de ségrégation entre les véhicules anciens, youngtimers ou récents. On est tous menacé par une interdiction potentiellement croissante de circulation libre, en particulier dans une vingtaine de grandes agglomérations en France. Cela augmente chaque année. Il y aura, par exemple, dix nouvelles villes en 2021 qui seront concernées par ces restrictions. Il faut donc être proactif, venir manifester sa passion et aussi son intérêt pour la libre-circulation automobile. Cela passe par des rassemblements de type « Vauban », qui n’est pas, à l’origine, destiné proprement dit aux collectionneurs et qui est devenu le rendez-vous des amoureux de la voiture. Il faut utiliser la voiture avec modération, tout en rappelant que certaines personnes ont besoin d’un véhicule pour circuler ou aller au travail. Les mesures que le gouvernement prend depuis 2016, incitent les propriétaires soit à acheter un véhicule neuf, soit les interdire de rouler. Tout le monde n’est pas dans cet état de cause, cat le contexte économique est difficile et que les alternatives ne suffisent pas pour leurs besoins. Il est nécessaire d’aller s’informer auprès de sa mairie des différentes opinions, de lire les enquêtes publiques et ne pas attendre le fait établi.

Est-ce que les pouvoirs publics sont prêts à entendre les solutions alternatives proposées et à trouver un compromis ?

Les véhicules polluent, c’est un fait. Cependant, il y a d’autres activités qui polluent comme celles des industries ou résidentielles. Le gouvernement s’appuie sur le levier le plus facile qu’est l’automobile. Cela lui rapporte de l’argent et lui permet de se justifier auprès des instances européennes avec des actions menées pour l’écologie. Il oublie peut-être que la France rassemble près de 800 000 emplois liés à l’automobile. Si on est écologistes, le vrai message à faire passer est : « rouler moins, conserver votre véhicule » ! Mais même ce message aura un impact sur les métiers en lien avec ce secteur. Nous n’avons pas la solution. La période actuelle nous pousse vers une impasse. L’industrie automobile doit se transformer et arrêter de se baser sur une production de masse. Il faut encourager le marché de l’occasion et de la restauration que représentent des TPE/PME qui sont plus stables et qui permettent la réparation de nos voitures sur dix ans. Les garagistes implantés dans la région ont du travail pour près de deux/trois ans. Ce tissu industriel est moins fragile que ceux des pôles actuels. Ce que l’on demande est de freiner les interdictions punitives radicales, d’encourager les alternatives de transports collectives, de continuer le télétravail, de continuer à rapprocher les bureaux des habitations, de favoriser une automobile solidaire avec des véhicules adaptés à chacun et qui va durer dans le temps.

L’âge moyen français pour l’achat d’une voiture neuve est de 55,3 ans. La jeunesse préfère, quant à elle, se concentrer sur les voitures d’occasion ou encore sur les youngtimers. Quel est votre point de vue sur leur situation actuelle ?

Il y a plusieurs problèmes qui sont liés à la génération des 20-30 ans :

  • Ils ont besoin d’un véhicule motorisé, car ils sont loin de leur lieu de travail.
  • Leur budget n’est pas forcément élevé et il faut satisfaire tout le monde (Les études montrent que la jeunesse aurait un budget entre 2000 et 5000€ pour s’acheter sa première voiture, ndlr)
  • Les jeunes générations sont chargées de pérenniser le patrimoine industriel passé, mais ne trouvent pas de lieux pour exprimer leur passion
  • Les jeunes ne viennent plus dans les clubs ou groupes, car ils ne se sentent pas protéger face aux interdictions qui arrivent
  • La collection risque de disparaître avec une population de collectionneurs vieillissante et conserver ce lien est primordiale quelque soit notre âge

Merci beaucoup pour ces précisions. Et pour conclure cette interview : le mot de la fin ! Que pouvons-nous souhaiter à la « Ronde des Bannies du 1er Juillet » ?

On peut souhaiter que les gens qui viennent à la Ronde des Bannies du 1er Juillet et qu’ils sachent pourquoi ils sont là. On fait notre possible pour distribuer l’information aux nouveaux venus. Le combat est continu et l’objectif est d’arriver à la 300ème avec plus d’une centaines de véhicules réunis, sachant dores et déjà que certains viennent d’une manière spontanée ! La Ronde des Bannies a réussi à créer un évènement naturel pour tous les passionnés d’automobiles, en contrecarrant la volonté des pouvoirs publics. Elle démontre un patrimoine affectif et historique autour de l’automobile qui ne cesse de croître !

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS

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2 réflexions sur “Nous y étions : La 200ème Ronde des Bannies du 1er Juillet

  1. Bonjour, désolé de mon commentaire si je pose une question bête mais j’aimerais savoir quand aura lieu le prochain rassemblement car nous aimerions beaucoup venir. Merci de votre réponse, belle journée

    1. Bonjour Chloé,

      Merci pour votre message. Concernant la Ronde des Bannies, elle est suspendue jusqu’à nouvel ordre pour des raisons sanitaires. Si vous voulez suivre l’évolution des rassemblements des Rondes des bannies, vous pouvez aller sur la page Facebook de la Fédération Française des Automobilistes Citoyens : https://www.facebook.com/groups/parispourtous/

      Vous souhaitant une bonne journée,

      L’équipe d’Absolutely Cars

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