L’influence du Mur de Berlin sur l’automobile allemande (1/2)

Le 9 novembre 1989, à 23h30, le mur de Berlin tombait, annonçant un renouveau pour une pays allemand séparé en deux parties depuis 1949. Cette ouverture des frontières entre la République Fédérale d’Allemagne et la République Démocratique Allemande se définit comme une révolution en soi ! Cet événement impactera durablement les personnes, mais aussi l’industrie, notamment automobile. ABSOLUTELY CARS vous propose, à l’occasion des commémorations des 30 ans de la chute de Mur de Berlin, de revenir sur une partie de l’histoire automobile allemande et de l’impact qu’a eu cette séparation sur les marques que nous connaissons bien aujourd’hui. De Wartburg à Trabant en passant par BMW, découvrez comment l’Histoire a su modulé celle des marques et constructeurs !

Un moment historico-automobile : Le 9 novembre 1989, la chute du Mur de Berlin

La République Fédérale d’Allemagne (R.F.A.) fut fondée le 23 mai 1949 et la République Démocratique Allemande (R.D.A.), le 7 octobre 1949. A partir de la nuit du 12 au 13 août 1961, le mur de Berlin fut érigé par la RDA. Le « mur de la honte » faisait 3,6m de haut et s’étendait sur 155 km, divisant l’Allemagne en deux. Les enchérissements militaires incessants, de part et d’autre, du mur préoccupaient la jeunesse européenne. Cette tension marqua énormément les différentes populations jusqu’à se retrouver dans la musique !

En 1983, le clip « 99 Luftballons » du groupe pop rock allemand Nena sortit. L’année suivante, cette chanson fut diffusée en anglais, renommée « 99 Red Balloons ». Le succès fut fulgurant et planétaire.

Le jeudi 9 novembre 1989, à 19h05, l’agence Associated Press publia un flash : « Selon les déclarations de Günter Schabowski, membre du SED au Politburo, la RDA ouvre ses frontières. Ceci est un règlement transitoire dans l’attente d’une loi sur les voyages ». Entre 19 heures et 20h30, toutes les radios et les télévisions reprirent la nouvelle. A 23h30, le mur cédait. Les jours qui suivirent, de nombreuses Wartburg et Trabant passèrent la frontière, ces deux voitures entrant dans l’Histoire, l’histoire avec un grand « H » !

L’espoir était de mise, mais quel saut dans l’inconnu ! Le 24 décembre 1989, une totale liberté de circulation était assurée entre les deux pays. La réunification allemande fut, quelques mois après, effective, le 3 octobre 1990.

Le 9 novembre 2014, pour commémorer les 25 ans de la chute du mur de Berlin, 7000 ballons blancs et lumineux furent lâchés, en hommage à la chanson « 99 Red Balloons ». Et pour les 30 ans de cet événement mythique, ABSOLUTELY CARS vous propose un dossier spécial « Automobile et Mur de Berlin ».

Wartburg, symbole de l’Allemagne de l’Est d’après-guerre

Wartburg-Decauville, la première pierre de l’édifice

Il faut remonter au tournant du XXe siècle, à Eisenach en Thuringe. L’entreprise FahrzeugFabrik Eisenach (FFE) fut fondée en 1896 par Heinrich Ehrhardt (1840-1928) pour fabriquer des bicyclettes et des armes. Puis un département automobile fut créé en 1898, sous l’entité AWE (AutomobilWerk Eisenach) pour produire une voiture française sous licence Decauville, distribuée sous la marque Warthurg, du nom du château qui domine la ville. Cette automobile avait une particularité : elle était munie de roues avant indépendantes. Equipée d’un moteur central arrière, elle fut vendue dans de nombreux pays dont les Etats-Unis, en 1899, sous la marque Cosmobile. Elle fut fabriquée jusqu’en 1903, année d’expiration de la licence.

En parallèle à Wartburg : les marques Ehrhardt, Pluto et Szawe

Un an après l’année d’expiration de la licence Decauville, Heinrich Ehrhardt quitta la société et créa avec son fils Gustav, en 1904, Ehrhardt-Automobil-Werke AG, les usines étant implantées à Düsseldorf et à Zella-Mehlis. Jusqu’en 1907, ils collaborèrent avec Decauville (1898-1910). Avant la Première Guerre mondiale, des 2 et 4 cylindres furent réalisées.

Après le conflit, des 4 et 6 cylindres furent proposées. En 1924, l’usine de Zella-Mehlis devint Pluto, dirigée par Gustav Ehrhardt. Elle fabriqua jusqu’en 1927, sous licence, des voitures françaises Amilcar, dénommées Pluto 4/20ps, Pluto 5/30ps et Pluto 5/30/65ps, cette dernière étant munie d’un compresseur.

En 1924, Heinrich Ehrhardt prit le contrôle du préparateur berlinois Szawe pour fonder l’Ehrhardt-Szawe Automobilwerk qui disparut l’année suivante. Szawe, créée en 1921, exploitait des châssis NAG pour construire les Szawe 10/32ps, Szawe 10/38ps et Szawe 10/50ps. Cette dernière était équipée d’un 6 cylindres OHC de 2536cm³ (62×140) qui développait 50ch à 2400tr/mn, accouplé à une boîte 4 vitesses munie d’un présélecteur, reposant sur un châssis de 3,48m d’empattement. Sa vitesse maximale était de 113km/h et sa calandre, en argent.

De Wartburg à Dixi en passant par la fondation de BMW

AWE proposa de son côté des automobiles équipées de moteurs refroidis par eau implantés à l’avant sous la marque Wartburg, puis Dixi à partir de 1904.

Les châssis les plus imposants furent également utilisés pour construire des camions.

En 1927, Dixi commença la fabrication d’une voiture économique sous licence : l’Austin Seven devenant ainsi Dixi 3/15. Fin 1928, la société fut achetée par BMW, un constructeur de moteurs d’avions pendant la Première Guerre mondiale et un fabricant de motocyclettes depuis 1923.

En 1933, BMW commença la production des 6 cylindres munis de soupapes en tête (OHV) accouplés à une boîte 4 vitesses. Les gammes se répartirent sur quatre empattements, les voitures étant équipées de roues avant indépendantes.

En 1949, l’unité de production d’automobiles implantée à Eisenach se retrouva en R.D.A. sous la tutelle de l’entreprise soviétique Awtowelo. Aidée par Daimler-Benz et Volkswagen, BMW entama une procédure judiciaire afin que l’usine d’Eisenach changeât d’entité pour éviter toute confusion entre les deux sites de production, celui d’Eisenach et celui de Munich. Par décision du tribunal de Düsseldorf, le 17 novembre 1950, l’usine d’Eisenach fut sommée de cesser d’utiliser le nom BMW sous peine de se voir saisir toutes ses devises, cette dernière prit alors le nom d’EMW (Eisenacher Motoren Werke), mais garda le même logo, la couleur bleue étant remplacée par du rouge de l’U.R.S.S. La construction des automobiles reprit à Munich en 1952, celle des EMW cessa en 1955.

A gauche : Sigle EMW
A droite, en haut : EMW 327
A droite, en bas : EMW 340 Kombi munie de 2 portes à l’arrière

En janvier 1953, la production de la berline IFA F9 fut transférée de Zwickau à Eisenach, la fabrication du cabriolet à Dresde et du break à Halle tandis que la berline découvrable qui fut introduite en 1954 à Meerane. Cette opération permit la construction d’une nouvelle traction dans l’usine AWE : la Wartburg 311 équipée de roues avant indépendantes et d’une boîte à vitesses 4 rapports, complétée par le roadster Wartburg 313, suivie par la Wartburg 312 adoptant les 4 roues indépendantes, suivie par la Wartburg 353 dénommée Wartburg 1.3 de 1988 à 1991. Depuis, l’usine AWE construit des Opel.

Les automobiles produites par cette usine sont très recherchés par les collectionneurs, notamment celles fabriquées de 1929 à 1966. Cela se traduit également par une quantité phénoménale de miniatures différentes les représentant.

A gauche en haut : Wartburg 1.3 (1988-1991) disponible en variante Tourist / A gauche au milieu : Wartburg 353 Tourist (1967-1989) / A gauche, en bas : Wartburg 353 (1966-1989)
A droite : Châssis des Wartburg 312, 353 et 1.3 à 4 roues indépendantes (freins à disque à l’avant introduit en 1975)

La suite, demain !

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives

Cet article vous a plu ? Retrouvez un autre article à lire ici : L’Austin Seven, grande gagnante du krach de 1929 (1/2)


Laisser un commentaire