Présentée le 11 avril 1962, il y a 60 ans, la Renault Rambler était équipée d’un 6 cylindres en ligne. Avec elle, une nouvelle saga débutait. En effet, la Régie allait commencer à écrire un nouveau chapitre de son histoire, en s’associant à la marque américaine AMC (American Motors Corporation). De ce partenariat, la Renault Rambler a gardé des dimensions compactes très américaines ainsi qu’un design typique avec tri-corps et chromes, qui évolue au fil des années. Statutaire, cette voiture permettra à la marque Renault de garder un pied dans le haut de gamme, jusqu’alors tenu par l’élégante Renault Frégate. A l’occasion des 60 ans de la Renault Rambler, ABSOLUTELY CARS vous invite à (re)découvrir cette voiture franco-américaine à l’origine de cette lignée équipée de ce type de moteurs ainsi que les magnifiques modèles argentins qui en découlent.

Retour sur le contexte historique
En ce début de décennie, tout devrait être au beau fixe à la Régie. La Renault 4CV était la première voiture française à être produite à plus d’un million d’exemplaires (1 105 547 unités exactement). Sa descendance était assurée en 1961 par un futur best seller, la Renault R4L. La Renault Dauphine franchit, en 1960, le seuil du million d’exemplaires réalisés pour atteindre une production totale de 2 150 738 exemplaires en 1967. Les coupé et cabriolet Renault Floride, dénommés Renault Caravelle en Amérique du Nord, se vendaient bien. La troisième semaine de congés payés était acquise en 1956, depuis 1955 chez Renault. Cependant, malgré de lourds investissements, début 1960, les ventes s’effondrèrent aux Etats-Unis suite à des problèmes de fiabilité engendrés par la diversité des climats nord-américains. Par ailleurs, la propulsion Renault Frégate et ses breaks associés Domaine et Manoir, retirés du marché en avril 1960 après une production totale de 180 463 unités, devaient être remplacés. Sa descendance était prévue : le projet 114. Le prototype de 1958 fut remanié en 1961, sa carrosserie étant alors allongée. Son moteur devait être un 6 cylindres de 2203cm³ développant 110ch. Sa transmission aux roues arrière était assurée par une boîte à vitesses 4 rapports. Les 4 freins à disques avaient une assistance hydrovac. Sa vitesse maximale était de 150km/h. Sa longueur était de 4,5m.


Pierre Dreyfus (1907-1994), directeur de la Régie entre 1955 et 1975, refusa que cette voiture fût lancée sur le marché et fit un autre choix stratégique. Il signa un contrat, le 22 novembre 1961, pour bénéficier du réseau commercial établi d’American Motors Corporation (AMC) afin de distribuer la nouvelle Renault R8 dont son développement était en phase finale. En contrepartie, il faisait assembler, dans l’usine de Haren–Vilvoorde en Belgique, des Rambler Classic expédiées en pièces détachées depuis les Etats-Unis, vendues par les concessionnaires et agents Renault en France, au Benelux et en Autriche.

A noter que l’usine de Haren-Vilvoorde fut mise en place et en activité par Louis Renault (1877-1944) en 1935. Elle fabriqua un grand nombre de véhicules, jusqu’à 180 000 par an. Les principales voitures de tourisme fabriquées furent la Renault Primaquatre, la Renault Celtaquatre, la Renault Juvaquatre, la Renault 4CV, la Renault Frégate, la Renault Colorale, la Renault Dauphine, la Renault Rambler, les RENAULT 4/5/6/8/9/10/11/14/21/Nevada, la Renault Supercinq, la Renault Clio I et la Renault Megane I en berline et coupé. Elle ferma ses portes en 1997.
La Renault Rambler, l’histoire d’une voiture franco-américaine


La Renault Rambler évolua d’année en année, selon le rythme états-unien. La version 1962 était équipée d’un 6 cylindres muni de soupapes en tête de 3205cm³ délivrant 129ch à 4200tr/mn. Il pouvait être accouplé à une boîte manuelle 3 rapports ou une boîte manuelle 3 rapports avec overdrive ou une boîte automatique 3 rapports. Ses roues avant étaient indépendantes. Ses 4 freins à tambours étaient assistés hydrauliquement. Elle fut assemblée à 770 exemplaires.
Suite à l’attentat du Petit-Clamart (187 balles tirées, 14 atteignant la Citroën DS Présidentielle, aucun occupant blessé), le Ministre de l’intérieur, Roger Frey, chercha une voiture blindée. La direction de la Régie eut vent de ce projet et fit réaliser chez le carrossier Chapron une Renault Rambler blindée pour assurer la promotion de cette nouvelle venue. Un 6 cylindres de 5258cm³ développant 250ch fut alors monté. Au cours de l’année 1963, l’automobile fut présentée dans la cour du Palais de l’Elysée. Le Président Charles de Gaulle la découvrant, déclara qu’il était hors de question que la République payât une telle voiture. Ainsi, la Renault Rambler ne devint pas une voiture présidentielle.

La version 1963 adopta la carrosserie monocoque autoporteuse très fluide, le starter automatique et un carburateur double-corps. Son empattement fut porté de 2,74m à 2,84m et sa longueur fut réduite de 4,83m à 4,8m. La puissance de son monteur grimpa à 140ch à 4500tr/mn. Elle fut assemblée à 1 344 exemplaires. Le modèle 1964 en différa par ses phares moins enfoncés, sa longueur repassant à 4,83m. Il fut réalisé à 1427 unités.


La version 1965 adopta la climatisation et un 6 cylindres de 3258cm³ délivrant une puissance de 130ch à 4400tr/mn. Le carburateur double-corps avait disparu, mais les freins à disques à l’avant étaient présents. Sa longueur était de 4,95m. Elle fut assemblée à 1 634 exemplaires. Le modèle 1966 différa peu. Il fut réalisé à 856 unités.

La version 1967, la dernière assemblée dans l’usine de Haren-Vilvoorde, adopta un 6 cylindres de 3801cm³ délivrant une puissance de 155ch à 4400tr/mn. La boîte manuelle 3 rapports avec overdrive n’était plus disponible. Son empattement était de 2,9m et sa longueur de 5m. Elle fut construite à 311 exemplaires. Ainsi, la production totale de la Renault Rambler atteignit 6 342 unités.


IKA et les 6 cylindres Renault

La Régie s’intéressa énormément à la société Industrias Kaiser Argentina S.A. (IKA), implantée à Córdoba, en Argentine. En effet, elle acquit 70% de ses parts sociales en 1967, puis la totalité en 1975. Cette co-entreprise naquit de la volonté conjointe du gouvernement argentin et de la société américaine Kaiser Motors Corporation. Elle fut créée le 19 janvier 1955 et la production débuta avec le 4×4 IKA Jeep Willys, le 27 avril 1956. Produit jusqu’en 1978, sa boîte à vitesses avait 3 rapports. Son empattement était de 2,06m et sa longueur de 3,6m. La version avec cabine avait un empattement de 2,65m et une longueur de 4,2m. Entre 1958 et 1966, une version de tourisme fut disponible sous la dénomination IKA Estanciera. Son empattement était de 2,65m et sa longueur de 4,48m.
Entre 1958 et 1961, la magnifique Kaiser Manhattan fut réalisée sous la dénomination l’IKA Kaiser Carabela. Elle était également équipée d’une boîte 3 rapports. Son empattement était de 3,01m et sa longueur de 5,48m. En 1958, IKA construisit 22 600 véhicules, ce qui représenta 81% de la production du pays. Entre 1960 et 1962, l’IKA Kaiser Bergantin fut réalisée à 8 351 exemplaires en exploitant les droits et les machines-outils de l’Alfa Romeo 1900, les motorisations n’ayant aucun point commun avec ceux de la maison milanaise. Sa boîte à vitesses avait 3 rapports. Son empattement était de 2,63m, sa longueur de 4,44m. En 1961, AMC acheta IKA.


Le développement de la gamme vers le bas fut confié à Renault avec : la Renault Dauphine produite entre 1960 et 1970, la Renault Dauphine Gordini entre 1962 et 1970, la Renault 4 dès 1963, la Renault 6 dès 1970 et la Renault 12 dès 1971. Elles furent vendues en tant qu’IKA-Renault jusqu’en 1977, puis sous la marque Renault.
Le développement de la gamme vers le haut demeura sous la tutelle d’AMC. Les IKA Rambler ressemblaient à celles produites dans l’usine de Haren–Vilvoorde sans pour cela recevoir les mêmes motorisations. Elles furent assemblées entre 1962 et 1972. Originellement, la boîte à vitesses avait 3 rapports, puis à partir de 1967, 4 rapports. Entre 1962 et 1963, l’empattement était de 2,75m et la longueur de 4,88m. Entre 1963 et 1964, l’empattement était de 2,84m et la longueur de 4,92m. Entre 1965 et 1971, l’empattement était de 2,84m et la longueur de 4,96m. Entre 1965 et 1972, l’IKA Rambler Classic Ambassador avait un empattement de 2,95m et une longueur de 5,08m. Cette dernière version se distinguait de la production européenne par son esthétisme beaucoup plus statutaire. Entre 1962 et 1971, la variante break fut disponible.



Entre novembre 1966 et novembre 1981, furent produits une berline 4 portes et un coupé 2 portes superbement dessinés par Pininfarina. La boîte à vitesses avait 4 rapports. Leurs empattements étaient de 2,72m et leurs longueurs comprises entre 4,72m et 4,74m. Entre 1966 et 1967, ils furent vendus sous la dénomination IKA Torino, puis entre 1968 et 1977, sous la dénomination IKA-Renault Torino et pour finir, entre 1977 et 1981, sous la dénomination Renault Torino. Toute dénomination confondue, elle fut fabriquée à 99 792 unités, plus de 6 600 exemplaires annuels en moyenne ! Le superbe coupé représenta plus de 57% de la production !



Article co-écrit par : ABSOLUTELY CARS & CARDO
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’Archives
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