La Lancia Beta Berline fut dévoilée lors du Salon Automobile de Turin, en 1972, il y a 50 ans. Avec elle, souffla un vent de renouveau sur la marque Lancia, porteur d’espérance. En effet, c’est la première voiture conçue par ce constructeur transalpin suite à son rachat par le Groupe Fiat, en 1969. Si elle a pour but de garantir l’avenir économique de la société créée Vincenzo Lancia, elle se voit également attribuée le rôle de faire le pont entre le passé et le futur à l’occasion de ce nouveau départ. La plus belle référence est bien sûr son nom, reprenant les lettres de l’alphabet grec si cher au fondateur de la marque. Ainsi, Lancia renaît de ses cendres en s’intégrant dans la nouvelle stratégie de rajeunissement mise en place par Fiat, sans oublier, pour autant, ses origines ! Pour les 50 ans de la Lancia Beta Berline, ABSOLUTELY CARS revient donc sur l’histoire de cette automobile aussi rarissime que méconnue !

La Lancia Beta Berline, celle qui amorce une nouvelle ère
A la fin des années 1960, le constructeur Lancia connaît des pertes importantes se comptant en millions. Fiat lança alors une offre publique d’achat en octobre 1969 qui fut accepté. L’entreprise joua de malchance suite à la disparition de son Directeur Technique, Antonio Fessia. Il fallut près d’un an pour trouver son remplaçant, laissant le programme “développement” en stand-by. De ce fait, Lancia se vit confier, en attendant, la marque Autobianchi, achetée un an auparavant par le groupe italien.



Le Groupe Fiat constitua un groupe de travail composé d’ingénieurs afin de concevoir un nouveau véhicule reprenant l’ADN Lancia tout en le modernisant et ce, dans un délais très court et avec des fonds de développement relativement limités. Cette conception, supervisée par Sergio Camuff, donna naissance à une berline à la structure bicorps et à la carrosserie monocoque renforcée. Son design original fut signé par le Centro Stile Fiat qui lui offrit un profil fastback aux lignes tendues. Avec ce style radicalement différent des précédents modèles de la marque, ce concept-car était en rupture avec ses devancières. Toutefois, Fiat ne veut pas repartir à zéro. En effet, Lancia possède une image de marque haut de gamme toute en élégance et finesse, soupoudré d’innovations techniques ! Lancia, c’est notamment la caisse autoportante qui équipe presque tous nos véhicules modernes ! Alors Fiat va s’efforcer de faire le lien entre le passé et le futur. Cette intention se retrouve, tout d’abord, dans la future dénomination de la voiture en série, puisqu’elle reprend les lettres de l’alphabet grec de Vincenzo Lancia. Toutefois, elle ne s’appellera pas “Alpha” comme la toute première Lancia pour éviter toutes confusions avec le constructeur et concurrent Alfa Romeo. Ce sera donc “Beta”, un nom qui a déjà été porté par un modèle sorti en 1909 et qui affichera désormais tous les espoirs de ce nouveau départ ! Le nouveau véhicule est dévoilé lors du Salon de l’Automobile de Turin 1972. Hélas, la première voiture Lancia élaborée sous l’égide de Fiat ne reçut pas un accueil chaleureux aussi bien de la part de la presse que celle des amoureux de la marque. Pourtant, la Lancia Beta Berline a plus d’une qualité.
La Lancia Beta Berline, celle qui fait le pont entre le passé et le futur

Longue de 4,32m, large de 1,70m et haute de 1,40m pour un empattement de 2,54m, la Lancia Beta Berline est connue pour sa structure monocoque, sa transmission de type traction et son design inédit. Elle se distingue également par sa face avant équipée d’une calandre à lame (noires ou chromées), d’optiques doubles rondes ajustables, de clignotants insérés dans le pare-chocs, d’un toit ouvrant (option), de vitres électriques et des jantes 14 pouces en aluminium (option). Bien que différente de l’ensemble des Lancia qui l’ont précédé, elle est bien plus proche que l’on ne croit de l’ADN Lancia. Les plus observateurs d’entre vous auront souligner qu’elle reprend le fameux sillon des Lancia Flavia et Fulvia. Mais son attachement à son nom va beaucoup plus loin qu’une simple ligne de design !
En effet, elle a été développée dans la plus pure tradition Lancia qui consiste à déployer toute une gamme autour du modèle premier, à savoir la berline. Cette dernière sera ainsi progressivement déclinée : en Lancia Beta coupé en 1973, en Lancia Beta HPE (High Performance Estate, puis Excutive) en 1974, en Lancia Beta spider en 1974, en Lancia Beta Monte Carlo avec son moteur central en 1975 et en Lancia Beta trevi – c’est-à-dire en trois volumes – en 1980. De ce fait, la Lancia Beta possède l’une des gammes les plus étendues d’Europe !





Côté intérieur, l’habitacle de la Lancia Beta Berlina se pare d’un volant 2 branches réglable, d’un tableau de bord avec console centrale, d’une sellerie tissu ou cuir, de la climatisation et de la radio (options). L’instrumentation est particulièrement complète avec 2 cadrans (vitesse et compte-tour) et les jauges d’huile, d’essence et de température. Les modèles les plus hauts de gamme possèdent également des appuis têtes réglables, deux vitesses d’essuis glaces, des phares auto-ajustés en hauteur et un pare brise feuilleté teint ! Le must du must se trouve dans la Lancia Beta 1800 ES dotée de jantes en alliage, d’un toit ouvrant et de vitres électriques !

Sous le capot de la Lancia Beta Berline, il y a un 4 cylindres en ligne à double arbre à cames en tête d’origines Fiat. Il était déjà utilisé sur les Fiat 124 Sport et les Fiat 125, le but étant de réduire les coûts de développement. Signé par Aurelio Lampredi, il est décliné en trois cylindrées : un 1438cm3 de 90ch, un 1608cm3 de 100ch et un 1756cm3 de 110ch, toutes accouplées à une boîte manuelle 5 rapports. Les voitures utilisant l’une de ces trois mécaniques prirent l’appellation Lancia Beta 1400, Lancia Beta 1600 et Lancia Beta 1800. A noter que les ingénieurs ont dû adapté ce moteur, car, contrairement à cette Italienne, les Fiat 124 Sport et 125 sont des propulsions.
Sur la route, elle séduit par sa facilité de conduite, son équilibre presque parfait et la qualité de son freinage – assuré par des disques double circuit Superduplex – qui en font une voiture relativement moderne. La tenue de route passe par une direction assistée précise, une transmission type traction, un répartiteur de freinage, une suspension indépendante et des pneumatiques 14 pouces. Les performances sont satisfaisante avec un 0-100 abattu entre 14,5 et 10,2 secondes selon les motorisations, pour une vitesse de pointe de 180km/h. A noter qu’elle se révèle également être une voiture sure, intégrant des éléments de sécurité passifs novateurs pour l’époque à l’instar de la déformation contrôlée de la carrosserie en cas de choc et d’un habitacle renforcé !
La Lancia Beta Berlina, celle qui poursuit l’aventure
Fin 1974, la Lancia Beta Berlina connaît son premier lifting, devenant la Lancia Beta Berlina Série 2. Les évolutions majeurs concernent la calandre, les optiques avants ronds couverts d’une vitre et une lunette arrière élargie. Une meilleure visibilité est obtenue grâce à l’augmentation de la surface vitrée. Côté motorisation, il y a également du changement : le 1438cm3 est remplacé un 1297cm3 de 82ch. La Lancia Beta 1400 disparaît au profit de la Lancia Beta 1300.
En automne 1975, de nouvelles modifications sont apportées à la mécanique. Un nouveau “1600” de 1592 cm3 de cylindrée pour une puissance de 100ch avec un meilleur couple se substitue au précédent. Quant au “1800”, il commutait au profil d’un nouveau moteur de 1995cm3 développant 118ch. Les voitures équipées de ce dernier prennent alors la dénomination de Lancia Beta 2000.





En 1979, la belle italienne s’offre un second restylage plus important que le précédent et devient la Lancia Beta Berline 3ème série. Elle se dote d’une nouvelle calandre qui arbore désormais le récent logo Lancia qui remplace alors le blason. Elle adopte également des pare-chocs plus enveloppants, des encadrements de vitres en noir mat, de nouveaux clignotants latéraux, de nouvelles poignées de portes et des optiques rectangulaires. A l’intérieur, elle reçoit un tout nouveau tableau de bord designé par Mario Bellini. Il est à la point de la technologie possédant un “electronic check control” et l’allumage électronique. Côté moteur, la version “1300” est retirée de la vente.
En 1981, la version “2000” devient disponible avec l’injection électronique de carburant, lui permettant de développer une puissance de 122ch.



La carrière de la Lancia Beta Berlina s’arrête à la fin de l’année 1981, à l’aube de ses 10 ans de carrière. Elle a été écoulée, dans cette version, à 158 678 exemplaires, ce qui représente 40% de la production de la Lancia Beta (produite à 395 985 unités toutes versions comprises). A noter que ces chiffres ne prennent pas en compte le fameux prototype appelé Mizar, conçu via la plateforme de la Lancia Beta 1800 !
Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’Archives
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