Au style caractéristique et aux technologies révolutionnaires pour l’époque, la Citroën SM est la représentation parfaitement de la voiture “Grand Tourisme”, mêlant à la fois famille et haut de gamme ! Sa commercialisation fut, certes, brève (seulement 5 ans au catalogue Citroën), mais elle a su rester ancrer dans la mémoire collective ! Sa carrière au cinéma est sans doute pour quelque chose, avec de nombreuses apparitions à l’écran : Mission Impossible, Pour la peau d’un flic, La Chasse à l’homme, The French Connection et bien entendu, César et Rosalie ! Désormais icône de la marque aux chevrons, elle investit désormais nos publicités actuelles ! Mais qui est donc la Citroën SM ? ABSOLUTELY CARS vous dit tout !


La Citroën SM, actrice dans le film “César et Rosalie”



La Citroën SM, voiture de cinéma
De Paris à Sète, en passant par les plages de l’Ile de Noirmoutier, le film “César et Rosalie” explore des villes et sites merveilleux. Il s’agit de la sixième réalisation du cinéaste Claude Sautet (1924-….). Ce film fut projeté dans les salles de cinéma à partir du 27 octobre 1972. Et si les acteurs sont fantastiques – Yves Montant et Romy Schneider -, la star cachée de cette production n’est d’autre qu’une magnifique Citroën SM beige. La scène où Yves Montand descend de sa voiture sur la plage de Sète est devenue culte, faisant rentrer cette automobile dans le panthéon des voitures de cinéma !
Petite note de la rédaction sur “César et Rosalie”
Pour tous ceux qui ne sont pas cinéphiles, ABSOLUTELY CARS vous propose un rapide résumé. Le principal rôle de César est confié à Yves Montand (1921-1991) qui, grâce au film Le Salaire de la peur (1953), est devenu un acteur célèbre. A la fin des années soixante, il enchaîne les succès (Z (1969), Le Cercle rouge (1970), L’Aveu (1970), La Folie des grandeurs (1971)) ! Celui de Rosalie est confié à Romy Schneider (1938-1982) connue pour son interprétation dans Sissi (1955), qui a relancé sa carrière avec La Piscine (1969), puis qui renoue avec le succès avec Les Choses de la vie (1970, film réalisé par Claude Sautet), Max et les ferrailleurs (1971, film réalisé par Claude Sautet) et L’assassinat de Trosky (1972). Celui de David est confié à Sami Frey (1937-….), acteur depuis 1956. Côté script, nous nous retrouvons au cœur d’un triangle amoureux. La ravissante Rosalie est partagée entre l’homme avec qui elle vit, César, un self-made-man haut en couleur et son amour de jeunesse, David, un artiste effacé. Et puis, il y a la magnifique Citroën SM de César, reflet de son époque !
La Citroën SM, reflet des années 1960
Petit retour sur Citroën à la fin des années 1960
Le groupe Citroën était le second constructeur français. A l’époque, ses produits se répartissaient dans deux gammes diamétralement opposées. D’un côté, il y avait les magnifiques, pragmatiques et économiques 2CV, Dyane, Méhari, Ami 8 et Ami 8 break De l’autre, il y avait les voitures haut de gamme à l’instar de l’exceptionnelle DS et la DS break, vendue en 103 633 exemplaires, 15 ans après son lancement, en 1970, sa meilleure année. A partir de 1968, Citroën fut gérée par une holding dénommée Pardevi, les actionnaires étant Michelin, à hauteur de 51% et Fiat, à hauteur de 49%. De son côté, Citroën détenait des parts sociales chez :

- Panhard, 25% en 1953, la totalité en 1965, cette marque disparaissant en 1967
- Berliet dès 1967
- Comotor dès 1967, issue de l’association Citroën-NSU, qui engendrera une usine implantée à Altforweiler en Allemagne dédiée à la fabrication des moteurs à pistons rotatifs. Pour la petite histoire, Citroën voulut exploiter le moteur de la GS birotor sur un hélicoptère ; ainsi, en 1974 avec la collaboration active de Charles Marchetti, le père de l’Alouette II, naquit le RE2
- Maserati dès 1968
Selon des accords entre Michelin et Fiat, les concessionnaires et agents Citroën vendirent entre 1968 et 1972 des Autobianchi Primula, A111 et A112 en France, en Belgique, en Suisse, au Portugal, tandis que les Citroën furent distribuées par le réseau Autobianchi en Italie.
Dans les années 1960, la charge du département Recherche et Développement chez Citroën était importante. A l’époque, il œuvrait sur la Citroën SM, lancée lors du Salon de Genève en mars 1970 et sur un véhicule intermédiaire, la Citroën GS, présentée pendant le Salon de l’Auto de Paris d’octobre 1970. A noter que si les Citroën Traction Avant avaient une caisse autoporteuse et un châssis coque, les Citroën des années soixante en étaient dépourvues ! De ce fait, la Citroën GS renoua avec ce montage.
La Citroën SM, née d’un mariage franco-italien
La Citroën SM est issue du mariage d’une plate-forme de DS 21 (la DS 23 fut présentée en 1972) et d’un V6 Maserati. De cette fusion est née une voiture exceptionnelle, taillée pour grappiller des parts de marché à la concurrence grâce :




- une carrosserie inédite liftback due à Robert Opron (1932-…) intégrant une bulle dans son hayon
- une longueur comprise entre 4893 et 4913mm, largeur de 1836mm, hauteur de 1324mm, empattement de 2940mm
- un coupé deux portes et quatre vraies places
- une voie avant plus importante que la voie arrière (1526mm contre 1326mm) pour une meilleure tenue de route
- un volume du coffre de 488dm³ avec la roue de secours (réservoir de 90 litres)
- un poids inférieur à 1500kg, quelque que soit la version, même équipée de la climatisation
- une suspension hydropneumatique à correction d’assiette automatique et hauteur variable dérivée de celle de la DS
- des freins assistés par haute pression, double circuit de freinage, 4 disques
- d’un moteur “traction” et boîte à 5 rapports (Borg Warner 3 rapports en automatique), levier sur la console centrale
- d’une direction à crémaillère, assistance variable selon la vitesse et à rappel asservi, dénommée Diravi
- d’une colonne de direction réglable en hauteur et en profondeur, volant monobranche ovale (tout comme les cadrans et compteurs)
- de 6 phares avant dont deux directionnels à commande hydraulique et vitres électriques
- d’un V6 Maserati à 90° de 140kg, implanté en position centrale longitudinale avant, culasses et bloc en alliage léger, 4 arbres à cames en tête commandés par trois doubles chaînes
- d’un large choix de couleur, le Rouge de Rio pouvant être associé avec un pavillon gris nacré, le Gris nacré avec un pavillon noir
- d’une liste d’options réduite : climatisation, radio et antenne électrique, intérieur cuir naturel ou noir, glaces teintées, phares antibrouillard, roues résine renforcée produites par Michelin selon un brevet acheté à la NASA qui les exploitait sur la Jeep lunaire (option disponible à partir de septembre 1971, elles pesaient 4,2kg au lieu des 9,4kg des jantes en tôle)
Néanmoins, si le contenu technologique de cette vraie GT ravit les Citroënistes, l’entretien était problématique au début des années 1970 par le manque de connaissances du réseau notamment pour l’entretien de ce moteur si sophistiqué. Avec un prix de vente très élevé, une consommation de carburant qu’on ne compte plus, la nouvelle législation du code de la route et le premier choc pétrolier (1973), les modèles plus compacts et plus “rationnels” sont alors favorisés (2Cv, Dyane). La Citroën SM sera finalement retirée du marché au bout de cinq ans d’existence, mais fait désormais partie des icônes de la marque aux chevrons !

A noter que, la version italienne a des répétiteurs des clignotants sur les ailes avant, la version américaine est dépourvue des glaces sur les phares.




Des maserati au même moteur

La Maserati Quattroporte II était le pendant de la Citroën SM en limousine. Traction et suspensions hydropneumatiques furent les solutions retenues. Dessinée par Bertone, son empattement est de 3,07m et sa longueur est de 5,13m. Elle fut construite en seulement 13 exemplaires !
La Maserati Merak a le même empattement que la Maserati Bora équipée d’un V8, soit 2,6m d’empattement. Elle fut dessinée par Ital Design et offre deux places-arrière (de petites dimensions). Son moteur est en position centrale longitudinale arrière. Sa longueur est de 4,34m. Elle fut construite en 1 830 exemplaires, chiffre à rapprocher de celui de la Citroën SM, soit 12 920 exemplaires.



Les moteurs Citroën-Maserati exploités par Guy Ligier
La Ligier JS2 a un moteur central longitudinal arrière. Sa carrosserie en fibre de verre, munie d’un hayon, a une longueur de 4,25m. Son châssis a un empattement de 2,35m. Moins de 280 exemplaires furent construits. En grande difficulté financière suite au lancement de multiples projets et au premier choc pétrolier, Citroën fut rachetée par Peugeot, la demande émanant du gouvernement qui ne voulait pas laisser cette chance à Fiat. En 1975, Maserati passa sous la tutelle de GEPI (une société étatique italienne), puis fut rétrocédée à De Tomaso, en 1976. Guy Ligier (1930-2015), connu et reconnu dans le sport automobile, se retrouva sans moteur et abandonna définitivement la Ligier JS2 pour se consacrer aux voiturettes sans permis.


La Citroën SM, icône de la publicité
Avec la tendance du vintage-chic, la Citroën SM revient à la mode ! Par son design très “seventies”, elle devient tantôt une voiture haut de gamme ancrée dans le monde du pouvoir – comme dans la publicité pour le parfum “Scandal” par la marque Jean-Paul Gaultier” – tantôt la voiture de collection idéale, presque “familiale”, pour vous amener de l’autre côté de la terre – à l’instar de la publicité “The Retreat at Blue Lagoon” ! Bref, la plus italienne de nos françaises n’est pas prête encore à quitter nos écrans !
Article écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’Archives
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