Les automobiles sont devenues indissociables du cinéma à l’image de l’Aston Martin DB5 de James Bond ou de la Citroën SM de César et Rosalie. Mais la star de cinéma qui nous intéresse aujourd’hui n’est d’autre que la sublime Alfa Romeo Spider Duetto du film Le Lauréat ! Sous les éclairages de la scène qui soulignent ses superbes courbes signées Pininfarina, cette Italienne des années 1960 est à l’image de l’actrice principale, Anne Bancroft : belle et séduisante ! Comme le film dont elle est la tête d’affiche, elle connut le succès avec près de 6325 exemplaires produits sur les deux premières années ! En effet, présentée au Salon de l’automobile de Genève 1966, elle sera la première de quatre générations dont la rondeur fut la marque de fabrique ! ABSOLUTELY CARS vous propose de revenir sur ce symbole de la Dolce Vita dans l’insouciance des sixties.

Le film Le Laureat, une belle toile pour l’Alfa Romeo 1600 Duetto Spider


Le film Le Lauréat, également connu sous le nom de “The Graduate“, est considéré comme le premier film notable du Nouvel Hollywood, mouvement similaire à celui que connut la France avec la Nouvelle Vague. Auparavant, les films répondaient à une logique consensuelle et moraliste. Les héros hollywoodiens se devaient d’être grands, blonds, sympathiques, athlétiques, quitte à éclaircir la peau des acteurs à l’aide de maquillage. En France, les méchants se devaient d’être punis. Ainsi, un de nos acteurs nationaux, Alain Delon, mourut à la fin d’un tiers de ses films ! Le mouvement commença par des chansons dont de nombreuses furent censurées. La chanteuse américaine de folk et de blues, Malvina Reynolds (1900-1978), chanta, en 1962, “Little Boxes“, œuvre interprétée en français en 1972 par Graeme Allwright (1926-2020) sous le titre “Petites Boîtes“, chanson contestataire qui parodiait le développement des banlieues et les valeurs bourgeoises de leurs habitants.
Le film Le Lauréat était l’œuvre de nombreux débutants prometteurs. Il puise son inspiration dans le roman écrit par Charles Webb (1939-….), paru en 1963 qui intéressa Lawrence Turman (1926-….) et Mike Nichols (1931-….). Lawrence Turman, jeune producteur, débuta sa carrière en 1961 avec “Les Blouses blanches” (The Young Doctors). Mike Nichols (1931-….), jeune réalisateur, obtint, pour son premier film sorti en 1966, “Qui a peur de Virginia Woolf ?” (Who’s Afraid of Virginia Woolf ?), le titre du Meilleur film BAFTA 1967. Il fut récompensé également par de nombreux oscars, la même année : meilleure actrice pour Elizabeth Taylor, meilleure actrice dans un second rôle pour Sandy Dennis, meilleure photographie pour Haskell Wexler, meilleure direction artistique pour Richard Sylbert, meilleure création de costumes pour Irene Sharaff…
La distribution du film The Graduate fut confiée à
- Anne Bancroft (1931-2005) pour le rôle de Mme Robinson, détentrice de l’Oscar de la meilleure actrice en 1962 pour le film Miracle en Alabama,
- Dustin Hoffman (1937-….) pour le rôle de Benjamin Braddock (voix de Patrick Dewaere dans la version française), première contribution au cinéma américain,
- Katharine Ross (1940-….) pour le rôle d’Elaine Robinson, la fille de Mme Robinson.
Les musiques furent de Dave Grusin (1934-….). Les chansons de Paul Simon (1941-….) et Art Garfunkel (1941-….) furent également égrenées le long du film : Mrs Robinson, The Big Bright Green Pleasure Machine, Scarborough Fair, April Come She Will, The Sound of Silence… cette chanson ayant été interprétée en français dès 1966 par Richard Anthony (1938-2015) et Marie Laforêt (1939-2019). Ces tubes contribuèrent amplement au succès du film et réciproquement.
Le vaisseau temporel du présent vers le futur, des petites boîtes vers leurs destructions, était la splendide Alfa Romeo 1600 Spider Duetto, confiée en deux exemplaires par un importateur à Dustin Hoffman.


Dans la première partie du film Le Lauréat, les petites boîtes furent bien présentes. Le réalisateur les matérialisa dans plusieurs scènes dans lesquelles Benjamin, lauréat de la bourse de Harvard et ayant fini ses études, se retrouva coincé : dans l’avion du retour, sur le tapis roulant de l’aéroport, contre un aquarium ou déformé au travers de celui-ci, en présence de nombreux tableaux décorant les nombreuses pièces dont un enfermait la photographie d’Elaine, coincé entre une porte et une femme mûre et insistante, dans un ridicule scaphandre offert par ses parents, au fond d’une piscine…
Rapidement, Benjamin devint l’amant de Mme Robinson qui lui interdit tout échange avec sa fille. Mais celui-ci en tomba amoureux, elle qui devait se marier à un médecin. Ce film traite des thèmes comme la différence d’âge, le rejet d’une voie toute tracée, la liberté de choix et l’abandon des conventions. Vu la différence d’âge entre Dustin Hoffman et Anne Bancroft, la magie du maquillage rajeunit l’un et vieillit l’autre.
Présenté à Hollywood en décembre 1967, malgré la qualité des prises de vues et de leurs enchainements, ce film fut un flop ; présenté devant des étudiants, ce le fut également. Visionné à New York, le 21 décembre 1967, ce fut un triomphe. En France, il fut projeté pour la première fois le 4 septembre 1968 après les événements. Ce film devint emblème de toute une génération. Le 28 décembre 1967 à Colombey-les-Deux-Églises, le Général de Gaulle signa la loi Neuwirth qui légalisa la prescription libre de la pilule contraceptive et les choix pris par un couple ou une femme. Auparavant, grâce à la loi du 13 juillet 1965, les Françaises furent autorisés à travailler et à ouvrir un compte en banque sans le consentement de leur époux. C’était mieux avant, quelle absurdité…
Ce film eut énormément de récompenses :
- Oscar du meilleur réalisateur en 1968 pour Mike Nichols
- Golden Globes du meilleur film musical ou de comédie en 1968,
- Golden Globes du meilleur réalisateur pour Mike Nichols en 1968,
- Golden Globes de la meilleure actrice dans un film musical ou de comédie pour Anne Bancroft en 1968,
- Golden Globes de la révélation masculine de l’année pour Dustin Hoffman en 1968,
- Golden Globes de la révélation féminine de l’année pour Katherine Ross en 1968,
- titre du Meilleur film BAFTA 1969,
- titre du Meilleur réalisateur BAFTA 1969 pour Mike Nichols,
- titre du Meilleur scénario BAFTA 1969 pour Calder Willingham et Buck Henry,
- titre du Meilleur montage BAFTA 1969 pour Sam O’Stenn,
- titre du Meilleur nouveau venu dans un rôle principal BAFTA 1969 pour Dustin Hoffman.
L’Alfa Romeo Spider Duetto, la voiture derrière le film
Le style de l’Alfa Romeo Spider est d’une pureté incroyable et intemporelle. Elle est signée par Sergio Pininfarina (1926-2012) qui, diplômé en génie mécanique de l’École polytechnique de Turin en 1950, approfondit ses connaissances au Royaume-Uni et aux États-Unis. Cette voiture rassembla la quintessence du savoir-faire de ce créateur, cinq lignes horizontales et étirées, une au niveau des glaces latérales, deux sur les portières, deux constituées respectivement par le bas des portières et par le soubassement. Cela permettait d’allonger visuellement le véhicule.
Quatre séries furent fabriquées tout en conservant un empattement de 2,25m :
- de 1966 à 1969, chez Pininfarina, à Grugliasco, en 13 691 exemplaires dits « Duetto », sa longueur étant de 4,25m. De 1968 à 1969, la version US fut équipée d’un 1779cm³ muni d’une injection mécanique Spica.
- de 1969 à 1983, chez Pininfarina, à Grugliasco, en 51 819 exemplaires dits « Coda tronca » (à l’arrière tronqué), sa longueur étant de 4,12m. La version US fut équipée d’un 1779cm³ muni d’une injection Spica, sa longueur étant portée à 4,27m et sa cylindrée à 1962cm³ en 1971, sa longueur redescendit à 4,22m en 1975, remonta à 4,29m en 1978, l’injection électronique Bosch étant adoptée en 1981.
- de 1983 à 1990, chez Pininfarina, à Grugliasco, en 37 198 exemplaires, sa longueur étant de 4,25m. La version US avait une longueur comprise entre 4,28 et 4,29m, la variante Graduate étant disponible de 1984 à 1990.
- de 1990 à 1994, chez Pininfarina, à San Giorgio Cavanese, en 21 407 exemplaires, sa longueur étant de 4,26m. La version US avait une longueur de 4,29m.
Sa carrière fut exceptionnellement longue : 28 ans ! Mais elle demeura toujours désirable.
En Europe, l’Alfa Romeo Spider était équipée d’un 4 cylindres muni d’un double arbre à cames en tête et de deux carburateurs double corps, d’une boîte à vitesses 5 rapports, de 4 freins à disques, de roues avant indépendantes. La version automatique avait une boîte à vitesses 3 rapports.











Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’Archives
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