Marmon, qui ne connait pas cette marque ?

Le service militaire en France fut obligatoire à partir du 5 septembre 1798 et fut suspendu par la loi n° 97-1019 du 28 octobre 1997 sous le gouvernement de Lionel Jospin. Pendant de nombreux années, les conscrits utilisèrent un petit camion 4×4 surnommé le Marmon, pour le distinguer du Simca beaucoup plus imposant. Marmon fut également un constructeur d’automobiles prestigieux américain. La société exerça officiellement ses talents entre 1902 (il y a 120 ans) et 1933. Dans les faits, des luxueuses voitures furent fabriquées entre 1904 et 1933. ABSOLUTELY CARS vous invite à redécouvrir cette saga.

Marmon : ses débuts

Orphelin à l’âge de 5 ans et élevé par son oncle, Daniel Watkins Marmon (1844-1909) passa beaucoup de temps dans l’entreprise de la famille Nordyke, spécialisée dans la fabrication de machines de minoterie et broyage destinées au secteur agricole. En 1865, il obtint son diplôme de l’Earlham College, ce dernier étant situé à Richmond dans l’Indiana. En 1866, il fut embauché par son entreprise préférée qui prit comme dénomination Nordyke Marmon & Company. Neuf ans plus tard, la société déménagea à Indianapolis pour bénéficier de son intense réseau ferroviaire. Elle se développa et exporta sur l’intégralité du continent américain des moulins reconnus pour leurs qualités de fabrication. Ses fils, Walter Carpenter Marmon (1872-1940) et Howard Carpenter Marmon (1876-1943) voulurent ajouter une nouvelle activité, produire des automobiles. L’objectif originel fut de fabriquer des voitures extrêmement fiables pour être utilisées par des commerciaux empruntant des chemins de campagne.

En 1902, un premier prototype fut réalisé, exploitant un V2 refroidi par air. Il ne donna pas satisfaction, mais ce moteur thermique fut exploité pour les machines industrielles. En 1903, fut réalisé un second prototype équipé d’un V4 refroidi par air et équipé de soupapes en tête ! En 1904, 7 voitures furent fabriquées ; en 1905, 25. En 1905, fut construit un prototype équipé d’un V6. Deux cylindres furent ajoutés au V4 portant la cylindrée de 3295cm³ à 4942cm³ et la puissance de 21ch à 31,5ch. Ce moteur ne donna pas satisfaction au regard des vibrations générées. En 1906, 50 automobiles furent assemblées ; en 1907, 100. Parmi elles, furent vendues des voitures équipées d’un V8 de 11583cm³, toujours refroidi par air et muni de soupapes en tête, accouplé à une boîte à vitesses 3 rapports au lieu de 2. Des modèles à la cylindrée généreuse vinrent compléter l’offre, la Marmon Model D (1906 et V4 de 4955cm³), la Marmon Model F (1907 et V4 de 5792cm³), la Marmon Model G (1908 et V4 de 5792cm³) et la Marmon Model H (1908 et V4 de 5792cm³). Cette dernière voiture pouvait être également équipée d’un 4 cylindres en ligne de 6435cm³ refroidi par eau, muni de soupapes latérales, également accouplé à une boîte à vitesses 3 rapports. Ce fut un modèle de transition. En 1908, le slogan Easiest Riding Car in the World (la voiture la plus facile à conduire au monde) apparut et 250 voitures furent vendues. Dès l’année suivante, le moteur V4 n’était plus monté sur les voitures ainsi que la boîte à vitesse 2 rapports. En 1914, sortit de l’usine la dernière 4 cylindres de la firme d’Indianapolis. Entre 1909 et 1914, la production annuelle varia entre 378 et 599 automobiles.

Marmon : les 6 cylindres

La dernière 4 cylindres fabriquée par la société entre 1910 et 1914, fut Marmon 32 series. Elle était équipée d’une boîte à vitesses accolée au pont arrière, solution technique dénommée « transaxle » permettant une meilleure répartition des masses. Howard Carpenter Marmon et le meilleur pilote américain de la saison 1910, Ray Harroun (1879-1968), prirent connaissance du règlement de la course de 500 miles (805km) qui devait emprunter le nouveau circuit d’Indianapolis : aucune mention concernant la présence du mécanicien. Sa fonction était de surveiller le bon fonctionnement des organes mécaniques et les concurrents, d’équilibrer, par le déport de son poids, la voiture dans les virages. Dans le cas présent, le circuit était un anneau avec des virages légèrement relevés. Le châssis d’une Marmon 32 series de 1910 fut exploitée. Il fut équipé d’un 6 cylindres de 7819cm³ muni de soupapes latérales développant 110ch à 2200tr/mn, d’une carrosserie monoplace aérodynamique et d’un rétroviseur, une première mondiale ! Cet équipement était suffisamment dimensionné pour surveiller les organes mécaniques arrière et les concurrents. Pour être qualifié, il faillait parcourir 400m à plus de 120km/h. 40 pilotes réalisèrent cet exploit. Le 30 mai 1911, devant 80 000 spectateurs, Ray Harroun remporta les premiers 500 miles d’Indianapolis, à une moyenne de 120,1km/h, la voiture pouvant atteindre 140km/h en vitesse de pointe. Elle fut surnommée Wasp (la guêpe) à cause de son esthétisme et de sa couleur. Marmon était entrée dans la légende !

Ray Harroun devint éphémèrement un constructeur à Wayne dans le Michigan grâce à une levée de fonds de 10 000 000$ en 1916. Vendue entre 1917 et 1921 à 1135 unités, la Harroun était équipée d’un 4 cylindres de 2855cm³ (82,55×133,35) muni de soupapes en tête délivrant 43ch à 2400tr/mn. Sa boîte à vitesses offrait 3 rapports. Son empattement était de 2,69m ou 2,72m. Cette société disparut par manque de trésorerie, le paiement de 24 000 obus réalisés n’ayant pas été honoré par l’Etat états-unien.

Marmon vendit des voitures équipées d’un 6 cylindres en ligne muni de soupapes latérales entre 1913 et 1916, doté de soupapes en tête entre 1916 et 1928. La Marmon 34 series, disponible entre 1916 et 1924, était remarquable. Elle était un concentré du savoir-faire de la firme d’Indianapolis. Depuis l’origine, l’aluminium fut abondamment exploité, notamment pour les carrosseries. Dans cette voiture, la première de la marque à être équipée d’un 6 cylindres OHV, son bloc et sa culasse étaient en aluminium avec chemises sèches en fonte, tiges et culbuteurs en alliage léger, radiateur, calandre, éléments du châssis et carrosserie en aluminium. Son poids était de 1425kg. Dès 1920, le bloc de son moteur était usiné dans de la fonte. En 1926, les freins sur les 4 roues furent adoptés et la Nordyke Marmon & Company fut vendue à Allis-Chalmers. La branche automobile demeura la propriété de la famille Marmon et fut rebaptisée Marmon Motor Car Company. Entre 1916 et 1926, la production annuelle varia entre 1752 et 4494 exemplaires.

Marmon : les 8 cylindres

Marmon fabriqua des voitures équipées d’un 8 cylindres en ligne muni de soupapes en tête entre 1927 et 1929, doté de soupapes latérales entre 1928 et 1932. A la fin des années vingt, la firme d’Indianapolis désira vendre ses 8 cylindres en Europe et choisit, comme premier pays l’Italie. Dix succursales furent ouvertes : Milan, Turin, Gênes, Côme, Varèse, Vérone, Rome, Florence, Padoue et Naples. Disponible entre 1929 et 1931, le modèle Roosevelt rendait hommage à Theodore Roosevelt (1858-1919) du parti Républicain, 26ème président des Etats-Unis entre 1901 et 1909, Prix Nobel de la paix en 1906 pour ses efforts en faveur de la signature du traité de Portsmouth entre la Russie et le Japon. Le volume des ventes annuel devint important, 10489 unités en 1927, 16551 en 1928, 29216 en 1929.

La Marmon V16 et le prototype Marmon V12

Sur les 4000 constructeurs recensés au travers de l’aventure humaine et mécanique vécue par l’automobile, seuls 4 d’entre eux ont construit en série des voitures équipées d’un 16 cylindres : Cadillac entre 1930 et 1940, Marmon entre 1931 et 1933, Cizeta au milieu des années quatre-vingt dix, Bugatti à partir de 2005. En 1931, Marmon frappa fort, très fort, trop fort, avec sa série 16 : V16 OHV en aluminium de 8044cm³ délivrant 200ch à 3400tr/mn. 390 exemplaires furent assemblés ; mais la production totale commença à s’effondrer : 10115 unités en 1930, 3812 en 1931, 1365 en 1932, 86 en 1933. La production totale représenta quelque 115 211 voitures de luxe.

En 1931, Howard Carpenter Marmon s’associa avec l’officier Arthur William Sidney Herrington (1891-1970) pour fonder la Marmon-Herrington Company. L’objectif était de transformer des camions civils et militaires en 4 ou 6 roues motrices avec une garde au sol importante et de livrer des équipements aux autres constructeurs. Des chars légers de combat furent également fabriqués, dénommés Marmon-Herrington CTLS. Pendant la Seconde Guerre mondiale, des véhicules blindé furent assemblés en Afrique du Sud. Entre 1946 et 1959, la société réalisa 1624 trolleybus. L’emploi de l’usine d’Indianapolis fut ainsi préservé. La Marmon-Herrington Company est toujours en activité.

Juillet 1932 sur le circuit d’Indianapolis, fut essayé le prototype Marmon V12 : 113mph, soit 182km/h. Son moteur était en aluminium et conservait l’alésage et la course du V16. Son châssis était tubulaire comme ceux destinés aux Tatra du tchécoslovaque Hans Ledwinka (1878-1967). Les roues avant étaient indépendantes. L’essieu arrière était de type De Dion. La situation financière de la Marmon Motor Car Company ne permit pas une production en série de cette petite merveille.

SIMCA et Marmon-Herrington

En 1952, Henri Théodore Pigozzi (1898-1964), P.D.G. de SIMCA, acheta Unic, Suarer France et Talbot. René Copin arriva à convaincre l’acquéreur que la production de camions avait un avenir florissant. Henri Théodore Pigozzi décida alors d’arrêter la production des automobiles Talbot et acheta Ford France en 1954. Entre 1955 et 1966, SIMCA et Unic fabriquèrent pour l’armée française dans les usines de Poissy et de Puteaux, 9725 camions SIMCA-UNIC F569WM (propulsion) et 14645 SIMCA-UNIC F594WM (4×4). Son moteur était un V8 Ford-Simca essence de 3923cm³. Son empattement était de 3,66m. Les transmissions étaient des Marmon-Herrington. Ils furent remplacés par les Saviem SM8 4×4. Entre 1964 et 1973, fut fabriqué dans l’usine de Suresnes, le Marmon. Sa véritable dénomination était S.U.M.B. pour Simca Unic Marmon Bocquet, chaque entité apportant sa contribution. Son V8 essence était d’origine Ford-Simca. Equipé de 4 roues motrices, son empattement était de 2,9m. Plus de 7000 exemplaires furent réalisés.

Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’Archives

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