Rétromobile 2020, place forte du business automobile ?

S’il y a bien une chose que chaque visiteur ne peut nier en se baladant dans les allées de Rétromobile 2020, c’est bien le vaste marché à ciel ouvert qui s’y tient ! Entre maisons de ventes prestigieuses, Artcurial et expo-vente pour les véhicules à de moins de 25 000€, les occasions d’achat sont multiples et semblent fleurir à tous les coins de rues. S’ajoutent à cela les ventes aux enchères annexes qui se raccrochent à l’aura internationale de Rétromobile. Bref, il y en avait pour tous les goûts et toutes les bourses ! Il faut dire que la grande messe de l’automobile a vu les balbutiements du négoce de la voiture ancienne, initié par son créateur, Marc Nicolosi, disparu en novembre dernier. Et comme chaque année, le célèbre salon francilien a donné la température de ce cru 2020. Entre valeur refuge, spéculation ou passion… les prix de la voiture de collection commencent à se stabiliser après plusieurs années d’inflation tandis que le marché s’internationalise. Le marché est hétéroclite, chaque typologie de voiture trouvant son public, que ce soit les modèles exclusifs ou les voitures populaires toujours aussi désirables. ABSOLUTELY CARS décrypte pour vous les deux plateaux “business” de Rétromobile !

L’Expo-vente de véhicules à moins de 25 000€ : une véritable affaire ?

L’Expo-vente Rétromobile 2020 : quand la voiture de collection revient aux collectionneurs ?

Depuis 2017, Rétromobile 2020 accueille dans l’un de ses halls la fameuse expo-vente de véhicules à moins de 25 000€, regroupant, cette année, pas moins de 160 véhicules de plus de 30 ans, du cabriolet à la citadine, en passant par le tout-terrain, tous affichés sous la barre des 25 000€. Le but de cette expo-vente Rétromobile 2020 est avant tout de répondre aux rêves de tous les passionnés au budget modéré en quête de la voiture de collection de leur envie. Car il est important de ne pas oublier chaque collectionneur qui cherche à acquérir celle qu’ils ont tant aimé. Les experts du marché de l’automobile sont unanimes : les voitures entre 6000€ et 17 000€ ont le vent en poupe ! Pour se faire, à Rétromobile 2020, professionnels et particuliers bénéficient d’un espace de près de 5000m² !

Le salon Rétromobile 2020 est auréolé de prestige… Mais pas que ! L’expo-vente permet aussi d’acquérir un modèle populaire, sportif ou mythique… Quel rêve de pouvoir repartir du plus grand salon francilien, référence européenne dans les véhicules d’exception, au volant de son coup de cœur ! Pour séduire les acquéreurs potentiels, les voitures se sont mises sur leur trente-et-un ! En effet, ici, les voitures présentes cochent tous les critères idéaux du marché de la voiture de collection : moins de 100 000 km au compteur, en parfait état de marche, carrosserie correctement refaite et mécanique étincelante ! Elles répondent parfaitement aux exigences actuelles des collectionneurs !

Car, en effet, l’expo-vente Rétromobile 2020 est avant tout un reflet de tendances qui se sont amorcées depuis quelques années : la voiture de collection n’est plus vraiment un placement en soi et désormais le marché revient progressivement aux “vrais” passionnés. Moins de demandes veut dire aussi des prix à la baisse, une tendance accentuée avec les nouvelles normes environnementales dans les villes, qui pénalisent surtout les voitures d’avant-guerre ! Mais certains modèles gardent la cote, à l’image de l’éternelle Citroën 2CV ou la Renault Alpine A110, faisant parties des voitures les plus prisées par les collectionneurs ! Et ça, c’est sans parler des youngtimers des années 1980-1990, véritables madeleines de Proust de la jeune génération qui souhaitent se lancer dans la collection !

Bref, les voitures présentes dans cet espace répondent à cette forte demande. Mais acheter une voiture à l’expo-vente Rétromobile 2020, est-ce vraiment une bonne affaire ? En effet, lorsqu’on se balade dans les allées, on ne peut que constater qu’ici, ce sont bien les populaires qui mènent la danse à l’image des Triumph, MG, Mercedes, Fiat et Alfa Roméo. Il faut dire que cette catégorie de voitures représente près de 95% des ventes en France ! Pour répondre à cette question, nous avons jeté un coup d’œil sur deux modèles représentatif : une SIMCA 1200S et une Velorex 16/350 de 1966.

La Simca 1200S, une sportive populaire franco-italienne

La Simca 1200S est bien l’archétype de la voiture de collection comme on l’aime : une belle histoire, une “bouille” d’amour et une aura des plus charmantes.

Pour la petite histoire, ce coupé a été créé en 1967, sur le tracé de Linas-Monthléry. Version la plus puissante de l’incontournable Simca 1000, voiture signée “Giugiaro Bertone”, la Simca 1200S s’est vue offrir un nouveau design avec une carrosserie revue en soufflerie et une ligne plus agressive. Son côté sportif est symbolisé par un logo à damier, des feux avant à quatre phares avants et arrières à double feux circulaires. L’avant dispose d’un “shark nose”, de deux prises d’air et d’une grille élargie. Bref un petit bijou de voiture. Et pour ceux qui cherchent le Saint Graal, il était possible de le trouver à l’expo-vente Rétromobile 2020 avec un modèle disposant d’un toit en vinyle, une option rarissime !

Pour tous les amoureux de mécanique, ce modèle possède un moteur de 1204cm3, placé à l’arrière d’une puissance de 80ch. Il est accouplé à une boîte mécanique 4 vitesses synchronisée d’origine Porsche et peut atteindre 175km/h en vitesse de pointe. Le système de freinage est assuré par des freins à disques avant et arrières, tandis que la direction est à vis sans fin et à galet. Enfin, les pneumatiques accueillent des jantes en tôle. Bref, un petit chef d’oeuvre ! S’ajoute à ça un intérieur quatre places avec tout le confort possible, un tableau de bord chrome et imitation bois, volant trois branches et table d’instrumentation complète.

Mais combien pour ce modèle-ci, produit à 3 114 exemplaires, de 1967 à 1971 et sortie de l’usine Chrysler de Rotterdam ? Sur Rétromobile, le prix était “sur demande”. Comme quoi, chez les véhicules de moins de 25 000€, c’est quelque peu tabou ! Mais après renseignement, un modèle similaire, sans l’option toit en vinyle, aurait une valeur entre 18 000€ et 22 000€. De quoi réfléchir…

Le Velorex 16/350 1966, l’étonnant tricycle

En 1943, s’inspirant des fameux Morgan Three Wheelers, deux frères tchécoslovaques, Frantisek et Mojmir Stransky, décident de produire leur vision du tricycle. Elle se nomme “Oskar” et dispose d’un châssis tubulaire et d’un toit en toile. L’ensemble des caractéristiques de ce modèle se retrouve dans le Velorex, produit à partir de 1951. Nommée “Oskar 54”, son succès est croissant.

La version, présente lors de l’expo-vente Rétromobile 2020, est un Velorex 16/350. Près de 12 000 unités s’écouleront de 1963 à 1971. Même après l’arrêt de la production, ces véhicules ont sillonné les routes de l’Europe de l’Est jusqu’en 1980. Une véritable madeleine de Proust pour tous passionnés de modèles insolites. Cependant, pour l’avoir dans votre garage, il faudra tout de même débourser près de 16 000€, estimation Rétromobile.

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La vente Artcurial Rétromobile 2020 : au cœur du business automobile

Coup de projecteur sur la vente aux enchères Rétromobile 2020

Rétromobile sans la célèbre vente Artcurial ne serait pas Rétromobile ! Voitures de prestige, modèles rarissimes, cotes élevées et folie des enchères… “Rétromobile, La Vente Officielle by Artcurial Motocars” est le parfait thermomètre du marché européen, permettant de connaître les tendances actuelles. Prenant place au cœur d’un des salons les plus prisés les collectionneurs, ici, les passions se déchaînent ! Nous nous souvenons tous de l’incroyable Alfa Romeo 8C 2900 Touring Berlinetta, vendue pour un montant de 16 745 600€ lors de l’édition 2019 ! Mais au regard du Top Price 2020, une Ferrari 275 GTB de 1965 adjugée 2 502 800 €, nous pouvons nous demander si le monde des enchères automobiles est dans le flou… Surtout quand on sait que la star de la vente, une sublime Mercedes-Benz 710 SS de 1929, dont l’estimation est de 6 à 8 millions d’euros, fait partie des 30% de lots non vendus, le prix de réserve n’ayant pas été atteint.

Est-ce que cela veut dire qu’il s’agit de la fin d’un temps où les voitures de collection prestigieuses s’arrachaient à prix d’or ? Nous, on n’y croit pas. Premièrement, les ventes aux enchères ont toujours été une part importante du business automobile. Elles permettent de faire ressortir des granges et autres des modèles exceptionnels que nous aurions pas la chance de voir. Deuxième, l’offre et la demande sont bien réels, désormais débridées par la disparition progressive de prix de réserve pour favoriser les ventes. Sans minimum à atteindre, le marché se régule et les enchérisseurs osent enchérir. N’est-ce pas des prix de réserve irréalistes qui ont bloqué certains acheteurs potentiels à cette vente Artcurial, laissant sans preneur les Alfa Romeo 6C 2300B “Pescara” et “Lungo” cabriolet ? Seuls les professionnels du secteur peuvent réellement répondre à cette question.

En tout cas, nous pouvons tout de même souligner que 70% des lots ont trouvé preneur pour un chiffre d’affaires de 22 894 104 €. Parmi, les autres lots marquants, nous pouvons citer l’incroyable Ferrari 126 C3-068 du championnat Formule 1 de 1983, estimée à 1 000 000€ et partie pour un montant e 1 402 400€ ou encore une magnifique Porsche 906, estimée entre 1 400 000€ et 1 800 000€ et vendue à 1 688 000€. Comme quoi, la folie des enchères n’appartient pas totalement au passé !

La compétition plus en plus que présente dans les enchères

Que ce soit aux ventes Sotheby’s, Bonhams ou encore Artcurial, la tendance est aux voitures de course ! Les modèles des plus grandes épreuves d’endurance ou de la Formule 1 se trouvent de plus en plus au catalogue des grandes maisons d’enchères ! Si les anciennes voitures de compétitions étaient monnaie courante à l’instar de la Delahaye 135 Spéciale de 1937, présentée par Artcurial, vendue à 893 200€, désormais les youngtimers et modernes s’invitent au festin ! Nous pouvons souligner parmi la longue liste des voitures du showroom Artcurial, la présence d’une DB HBR4 Coach Surbaissée ayant participé aux 24 Heures du Mans de 1961 (2ème à l’indice), adjugée à 168 200€ ou encore d’un trio TOJ SC 02 (1974), TOJ SC03 (1975) et TOJ SC 04 (1976), restaurées mécaniquement et esthétiquement qui n’ont pas, hélas, trouver preneur. Il y avait également une Jaguar XJ220C des 24 Heures du Mans 1993, partie pour 904 800€, estimée entre 900 000 et 1 300 000€ ! Mais celle qui tient la plus haute côte n’est d’autres que l’unique Rondeau M378 de 1978 Le Mans GTP présente, dont le palmarès est orné de dix participations aux 24 Heures du Mans. Mais avec un prix estimatif à 1 200 000€, la belle restera chez son propriétaire.

Le potentiel des sorties de granges ou l’exceptionnelle collection de Monsieur M

Elles font la une des journaux, et pas seulement ceux de la presse spécialisée ! Elles font fantasmer chaque passionné et chaque commissaire-priseur… Ah, les sorties de granges ! De plus en plus médiatisées, elles fascinent ! A l’instar d’une chasse au trésor ou de l’ouverture d’une capsule temporelle, elles ouvrent un pan entier de l’histoire automobile. Les belles endormies ne demandent qu’à être réveillées… ou presque, car elles sont souvent “dans leur jus”. Mais peu importe, n’est-ce pas ceci l’intérêt ? En tous cas, les prix s’envolent d’une manière inexpliquée ! Hélas, ce ne fut pas le cas pour certaines voitures de la collection Artcurial.

Par exemple, la collection du passeur d’art reconnu mondialement, Monsieur M, n’a pas su convaincre les acheteurs. La Delage DMN Cabriolet de 1929 carrossée par Autobineau a été adjugée à 32 480 € alors qu’elle était estimée entre 40 000 et 60 000€ et qu’elle doit être entièrement restaurée. La seconde Delage D6-75 Coach Panoramique signée par Letourneur et Marchand est, quant à elle, partie pour 52 200€, contre une estimation entre 60 000€ et 90 000€. Le reste de la collection, une Delahaye 135 Sport Coach de 1936 signée par Chapron, une Panhard X73 CS Spécial de 1936 et une Talbot-Lago T23 Baby Coach Grand Luxe de 1939, n’a pas trouvé preneur.

Et que dire de la Collection Baillon ? Véritable découverte et renaissance de modèles essentiellement d’avant-guerre, elles avaient fait sensations lors de leur présentation en 2015. Hélas, ce n’est plus le cas, cinq ans après… L’Audi Front 225 Cabriolet a été adjugée pour “seulement” 17 400€ tandis que la Packard Super Eight est restée sur le carreau, estimée entre 15 000 et 25 000 €. Mais quel bonheur d’avoir pu approcher ces icônes du passé !

Bugatti : l’indétrônable marque, reine des enchères

Les Bugatti d’Ettore et Jean Bugatti continuent à faire couler de l’encre ! Reines chez Bonhams, avec un Top Price à 4,6 millions pour une magnifique Bugatti Type 55… Reines chez Artcurial ! Fortes d’un passé sportif glorieux sur circuits comme sur route, elles étaient présentes en masse lors de cette vente Artcurial. Valeur sûre, elles sont victimes de la bulle spéculative et attirent de nombreux acheteurs étrangers ! Se sont également les premières victimes des prix de réserve trop élevés dus à des attentes irréalistes. Pourtant la “french touch” est toujours aussi attractive. La preuve, au catalogue d’Artcurial, où nous pouvons souligner la présence d’une Bugatti Type 37 de 1925, estimée entre 380 000 et 460 000€, de deux Bugatti Type 57, d’une Bugatti cabriolet “Vanvooren” de 1934, vendue à 487 200€, estimée entre 420 000 à 540 000€ et d’une Bugatti Torpédo “Paris-Nice” de 1937. Pourtant, même les plus belles sont quelquefois boudées.

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS

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