
La Peugeot 104 fut présentée le 3 octobre 1972 au Salon de l’automobile de Paris (il y a 50 ans). Sa base technique permit le développement de nombreuses voitures, les mini-citadines Peugeot 104Z et Citroën LN/LNA, la compacte Renault 14, les citadines Citroën VISA et Talbot Samba, l’utilitaire Citroën C15. ABSOLUTELY CARS vous invite dans le royaume de cette sacrée citadine.
Peugeot 104, la 4 portes la plus courte d’Europe
La maison Peugeot possédait une ligne de produits très diversifiée : outillage à main et électrique, électroménager, bicyclettes, cyclomoteurs, motocyclettes, voitures de catégories différentes (compactes, routières et breaks). Dès son jeune âge, un client pouvait rester fidèle à la marque Peugeot, sauf, qu’autour de l’âge de 20 ans, il pouvait goûter aux joies de détenir une automobile de petites dimensions d’une autre marque et, ainsi, se détourner de la marque Peugeot. Le chaînon marquant fut comblé le 3 octobre 1972 avec la citadine fastback Peugeot 104 et le 4 octobre 1973 avec le coupé hatchback Peugeot 104.
La berline 4 portes Peugeot 104 était un concentré du savoir-faire du carrossier italien Pininfarina. Les lignes horizontales étaient bien présentes : soubassement, bas de portières, nervures latérales, bas et haut des glaces latérales, gouttière de toit. Son moteur provenait de la Société Française de Mécanique implantée à Douvrin, créée en 1969, issue d’un partenariat entre Peugeot et Renault. Ainsi, cette dernière (reine incontestée des citadines), partagea son marché avec la firme de Sochaux !
Pour être monté transversalement tout en préservant un faible écartement des roues avant, la boîte à vitesses était intégrée sous le bloc moteur. L’huile de la culasse retournait dans le carter de pignonnerie de transfert, puis dans le carter d’huile de la boîte. Ainsi, la boîte à vitesses bénéficiait d’un renouvèlement périodique de son huile, à chaque vidange moteur. L’arbre à cames en tête était entraîné par une chaîne. La fiabilité était optimum et l’obsolescence programmée totalement inexistante. Sa gamme, en matière de cylindrée, s’étoffa régulièrement : 954cm³, 1124cm³, 1219cm³, 1361cm³, 1434cm³. Les freins à disques à l’avant étaient présents ainsi que les 4 roues indépendantes. Les suspensions avant étaient de type Mc Pherson. Les suspensions arrière étaient de type bras tiré associé à un combiné ressort hélicoïdal – amortisseur. Intégrant cette magnifique mécanique et équipée de 4 portes, cette citadine était légèrement plus chère à l’achat que ses concurrentes. Son empattement était de 2,42m, sa longueur de 3,58m. La publicité de 1973 mentionnait le fait qu’elle était la 4 portes la plus courte d’Europe. Ces fameuses 4 portes étaient bien pratiques. Le volume du coffre était de 228 litres, la roue de secours étant logée dans le compartiment moteur, le 4 cylindres OHC étant incliné à 72° vers l’arrière.


une cinématique de la banquette arrière bien sympathique !

Le coupé Peugeot 104, disponible entre 1973 et 1988, bénéficia d’une large proposition en matière de puissance, 44ch à 93ch, ceci étant engendré par les différentes cylindrées, la présence ou l’absence d’un carburateur double-corps, voire la présence de deux carburateurs double-corps. Son empattement fut ramené à 2,23m, sa longueur était comprise entre 3,31m et 3,37m. Le volume de son coffre était réduit à 156 litres, mais le hayon était présent. Ce coupé devait et doit être considéré comme un 2+2. A partir de 66ch, il était et est extrêmement sympathique à conduire. Entre 1982 et 1985, la version ZS était équipée d’une boîte à vitesses 5 rapports. Disponible en 1979, la variante ZS2 ne fut assemblée qu’à 1000 exemplaires.



Entre août 1976 et juin 1988, la berline Peugeot 104 fut équipée d’un hayon. Sa longueur était comprise entre 3,58m et 3,62m. Assemblée à Mulhouse et à La Marsa en Tunisie, sa production totale atteignit 1 624 992 exemplaires.


Renault 14, une compacte 5 portes innovante
En tant que compacte, la Renault 14 était également une voiture de conquête de marché. Elle se devait d’être parfaite, trop parfaite ? Dévoilée en janvier 1976 et lancée sur le marché en juin de la même année, elle était équipée de nombreux éléments mécaniques de la citadine Peugeot 104 : moteur transversal et boîte à vitesses similaires, train et suspension avant Mc Pherson, direction à crémaillère, pédalier, système de freinage muni de disques à l’avant, ligne d’échappement, implantation de la roue de secours. Le train arrière était typé Renault avec ses bras tirés, ses barres de torsion, ses deux empattements, 2,53m à droite, 2,56m à gauche. Les 4 roues indépendantes étaient bien présentes. Munie de pare-chocs en résine et de glaces latérales curvilignes, sa carrosserie était moderne grâce aux soudures sur le pavillon permettant l’absence de gouttières. Cette dernière caractéristique nécessitait de nombreuses heures d’intervention et le prix de vente était plutôt élevé si l’on tenait compte de son soubassement roturier. Avec un habitacle généreux au regard de sa longueur de 4,03m, cette voiture avait tout pour plaire théoriquement. Le toit en toile, les vitres teintées, le pare-brise feuilleté, la peinture métallisée étaient disponibles en option.
Cependant, pour les clients potentiels de la Régie, le bruit émis par sa mécanique était typé Peugeot. Sa voie avant était de 1,35m ; sa voie arrière était plus large, 1,38m. Les roues paraissaient trop enfoncées dans des passages de roues bien trop grands. La publicité réalisée par Publicis fut calamiteuse en faisant référence à son esthétique qui s’apparentait à une poire.
La Renault 14 TS était parfaitement équipée : vitres électriques avant, condamnation centralisée, compte-tours, ceintures de sécurité à enrouleur aux places arrière, sièges avant pétales avec appuie-têtes, pré-équipement radio, éclairage du coffre et de la boîte à gants fermant à clé, console centrale avec montre à quartz, dégivrage arrière. Elle fut la première compacte à proposer de tels équipements, le tout agrémenté par une mécanique et une ligne moderne.
Assemblée entre 1976 et 1983 à 999 093 exemplaires (dans trois usines, Douai en France, Haren-Vilvoorde en Belgique, Palencia en Espagne), ses ventes n’atteignirent pas la moitié de son objectif. Elle fut remplacée par le duo Renault 9 et 11.



Citroën LN / LNA et Visa, les sauvegardes de l’emploi
Suite au premier choc pétrolier, le gouvernent français intervint pour que l’actionnaire principal Michelin ne vendit pas les parts sociales Citroën à FIAT, Peugeot s’en portant acquéreur en 1975. Lors du Salon de l’automobile de Paris d’octobre 1976, fut présentée la mini-citadine Citroën LN reprenant la carrosserie de la Peugeot 104 coupé, équipée de freins à disques à l’avant, d’un 2 cylindres à plat refroidi par air muni de soupapes en tête et implanté longitudinalement. En 1978, elle fut rebaptisée Citroën LNA et fut disponible entre 1982 et 1986 avec des 4 cylindres Peugeot montés transversalement, munis d’un arbre à cames en tête. Sa boîte à vitesses avait 4 rapports. Son empattement était de 2,23m, sa longueur comprise entre 3,38m et 3,43m. Elle fut assemblée à 353 383 exemplaires dans les usines Aulnay-sous-Bois et Villaverde en Espagne. Elle fut remplacée par la mini-citadine Citroën AX.




Lancée en septembre 1978, la citadine Citroën Visa fut un ange et un démon dans ses versions les plus sportives. Son 2 cylindres à plat refroidi par air de 652cm³ était monté longitudinalement, les 4 cylindres Peugeot était implantés transversalement. Son empattement était de 2,43m, à un centimètre près celui de la berline Peugeot 104, sa longueur était de 3,69m, 3,73m entre 1984 et 1988. Le volume de son coffre était de 300 litres. Utilisant la même plate-forme que la Peugeot 104, elle fut hideuse entre 1978 et 1981 pour s’en détacher esthétiquement. Le carrossier français Heuliez la relooka en mars 1981 et elle devint la voiture européenne la plus exportée en 1982. Les variantes équipées de 4 freins à disques, furent la Visa Trophee, la Visa 1000 Pistes 4×4 et la Visa 1000 Pistes 4×4 Evolution. Sa production totale représenta 1 254 390 exemplaires. Elle fut réalisée dans les usines de Rennes, Vigo en Espagne, Mangualde au Portugal, Montevideo en Uruguay. Sa variante fourgonnette, la Citroën C15, fut produite à 1 181 471 unités entre 1984 et 2005. Au total, les salariés de Citroën assemblèrent quelque 2 789 244 automobiles.



Epoqu’auto 2019

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Talbot Samba, une citadine très sympa !
Après le premier choc pétrolier, le groupe Chrysler se trouva en grande difficulté. Des négociations furent entamées dès 1976 entre ce dernier et Peugeot qui acheta Chrysler Europe en 1978 tout en incluant dans leurs accords, la vente des propulsions Peugeot par les distributeurs nord-américains. En juillet 1979, Chrysler Europe devint Talbot, cette marque et son usine de Suresnes appartenant à SIMCA depuis décembre 1958. Entre 1981 et 1986, les concessionnaires et agents Peugeot vendirent les Talbot et notamment la Talbot Samba. Elle empruntait la plate-forme de la mini-citadine Peugeot 104. Ce coupé 2+2 offrait dorénavant 4 vraies places, son empattement étant porté de 2,23m à 2,34m. Sa longueur était de 3,51m avec un volume de coffre compris entre 236 litres et 610 litres. Bref, c’était une vraie citadine avec sa propre personnalité. Le cabriolet fut dessiné et assemblé par le carrossier italien Pininfarina à 13 062 exemplaires. Le volume de son coffre pouvait être modulé, la banquette arrière étant en fait constituée par deux sièges rabattables, indépendants l’un de l’autre. La version fermée fut réalisée à 270 555 unités dans les usines de Poissy et de Villaverde en Espagne.




Epilogue
La plate-forme de la Peugeot 104 engendra la production de 4,7 millions d’automobiles, 5,7 millions en comptant les Renault 14 ! Elle permit à Peugeot, Citroën, Talbot d’invertir les marchés des citadines et mini-citadines ; à Renault, celui des compactes ; un bel exemple de conquête de marché pour ces quatre marques françaises.
Renault réalisa également plusieurs prototypes en variante coupé à partir de la Renault 14. La vitre latérale arrière de l’un d’entre eux, ressemblait à celle de la Peugeot 205 3 portes.

Pour la Citroën Visa, le carrossier français Heuliez avait envisagé également une autre face avant.

A moyen terme, la Peugeot 205 remplaça la Peugeot 104, la Citroën Visa et la Talbot Samba. Elle fut assemblée à 5,278 millions d’exemplaires, en sacrifiant la marque Talbot (les voitures de tourisme étant retirées du marché en 1986), en s’abstenant de donner une descendance à la Citroën Visa…
Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’Archives