Se balader, flâner, découvrir…. Bref la vie parisienne et c’est ce que l’on aime, notamment quand nous tombons nez à nez avec une charmante voiture aussi rare que belle. A chaque coin de rue, se trouve peut-être cette perle rare. Ainsi avec cette rubrique « Au détour des rues parisiennes », ABSOLUTELY CARS déniche pour vous ces véhicules qui font mine de passer inaperçus, hélas sans succès… Que l’on aime les pots de yaourts, les berlines, les coupés ou les SUV, c’est un choix. Mais rester indifférent face à ces icônes européennes ou américaines est difficile. Allez, hop ! La rubrique mensuelle d’ABSOLUTELY CARS vous réserve ce mois-ci plein de surprises avec deux véhicules exceptionnels : une Volvo Amazon 122S et une Volkswagen/Bombardier Iltis Type 183.
Le coup de cœur du mois : La Volvo Amazon 122S



Lancée en septembre 1956, la Volvo Amazon est une icône automobile et l’une des voitures les plus emblématiques du constructeur suédois. Bien plus qu’une berline des années 1950, elle est la “maman” de toutes les futures Volvo de par son style remarquable et sa ligne “ponton”. Nous devons son design à Jan Wilsgaard qui la déclinera, au fur et à mesure de son histoire, en trois versions : la berline quatre portes (1956), la berline deux portes (1961) et le break cinq portes (1962). En plus de son esthétique percusseur, la Volvo Amazon est conçue pour être polyvalente, sûre et fiable, trois valeurs qui seront les futurs maîtres-mots du constructeur suédois.
En mars 1958, une version plus sportive de la Volvo Amazon 121 est commercialisée : la Volvo Amazon 122S. Cette version, très attendue par la clientèle, est dotée du même moteur B16, mais boosté : un 4 cylindres OHV 1.6L (1583cm3) 2 carburateurs de 76ch, accouplé à une boîte 3 rapports pour une vitesse maximum de 152 km/h. En 1961, la motorisation évolue. La Volvo Amazon 122S est équipée d’un 4 cylindres de 1779cm3 et passe à 80ch pour une vitesse maximale de 155 km/h. La boîte de vitesse 3 rapports se voit retravailler avec un overdrive. En 1964, la boîte automatique 3 rapports “Borg-Warner” est disponible. En 1965, la mécanique est boostée à 86ch pour arriver à une vitesse maximum de 160 km/h. La boîte de vitesse passe à 4 rapports avec ou sans overdrive électrique. En 1966, grâce à un meilleur taux de compression, la Volvo Amazon 122S gagne de nouveau de la puissance avec 90ch sous le capot pour une vitesse de pointe de 163km/h. En 1968, elle hérite de son ultime moteur, le B20, toujours un 4 cylindres OHV à double carburateurs, mais cette fois-ci de 1986cm3 pour une puissance de 100ch pouvant atteindre les 170km/h, qu’elle partagera avec la Volvo Amazon 123GT. Il l’accompagnera jusqu’à la fin de sa carrière, en 1970.
Avec la Volvo Amazon 122S, le comportement routier se veut plus sportif avec des roues avants indépendantes, des pneumatiques de 13 pouces et son poids réduit de quelques kilos sur la balance (1.1 tonnes sur la balance). Le système de freinage, quant à lui, est assuré par des tambours pour la normale, puis à disques à l’avant de série dès 1964.
La différence avec sa sœur aînée, la Volvo Amazon 121, ne s’arrête pas au moteur. En effet, même si elle est très proche esthétiquement parlant, la Volvo Amazon 122S a vu ses portières s’allonger pour faciliter l’accessibilité aux places arrières. Elle ne sera rejointe par la version deux portes qu’en 1961 avec l’apparition de la berline 2 portes (P130). La voiture photographiée par nos soins est le parfait exemplaire d’une Volvo Amazon 122S « type 130 ». A noter que la Volvo Amazon connaître un restylage, notamment de la calandre en 1965.
Au niveau de l’habitacle, la sécurité se traduit par l’installation en série de la ceinture de sécurité à 3 points. Une première mondiale ! La ventilation arrière se fait par l’entrebâillement des vitres, tandis que la banquette arrière est entièrement rabattable. En 1961 et 1965, la sellerie est complètement revue pour un meilleur confort.
Ainsi équipée et pensée, la Volvo Amazon 122S vise principalement le marché international, notamment les Etats-Unis. Dévoilée en avril 1959 au salon automobile de New-York, elle connaît un véritable succès outre-Atlantique malgré un prix haut de gamme que ses qualités intrinsèques compensent. En parallèle, Volvo la lance en compétition où elle est aussi performante que sur la route. Elle s’adjuge entre autres le titre européen en 1963 avec le pilote Gunnar Andersson tandis qu’on retrouve régulièrement son nom dans les compétions ou rallyes historiques à l’image du Monte Carlo,… En 1963, Volvo ouvre une usine au Canada pour produire la Volvo Amazon outre-Atlantique, puis en 1965, un usine en Belgique.
Fin 1966, apparaît la Volvo Amazon 123 GT qui est encore plus sportive que la Volvo Amazon 122S, car dotée des blocs moteurs B18/B20 de la Volvo P1800S. En 1967, la Volvo Amazon 122S quatre portes disparaît au profil de la Volvo 144. En 1969, ce sera au tour du break. En 1970, après 9 ans de carrière, la Volvo Amazon cède sa place après s’être écoulée à plus de 667 323 unités, dont 359 916 exemplaires pour la Volvo Amazon 22S “type 130”. Elle est remplacée par la Volvo Série 140 et ses modèles 142/144 reprenant la structure de la Volvo Amazon.

La pépite du mois : Le Volkswagen Bombardier Iltis Type 183




Le deuxième véhicule que nous avons eu le plaisir de croiser dans les rues de Paris est un Volkswagen Bombardier Iltis Type 183. Conçu par Audi pour Volkswagen à la demande de l’Armée allemande, ce tout-terrain avait la vocation de renouveler le parc automobile vieillissant des militaires germaniques de la “Bundeswehr”, alors composé de DKW Munga construits entre octobre 1956 et décembre 1968. Il y aura bien un projet d’un véhicule commun à la France, l’Italie et l’Allemagne, connu sous le nom de “Europa Jeep”, mais celui-ci ne sera jamais concrétisé. Ainsi, en 1975, le corps militaire allemand lance donc un appel d’offre. Deux constructeurs se placent : Mercedes-Benz avec son Mercedes-Benz Classe G (“Geländewagen”) et Volkswagen avec sa Volkswagen Iltis.
Volkswagen met en place, dès 1975, un projet dénommé “EA 110” et symbolisé par le “LKW 0,5 t tmil GL”. Il est dirigé par Roland Gumpert, ingénieur de renom à qui nous devons la fameuse Audi Quattro ou encore la supercar Gumpert Apollo. Dans cette mission, il est accompagné des ingénieurs Jörg Bensinger, Helmut Dotzauer et Hans Nedvidek. Ils doivent respecter un cahier des charges très strict : proposer un véhicule de moins de 4m de long pouvant porter 500kg de charge utile, fonctionner sous -30° et à plus de 40°, disposant d’une transmission 2 et 4 roues motrices, capable de franchir des pentes raides de près de 40° et des gués de 60cm de profondeur et qui pourrait être héliporté. Le Volkswagen Iltis type 183 saura répondre à tous ces critères et bien plus encore grâce à l’association de la technologie Audi, filiale de Volkswagen, et l’utilisation de pièces déjà produites en série. Efficace et moins onéreux que son concurrent, Volkswagen gagne ce contrat.
Le Volkswagen Iltis est lancée fin 1978 et l’armée passe ses commandes. Mais le constructeur allemand a déjà le regard porté autre part… sur le marché grandissant des tout-terrains. De ce fait, une version civile est présentée au salon de l’automobile de Genève 1979, puis commercialisée en parallèle. Son gabarit compact (3.88m de long pour 1.52m de large, 1.83m de haut et 22.5cm de garde au sol) en fait un véhicule polyvalent qui pourrait attirer tous les adeptes des franchisseurs. Pour preuve : en 1980, Freddy Kottulinsky et Gerd Löffelmann gagnent le Paris-Dakar au volant d’un Volkswagen Iltis. Toujours en 1980, Patrick Zaniroli et Philippe Colesse se classent deuxième et Jean Ragnotti et Georges Vaills, quatrième, ces deux équipages étant à bord d’un Volkswagen Iltis type 183. Toutefois, son prix, excessivement cher pour les civils et nettement supérieurs aux autres véhicules tout-terrain (Mercedes et Range Rover), freine durablement les ventes. En effet, le modèle se négocie à plus de 100 000frs, soit un supplément de 10% par rapport au Range Rover V8 !
En octobre 1981, Volkswagen cède ses droits de production au Canada, le Volkswagen Iltis quittant les usines d’Ingolstadt et Wolsburg pour celle de Bombardier Inc. de Valcourt. Bombardier sera dorénavant le seul à fabriquer et à commercialiser le Volkswagen Bombardier Iltis, aussi bien pour la version militaire que civile. En 1983, l’Armée canadienne commandera 1900 Volkswagen Bombardier Iltis pour renouveler sa flotte. En 1984, c’est autour de l’Armée belge d’acheter 2673 Bombardier Iltis équipés de moteurs allemands, suivie des Pays-Bas, du Cameroun et du Sultanat d’Oman. Même les Forces Françaises à Berlin s’équiperont de Volkswagen Bombardier Iltis 183 pour patrouiller le long du Mur de Berlin ! En parallèle, Volkswagen honore ses commandes allemandes avec une nouvelle livraison de 1254 exemplaires, de 1985 à 1988.

Il faut savoir que le Volkswagen Iltis possède un châssis avec longerons soudés et des portières avec vitres en verre, des éléments techniques issus des Audi 80 et Audi 100, ainsi que des Volkswagen Cox et Golf. L’habitacle se pare d’une finition réduite à l’essentiel, d’une sellerie indépendante pour 4 personnes, une prise 12V/24V et un levier de blocage de différentiel arrière (avant en option).


Côté mécanique, le Volkswagen Iltis type 183 fut équipé de deux motorisations. La première, la plus commune, est un bloc Audi 4 cylindres en ligne 1.7 (1716cm3) de 75ch. En 1987, il sera remplacé par un moteur turbo diesel Volskswagen 1,6 (1588cm3) de 69 ch. Ils sont accouplés à une boîte manuelle 5 rapports (+ marche arrière) et une 1ère courte permettant de rouler à 4 km/h (seulement si le “quatre roues motrices” est lancé). A noter que les versions du Paris-Dakar étaient équipées d’un 5 cylindres injection K-Jetronic 2.1 de 110ch puis 160ch… Une poignée de Volkswagen Iltis recevra même un bloc hybride ! Avec un poids de 1,5 tonne sur la balance, les performances sont très modestes : 0-100 en 21.0 secondes et une vitesse de pointe de 115/130km/h. Mais cela n’a que peu d’importance, car les qualités du Volkswagen Iltis type 183 sont autre part. En effet, il est reconnu pour sa robustesse, sa fiabilité et ses capacités de franchisseurs. Il peut facilement franchir les gués grâce des durites de mise à l’air remontant assez haut dans la carrosserie, une sortie d’échappement en forme de siphon et un allumeur d’essence blindé. Le comportement routier passe par une direction à crémaillère, un différentiel bloquant manuel, des suspensions indépendantes à ressorts à lames (ou amortisseurs) et des pneumatiques 16 pouces. Si la suspension à lames transversales l’empêchent d’importants croisements de ponts aux quatre roues, le blocage du différentiel de pont arrière lui donne la souplesse de tout franchir. A noter que Bombardier Inc. a rajouté un blocage du différentiel avant afin d’améliorer le débattement des suspensions. Le système de freinage est assuré par des freins à tambours assistés hydrauliquement.
Au final, en 10 ans de carrière, le Volkswagen Bombardier Iltis Type 183 a été produit à près de 16 800 exemplaires dont 64% sous le nom Volkswagen et 36% sous licence Bombardier, soit environ 6000 unités. En France, une dizaine de Volkswagen Iltis civiles furent exportées, faisant de ce franchisseur un véhicule très rare dans l’Hexagone. En 1988, ce tout-terrain laissera sa place au Mercedes-Benz Classe G qui lui succèdera au sein de l’Armée allemande.




Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
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Très belle présentation de la Volvo 122S Amazon. Cela ne me déplairait pas du tout de faire une virée dans les rues parisiennes avec cette auto. Par contre, je suis moins fan du Volkswagen Bombardier Iltis Type 183.