S’il y a bien un “artiste”, que dire, un designer à qui l’industrie automobile doit beaucoup, c’est bien à Giovanni Michelotti ! Esprit libre et autodidacte, son coup de crayon a marqué plus d’une marque, de Ferrari à Hino, en passant par Maserati ou Alpine. Des amoureux de son œuvre ont répertorié plus de 1200 véhicules différents en y incluant les concept-cars, les camions, les autobus, tous signés Giovanni Michelotti ! Après une première partie consacrée à ses collaborations avec les plus grandes marques et carrossiers italiens, ainsi qu’à ses modèles français, ABSOLUTELY CARS vous propose de continuer notre tour d’horizon de son œuvre mondiale !
Giavanni Michelotti et Triumph : une aventure “italo-britannique”
Siegfried Bettmann (1863-1951), originaire de Nuremberg, émigra au Royaume-Uni pour importer des bicyclettes, dès 1885, vendues sous la marque Triumph, dès 1886. La société fabriqua des motocyclettes de 1902 à 1980 et à partir de 1991. Cette division devint indépendante de la branche automobile en 1936. Il faut savoir que la production des voitures débuta qu’en 1923. En 1933, Siegfried Bettmann se retira et Donald Mitchell Healey (1898-1988) le remplaça. Ce dernier créa sa société, en 1945, car la Triumph Motor Company fut vendue à la Standard Motor Company. Au milieu des années 1950, Triumph ne proposait qu’un seul modèle, le roadster Triumph TR3. John Paul Black (1895-1965) décida d’investir 2 millions de livres sterling pour renouveler la gamme Triumph et fit appel à Giovanni Michelotti qui dessina de nombreuses voitures pour l’usine de Coventry.











L’Allemagne et Giovanni Michelotti : BMW et Glas

Fin 1959, BMW se trouva en grande difficulté financière, les limousines de style baroque n’étaient pas munies d’une carrosserie ponton et le magnifique roadster BMW 507 offraient des prestations en retrait par rapport à la concurrence au regard du prix. Les banquiers envisagèrent la faillite de la firme. La nouvelle BMW 700, dessinée par Giovanni Michelotti, assura son sursis. Equipée d’un 2 cylindres à plat longitudinal arrière refroidi par air, d’une caisse autoporteuse, de 4 roues indépendantes, elle fut proposée en 3 variantes, berline Sedan 2 portes, coupé et cabriolet. Elle fut produite entre 1959 et 1965.


Contre l’avis des banquiers, Herbert Werner Quandt (1910-1982) prit le contrôle de BMW. Il était le second fils de Günther Quandt (1881-1954), un des hommes les plus riches d’Allemagne, voire l’homme le plus riche d’Allemagne, son groupe possédant environ 200 entreprises dans des secteurs aussi variés que les batteries et piles, la chimie, la métallurgie, le textile… Il demanda un effort soutenu à son équipe de façon à proposer, lors du Salon de l’Automobile de Francfort de 1961, une voiture extrêmement aboutie et crédible auprès des classes aisées : 4 cylindres en ligne équipé d’un arbre à cames en tête implanté à l’avant, 4 portes, caisse autoporteuse, 4 roues indépendantes, freins à disque à l’avant. Cette propulsion se dénommait BMW 1500, elle fut la première voiture de la série « BMW Neue Klasse » et fut à l’origine de toutes les BMW actuelles !
Pour habiller cette voiture qui engageait l’avenir de la firme, Herbert Werner Quandt fit appel à Giovanni Michelotti. Sa ligne se devait d’être audacieuse, moderne et représentative.






En 1966, BMW absorba Goggomobil (1955-1969) et Glas (1958-1968). Les 4000 ouvriers et collaborateurs de Hans Glas continuèrent à œuvrer dans l’usine de Dingolfing qui devint un important site de production de BMW. A noter que Giovanni Michelotti dessina, notamment, la Glas Typ 612, disponible de 1962 à 1967, en plusieurs variantes de carrosseries, berline 2 portes, coupé, cabriolet, break 3 portes, exploitant, pour la première fois, une courroie crantée pour entraîner l’arbre à cames en tête.
Hino et Prince : une escapade au Pays du Soleil Levant


La Hino Heavy Industry Company fut fondée en 1942, à Hino, près de Tokyo, pour fabriquer des moteurs diesels destinés à la marine japonaise. Après la Seconde Guerre mondiale, la marque Hino fit des autobus et des camions. En 1953, commença la production des automobiles équipées de 4 cylindres montés à l’arrière et de 4 roues indépendantes, la première étant la Hino PA, clone de la Renault 4CV produite jusqu’en 1966.
De 1961 à 1964, la gamme fut complétée par la Hino Contessa 900, somme toute similaire à la Renault Dauphine, équipée d’une caisse autoporteuse. Cependant, Hino, voulant conquérir le marché européen, approcha Giovanni Michelotti qui leur dessina la Hino Contessa Sprint 900.
De 1964 à 1969, fut fabriquée la nouvelle Hino Contessa 1300, dessinée par Giovanni Michelotti tout comme la version Coupé et la version coupé Sprint. Fin 1966, Toyota prit le contrôle de Hino qui continua à se consacrer à la production des autobus et des camions.


A la fin de la Seconde Guerre mondiale, plusieurs usines et constructeurs de matériel militaire furent regroupés sur ordre du SCAP (Commandement suprême des puissances alliées) pour former “Fuji Sangyo”. Ce conglomérat se lança dans la fabrication du scooter “Fuji Rabbit” et fut divisé en douze sociétés en 1950. Fuji Heavy Industries continua la commercialisation du scooter et créa par la suite la marque Subaru. Une autre entreprise issue du démantèlement, Fuji Precision Machine Company, prit en charge la production de véhicules électriques Tama, introduits en 1947, qui furent remplacés par la Prince Sedan, une voiture à essence disponible de 1952 à 1957. En 1955, Tama Motors Company devint la Prince Motor Company. En 1959, furent lancées la lignée “Prince Skyline” et la lignée “Prince Gloria“. Au début des années 1960, la production fut transférée de Mitaka à Musashimurayama. En 1966, Nissan prit le contrôle de Prince qui disparut en 1968, les deux dénominations des modèles continuant néanmoins à être exploitées.
Pour conquérir le marché européen, Giovanni Michelotti fut approché pour dessiner la Prince Skyline Sport Coupé BLRA-3 et la Prince Skyline Sport Convertible BLRA-3.


Les autres chefs d’oeuvre de Giovanni Michelotti
Giovanni Michelotti et OSI
Arrigo Olivetti (1889-1977) et Luigi Segre (1919-1963), président de GHIA, créèrent OSI, acronyme d’Officina Stampaggi Industriali, à Turin, en 1960 ,pour œuvrer principalement avec GHIA. Cette entité fabriqua des voitures jusqu’en 1968. Quelques unes furent dessinées par Giovanni Michelotti.





DAF et Giovanni Michelotti
Le constructeur de camions néerlandais DAF fabriqua sa première voiture en 1958. Pour sa seconde série, Giovanni Michelotti fut approché et il dessina la Daf 44 (1966-1974), dénommée Daf 46, de 1974 à 1976, la Daf 55 (1967-1972), la Daf 66 (1972-1975), dénommée Volvo 66, de 1975 à 1980.

Reliant et Giovanni Michelotti
Reliant, constructeur britannique de véhicules 3 roues de 1935 à 2001, fabriqua des voitures, de 1961 à 1995 dont le modèle Scimitar GTE. Ce dernier, équipé d’une carrosserie en fibres de verre, disponible de 1968 à 1986, est sans doute le plus beau break de chasse jamais réalisé. Il fut dessiné par Giovanni Michelotti.
L’héritage de Giovanni Michelotti
Les motoristes et les designers ont rarement leurs noms apposés sur un moteur ou une carrosserie, contrairement aux carrossiers ou aux constructeurs. Giovanni Michelotti participa au sauvetage de BMW, mais qui s’en souvient ? Quelques passionnés.
Toutefois, si nous devions nous souvenir que d’une seule chose sur Giovanni Michelotti, ce serait un Coupé GT. Ce modèle extraordinaire permit à de nombreux carrossiers italiens de s’exprimer : la Maserati 5000GT, résultant de la coopération entre l’ingénieur Giulio Alfieri et le Shah d’Iran Reza Pahlavi. Construit en 36 exemplaires de 1959 à 1965, 22 furent réalisés par le Carrossier Allemano selon un dessin de Giovanni Michelotti. Un fut réalisé par l’atelier Michelotti, son châssis portant le numéro AM103.016. Cette sculpture sur 4 roues demeure l’œuvre emblématique de Giovanni Michelotti.



Article écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
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