Discrète, la marque Innocenti a pourtant durablement marqué l’histoire automobile italienne. Si la vie de ce constructeur n’a pas été un long fleuve tranquille, racheté à de nombreuses reprises par différents groupes, celui-ci fut tout de même le 3ème producteur de voitures en Italie, à la fin des années 1960 ! Bien évidemment, il est particulièrement connu pour son Innocenti Mini, véhicule produit sous licence grâce à un accord signé avec la British Motor Corporation, propriétaire de l’Austin Mini ! Mais pas que ! Ainsi, pour ses 60 ans, ABSOLUTELY CARS rend hommage à la marque italienne Innocenti et à son créateur, Ferdinando Innocenti.

La naissance d’Innocenti
Ferdinando Innocenti (1891-1966) était un homme qui diversifiait continuellement ses activités. Dès 1920, il distribua des tuyaux sans soudure, puis à partir de 1933, il fabriqua des échafaudages tubulaires à montage rapide brevetés par ses soins dans le quartier de Lambrate à Milan. De 1947 à 1971, l’entreprise produisit des scooters sous la marque Lambretta, mais également, de 1949 à 1972, des triporteurs dénommés en Italie motocarri. Ces deux moyens de transport furent également construits en Inde. A cela, s’ajouta la fabrication des presses hydrauliques exploitées par Fiat. Il faut savoir qu’au début des années 1960, Fiat dominait le marché italien, 78% des ventes contre 9% pour le second, Alfa Romeo, 3% pour le troisième, Lancia. Ferdinando Innocenti voulut produire des voitures sans pour cela faire de l’ombre à Fiat. Le 9 août 1959, il se laissa tenter par un accord passé avec la British Motor Corporation (BMC) pour construire à Milan la compacte Austin A40 Farina, dessinée par Pinin Farina, la version britannique s’étant vendue de 1958 à 1967. Le 21 octobre 1960, fut présentée l’Innocenti A40.



Les compactes Innocenti

Pour éviter toute concurrence avec BMC, la firme ne pouvait vendre des Innocenti A40 que sur le sol italien. Dès novembre, fut présenté le spider. Dès décembre, ce fut le tour de la variante break 3 portes de l’Innocenti A40, son hayon étant associé à un rabattant inférieur. Les propulsions Innocenti A40 Berlina et Innocenti Combinata, équipées de roues avants indépendantes, d’une boîte à vitesses 4 rapports et de freins à tambours hydrauliques, se vendirent en 67 706 exemplaires jusqu’en 1967. La principale modification intervint sur le break dit « Combinata » en 1963 avec l’adoption d’un hayon mono-pièce.
Le spider était à la fois ravissant et désirable. Il fut dessiné par Ghia et produit par l’Officine Stampaggi Industriali (OSI) à Turin. Sa base mécanique provenait de l’Austin-Healey Sprite. Sans concurrent direct au sein de BMC, il fut diffusé dans l’Europe entière. En 1963, il adopta les freins à disques à l’avant et un moteur plus généreux. En 1967, il se mua en coupé. La production totale représenta 7 651 exemplaires produits entre 1960 et 1968.



En 1963, la traction BMC ADO16 devint l’Innocenti IM3 munie d’un 4 cylindres transversal, de la suspension Hydrolastic à 4 roues indépendantes, de freins à disques à l’avant. En comptabilisant les diverses variantes I4, I4S, IM3S et I5, 65 808 exemplaires furent assemblés jusqu’en 1972.
En 1964, un majestueux concept-car fut présenté : un coupé dessiné par Giorgetto Giugiaro œuvrant chez Bertone avec un V6 Ferrari muni de quatre arbres à cames en tête de 1788cm³ (77×64) délivrant 158ch à 7000tr/mn, boîte à vitesses 4 rapports et overdrive, roues avant indépendantes, 4 freins à disques, empattement de 2,32m, longueur de 4,2m. Dommage que ce coupé ne fût pas produit !


En janvier 1974, débuta la commercialisation de la traction British Leyland Motor Corporation ADO67 sous la forme de l’Innocenti Regent munie de la suspension Hydragas à 4 roues indépendantes et de moteurs transversaux particulièrement améliorés en matière de rendement, la version 1500 étant équipée d’une boîte à vitesses 5 rapports. Cette dernière série de compactes fut réalisée en 3 000 exemplaires.

Les mini-citadines et les bombinettes signées Innocenti
De 1959 à 2000, fut fabriquée la sympathique traction BMC ADO15. Innocenti la construisit de 1965 à 1975. Cette malicieuse mini-citadine était équipée d’un 4 cylindres transversal, d’une boîte à vitesses 4 rapports, même en version automatique, de freins à disques à l’avant pour les versions les plus sportives, d’une suspension à 4 roues indépendantes exploitant 4 cônes en caoutchouc ou le système Hydrolastic selon la période de production et le niveau de gamme.
En 1967, la part de marché en Italie de Fiat représenta 73,2%, Alfa Romeo, 4,6%, Innocenti, 3,9%, Lancia, 3,1%, Autobianchi, 2,6%. La nouvelle marque s’était hissée sur le podium !
De 1972 à 1976, la société appartint à la British Leyland Motor Corporation, de 1976 à 1990 à De Tomaso, de 1990 à 1997 à Fiat. Ainsi, de 1972 à 1990, ces voitures furent distribuées dans toute l’Europe occidentale. L’Innocenti Mini fut fabriquée en 10 ans en 404 916 exemplaires ! Un véritable succès !
La version Innocenti Cooper 1000 mettait 15s pour atteindre 100km/h ; la version Innocenti Cooper 1300, 12s. La plus sportive fut celle engagée dans les rallyes, le 1300 cm³ délivrait alors 105ch à 7000tr/mn. Sa vitesse maximale était de 195km/h, le 0 à 100km/h était atteint en 9,6s.



En 1974, apparut une nouvelle Innocenti Mini. Elle reprenait la plate-forme de sa devancière, ses suspensions à roues indépendantes exploitant 4 cônes en caoutchouc. Elle fut dessinée par Marcello Gandini qui œuvrait chez Bertone. Elle était équipée d’un hayon et de freins à disques à l’avant. En 1982, elle fut profondément modifiée, elle reçut des moteurs japonais Daihatsu et une boîte manuelle 5 rapports, ou 2 rapports pour la boîte automatique. Le succès ne se démentit pas, elle fut fabriquée en 392 343 exemplaires.
La version Turbo De Tomaso propose, soit, 72ch et requiert 10,8 secondes pour le 0-100, soit 68ch et atteint les 100 km/h en 11,9 secondes. Ce n’est pas la motorisation la plus faible, c’était avant tout une variante destinée à des marchés soucieux de l’environnement. La De Tomaso sans Turbo fait 71ch à 74ch. Dans les deux cas, le 0 à 100km/h est franchi en 10,5s.





L’épilogue de la marque Innocenti

Les crises économiques successives eurent raison de la marque Innocenti. L’usine de Lambrate ferma ses portes début 1993. Fiat exploita alors la marque pour diffuser des produits du groupe sur le sol italien. L’Innocenti Koral était une Zastava Koral ou Zastava Yugo, fabriquée en Serbie, la 900cm³ disposant d’une boîte 4 rapports, les autres versions ou modèles d’une boîte à vitesses 5 rapports. Le break 5 portes Innocenti Elba était une Fiat Elba brésilienne. La 3/5 portes Innocenti Mille était une Fiat Mille brésilienne qui ressemblait à une Fiat Uno. Les trois modèles proposés étaient équipés d’une suspension à 4 roues indépendantes. En 1997, la marque disparait du paysage et une page de l’histoire de l’automobile se clôt.

Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
Cet article vous a plu ? Retrouvez un autre article à lire ici : Lagonda, sur les traces de la belle voiture du Capitaine Hasting, compère d’Hercule Poirot