Saga Shooting Brake : Alfa Romeo

Si nous devons le concept de “shooting brake” et sa démocratisation aux constructeurs britanniques, dans les années 1930, le fameux break de chasse s’est également fait une place au soleil chez les constructeurs italiens d’après-guerre. Aussi bien chez Ferrari que chez Alfa Romeo en passant par Fiat ou encore Lancia… le “sportwagon” est bien présent de ce côté-ci des Alpes. Encore mieux, ils sont les pionniers de ce marché très spécial qui ouvrira ensuite la voie vers le monospace compact et le crossover à l’européenne. A l’occasion de ce cinquième volet de cette saga consacrée aux « shooting brake », ABSOLUTELY CARS revient sur les Alfa Romeo shooting brake qui ont su comme jamais trouver l’équilibre entre praticité et sportivité !

L’Alfa Romeo 6C 2500 Coloniale Viotti de 1947 ou le shooting brake fantôme

L’Alfa Romeo 6C 2500 Coloniale est en soi une voiture à part entière. En effet, il s’agit tout d’abord d’une version spéciale de l’Alfa Romeo 6C, commandée par le Ministère italien de la Défense en 1938, pour les hautes autorités gouvernementales dans les colonies. Deux prototypes voient le jour, en 1939, tous les deux fabriqués selon une technologie développée par la célèbre Carrozzeria Touring. Le pilote italien Giambattista Guidotti est chargé de tester les deux prototypes en Afrique Orientale Italienne. Le test est concluant et la production commence en 1941. Cette voiture se caractérise par ses deux roues de secours, son réservoir de carburant de 120 litres et ses quatre réserves supplémentaires d’une capacité de 70 litres d’essence. Hélas, la Seconde Guerre mondiale arrête net sa fabrication, en 1942, après 150 unités. Après la guerre, en 1947, l’une d’entre elles sera recarrossée par la Carrozzeria Viotti en shooting brake. Hélas, on ne connait que peu de chose sur cette Alfa Romeo 6C 2500 Coloniale Viotti dont il ne subsiste qu’une photo.

Les Alfa Romeo Giulia Sprint Shooting Brake des années 1960, des commandes signées Bertone

Les années 1960 marquent le renouveau des shooting brake et certaines Alfa Romeo Giulia Sprint ne manquent pas d’être transformées suite à des commandes. Imaginées et conçues par la Carrozzeria Bertone, nous ne pouvons que souligner la ligne très spéciale mais élégante de ces shooting brake Alfa Romeo Sprint 1600/2600 Coda-Lunga/Coda Shorta. La structure reprend celle du coupé auquel on ajoute une partie arrière spécifique. Bien qu’il soit difficile de savoir combien d’exemplaires furent produits, leur réalisation étant sur demande, il semblerait qu’il existe cinq shooting brake Bertone.

L’Alfa Romeo Alfasud Giardinetta de 1975, le premier shooting brake signé Alfa Romeo

Dans les années 1970, Alfa Romeo ose le shooting brake, un marché jusqu’alors largement dominé par Fiat ! Pour produire leur premier break de chasse, le constructeur italien choisit comme base l’Alfa Romeo Alfasud qui est alors l’un des best-sellers de la marque. Ainsi la gamme composée des versions berlines et coupé s’élargit au “sportwagon” qui prend le nom d’Alfa Romeo Alfasud Giardinetta. Son design a été confié à Giorgetto Giugiaro et à Aldo Montovani d’Italdesign qui dévoilent la première ébauche de leur travail dans un salon privé du Palais des Expositions de Milan, en janvier 1968. Afin qu’elle ne ressemble pas à celle d’un corbillard, la lunette arrière est retravaillée pour être plus penchée vers l’avant sans pour autant perdre du volume. Pour transformer l’Alfa Romeo Alfasud Ti en futur break, le châssis est renforcé au niveau du passage de roues, à la hauteur de l’essieu afin d’en augmenter la rigidité.

Le break de chasse est fin prêt en juin 1975, mois où il est présenté à la presse, à Naples. Hélas, il a du mal à convaincre, ressemblant plus à une fourgonnette à cause de son profil cubique. Pourtant il a de quoi séduire ! Facilement accessible, avec un seuil exceptionnellement bas, sa banquette arrière rabattable lui fait bénéficier d’un volume de 600 litres quand elle est relevée et de 1300 litres quand elle est rabattue ! En comparaison, la berline n’a qu’un volume de 370 litres. De plus, il est possible d’arrimer avec des sangles n’importe quel chargement via des attaches se trouvant les passages de roues : une première pour l’époque ! Bref tout a été pensé pour un usage quotidien. A noter que l’habitabilité générale est conservée et optimisée, à l’image des sièges avant type baquet tout comme la motorisation, à savoir soit le 1.3 de 68ch, soit le 1.4 de 71ch, tout deux associés à une boîte mécanique 5 rapports. Mais comme il était à craindre : le succès n’est pas au rendez-vous, le shooting brake n’étant pas plébiscité par la clientèle transalpine. Trop chère par rapport à ces concurrentes, la Ford Escort Break et la Fiat 131 break, l’aventure s’arrête en 1980, avec seulement quelques centaines exemplaires vendus.

L’Alfa Romeo Alfetta Tour de 1976, le prototype qui n’a jamais été produit

Dans les années 1970, d’autres projets de shooting brake fleurissent. L’un entre eux est l’Alfa Romeo Alfetta Tour. En 1976, alors qu’il travaille pour Bertone, Marcello Gandini imagine un shooting brake 4 places reposant sur l’Alfa Romeo Alfetta. Le concept-car final conserve la structure du modèle initial auquel s’est ajoutée une partie arrière retravaillée type “sportwagon”. Proposé à Alfa Romeo, la marque de Milan n’en lancera jamais la production en série.

L’Alfa Romeo Z33 TL, une nouvelle vision

Dans les années 1980, Alfa Romeo lance un nouveau modèle : l’Alfa Romeo 33. Pour des soucis d’économie, la belle reprend la même plateforme que l’Alfa Romeo Alfasud tout en améliorant les défauts et sera largement déclinée en berline, en 4×4 ou encore en shooting brake. Cette dernière déclinaison est confiée aux bons soins de Zagato Industrial Design, une filiale spécialisée dans la conception et la construction de véhicules spéciaux. Le rendu doit être innovateur avec la meilleure habitabilité possible. Pour cela, Zagato utilise la plateforme de l’Alfa Romeo 33 Quadrifoglio Oro. Bien que l’empattement reste identique, à savoir 2,45m, le gabarit est rallongé pour être de 4,00m, 1,72m de large et 1,60m de haut. Dotée d’une carrosserie surélevé, le prototype possède une silhouette simple et profilée avec une élévation originale de l’arrière et un toit panoramique. A l’intérieur, nous retrouvons six vraies places ainsi qu’une septième place d’appoint avec sièges rabattables ou amovibles. L’Alfa Romeo Z33 TL était née ! Le concept-car est dévoilé en 1984, au Salon de l’automobile de Genève. Un vent de stupéfaction souffle alors sur le salon suisse. Alfa Romeo préféra donc de la laisser dans les cartons jusqu’à ce que Zagato retravaille le véhicule. Il décide de prendre la plateforme 4×4, de l’allonger de 8cm, et d’y intégrer une motorisation hybride à transmission intégrale (1.5 de 95/105ch + bloc électrique). Cette deuxième tentative se solde de nouveau par l’abandon du projet. Dommage, mais pas tant pis puisqu’avec l’Alfa Romeo Z33 TL, Alfa Romeo venait d’installer les bases du monospace compact.

L’Alfa Romeo 2000 Station Wagon, l’autre Zagato

En 1984, au Salon de l’automobile de Genève, aux côtés de l’Alfa Romeo Z33 TL, se tenait un autre shooting brake sur le stand Zagato : l’élégant Alfa Romeo 2000 SW. Ce break de chasse a comme base l’Alfa Romeo Alfetta en version berline dont il en garde les dimensions. Il se voit équipé d’un porte-bagages décomposable, de sièges arrière fractionnés rabattables, des feux arrière de la Fiat Uno et d’une instrumentation à cadrans noirs. Toutefois, l’Alfa Romeo Alfetta est vieillissante et Alfa Romeo est déjà tourné vers les années 1990. Il en reste un joli prototype.

L’Alfa Romeo 164 Station Wagon de 1987, un shooting brake pour les Etats-Unis

Lancée en septembre 1987, l’Alfa Romeo 164 est la première voiture produite sous l’égide du groupe Fiat-Lancia. Comme tant d’autres avant elle, elle n’échappera pas à sa déclinaison “break de chasse”. Le projet est confié à Pininfarina. L’idée est de l’exporter outre-Atlantique, mais le prototype restera à l’état de concept. Le résultat final va conserver la configuration 4 portes et sedan.

L’Alfa Romeo 156 SW de 1998, le break de chasse qui se veut être un modèle distinct de la berline

A la fin des années 1990, Alfa Romeo lance l’Alfa Romeo 156 qui doit symboliser le renouveau de la marque. Comme pour les précédents modèles, la question du shooting brake revient, surtout sachant que le marché du break est alors en plein expansion. Le designer Walter De Silva, à qui nous devons la berline, réalise les premières esquisses. Le but est de concevoir un modèle à part entière et non plus un coupé allongé avec un hayon. Ainsi naît l’Alfa Romeo 156 Sportwagon. De la berline, elle en garde le châssis qui se voit rigidifier et les dimensions : 4,43m de longueur, 1,498m de largeur et 1,42m de hauteur. Le résultat est remarquable : elle ne gagne que 50kg ! La présentation reste sportive et pratique avec une sellerie semi-baquet, une banquette arrière rabattable et une finition assez légère. Quelques innovations soupoudrent l’ensemble à l’instar des poignées noires des portières arrière dissimulées dans l’encadrement de la vitre latérale. A noter que l’Alfa Romeo 156 SW est un shooting brake pas comme les autres puisque son coffre est légèrement plus petit que celui de la berline, mais qui se veut “modulaire”, passant de d’un volume de 360 à 1180 dm3 en un clin d’œil. Pour le tout, un supplément 1150 € était demandé, à même motorisation, pour s’offrir ce shooting brake.

L’Alfa Romeo TZ3 Corsa Zagato, une voiture pour un centenaire

En 2010, Alfa Romeo fête son 100ème anniversaire tandis que le designer Zagato souffle ses 90 ans. Les deux entités célèbrent cela en imaginant l’Alfa Romeo TZ3 avec deux voitures distinctives. La première, l’Alfa Romeo TZ3 Corsa Zagato, est dévoilée lors du Concorso d’eleganza de la Villa d’este. Issue de la collaboration de Zagato et du Centro stile Alfa Romeo, elle a été retravaillée par Norihiko Harada. Plus qu’un concept, elle veut anticiper les lignes futures de la voiture de route tout en gardant un esprit compétition avec son arrière haut et tronqué. Identifiable par un nouveau logo et une ligne inchangée, sa structure opte pour un châssis en acier et une carrosserie aluminium léger/carbone entièrement fait main. Elle est même gratifiée d’une récompense : celui du “Concept de Design” ! Sous le capot, nous retrouvons un V8 Maserati 4.2 de 420ch ou un V10 8.4 Dodge de 608ch, en position central avant, accouplé à une boîte mécanique 6 rapports. Les chiffres annoncés sont impressionnants : le 0-100 abattu en 3.6 secondes et 325km/h en vitesse de pointe. L’ensemble pèse entre 850 et 1450kg sur la balance. De la conception à la réalisation, Alfa Roméo signe un exploit stylistique. Ce véhicule exclusif sera produit à 9 unités.

L’Alfa Romeo 4C Shooting Brake de 2013, un dessin particulièrement réussi

Zagato et les shooting brake Alfa Romeo est une histoire d’amour qui dure à l’image de l’Alfa Romeo 4C Shooting Brake. Il ne s’agit que d’un croquis, mais il reste très réussi esthétiquement. Ainsi, sou le coup de crayon de Zagato, l’Alfa Romeo 4C se transforme en shooting Brake au sein de l’usine Maserati avec une modification du châssis et de la carrosserie qui apporte près de 240kg de surpoids, soit 1130kg. A noter que toutes ces informations ne sont que des spéculations, car il est resté à l’état de projet.

L’Alfa Romeo Giulia GT Veloce de 2016, le dernier des concept-car

En 2016, Alfa Romeo dévoile une nouvelle vision de sa moderne Alfa Romeo Giulia qui se dévoile ainsi en shooting brake sous la forme du concept-car Alfa Romeo Giulia GT Veloce. Le responsable du design, Alessandro Masera, nous offre donc une version plus pratique, tout en conservant la sportivité naturelle. Elle se dote d’un béquet arrière. Reste à savoir si ce modèle va se transformer en série.

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’Archives

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