La liste des fameuses James Bond Cars est parsemée de magnifiques modèles automobiles. L’un d’entre eux n’est d’autre que la Toyota 2000GT, qui est entrée en 1967 dans le cercle très fermé des voitures conduites par l’agent 007 ! Star du film “On ne vit que deux fois“, avec Sean Connery à l’affiche, cette Japonaise fortement désirable n’est pas seulement une étoile du cinéma. En effet, sa conception très moderne pour l’époque en fait une voiture avant-gardiste. Et pour cause : c’est la première Nipponne à être équipée en série d’un moteur à double arbre à cames en tête, d’une direction à crémaillère, de quatre suspensions indépendantes et de quatre freins à disques ! A l’occasion des 55 ans de cette GT 100% venue du Pays du Soleil Levant, ABSOLUTELY CARS vous propose de découvrir l’histoire de celle qui deviendra le porte-drapeau de toute une marque !

La Toyota 2000GT, la plus désirable des Japonaises
Si elle arbore fièrement le blason de Toyota lors de sa présentation officielle à l’occasion du Salon de l’Automobile de Tokyo en octobre 1965, l’histoire de la Toyota 2000GT commence chez un autre constructeur japonais. En effet, c’est chez Nissan que naît le futur projet “280 A1”, en 1963. Le développement du prototype est réalisé par Shoichi Saito, en partenariat avec Yamaha Moto Co. Toutefois, la firme de Yokohama ne donnera pas suite au projet. Dommage, mais pas tant pis ! Car le prototype tombe dans l’escarcelle de Yamaha qui peut soit poursuivre le projet, soit le vendre au plus offrant.
A Aichi, les équipes de Toyota cherchent à accroitre leur influence sur le marché mondial. Pour cela, il leur faut une automobile sportive pour concurrencer les autres constructeurs. Pour autant, ils ne veulent pas s’associer avec les grands groupes européens ou américains pour appuyer le développement de ce nouveau modèle. Les ambitions sont grandes, quand on sait qu’avec ce projet, la marque nipponne souhaite se positionner au niveau des marques premium anglo-saxonnes et italiennes ! Ils vont ainsi puiser leur inspiration chez les sportives les plus reconnues des années 1960 à l’instar de la Ferrari 250GTO, de la Jaguar Type-E ou encore de la Lotus Elan. Ayant vent de ce programme, Yamaha contacte Toyota et un accord est signé. Des études de Toyota, ce nouveau prototype sorti en 1965 en garde quelques traces dans son design signé par Satoru Nozaki. En y regardant de plus près, on peut y déceler quelques ressemblances fortuites avec les modèles analysés. Il sera testé, par la suite, sur les pires routes japonais afin d’en améliorer les points faibles. Cette sportive inédite se doit être la vitrine stylistique et mécanique de Toyota ! S’appuyant sur les résultats obtenus de sa devancière, un second concept-car sera construit et exposé au Tokyo Motor Show 1965. Il s’agit d’un coupé deux places à l’aérodynamisme travaillé digne d’une étude en soufflerie dont la ligne élégante et la finition exemplaire impressionnent les journalistes du monde entier ! Avec ses 4,17m de long, ses 1,60m de large et ses 1,16 de haut pour un empattement de 2,33m, la bombinette nippone marque les esprits ! Lancée en compétition, un exemplaire préparé en usine sera l’auteur de 16 records (dont 3 mondiaux). D’autres connaîtront de plusieurs victoires en endurance, en remportant les 1000 km de Suzuka 1966, les 500km de Suzuka 1967, les 24 Heures de Fuji 1967 ou encore les 1 000 km de Fuji 1967 ! En novembre 1966, la version de série de la Toyota 2000GT est présentée au Salon de l’Automobile de San Franscico où elle suscite l’engouement. Il n’en fallait pas plus pour qu’elle entre en production en mai 1967 !


La version de série de la Toyota 2000GT prend la forme d’un coupé deux portes avec hayon arrière. Elle est dotée d’un châssis conçu séparément puis assemblé à la main, associé à une coque en acier directement visée sur ce dernier. Léger et rigide, son poids dépasse à peine la tonne (1100kg). Son long capot, sous lequel se cache un moteur en position longitudinale avant, dénote avec le petit gabarit de cette voiture et sa malle plutôt courte à l’arrière. Ses phares situés au niveau des boucliers avant sont protégés par des vitres en plexiglas. Pour satisfaire les normes américaines, ils sont surmontés de phares rétractables. Sur le bout de son nez, trône timidement un “T”, emblème de Toyota et seule signature présente sur le modèle. Son pare-brise extrêmement courbé offre une vue pleinement dégagée. Plus incliné qu’habituellement chez d’autres voitures de cette époque, il participe activement à l’aérodynamisme de cette Japonaise. Les ailes sont coiffés de deux rétroviseurs en forme d’obus qui sont entièrement chromés. A cela s’ajoutent ses deux trappes latérales en fibre de verre, abritant d’un côté, la batterie, à droite et de l’autre, le filtre à air, à gauche. A noter que la trappe à essence est une référence directe à l’aviation !
Le même soin a été apporté à l’habitacle qui dispose d’une finition plus que soignée, bien que plus conformiste. La Toyota 2000GT possède un tableau de bord (planche et console centrale) orné de bois précieux faisant référence aux pianos Yamaha. Il est agrémenté d’une instrumentation complète pourvue de 5 cadrans cerclés de chrome permettant de surveiller comme il se doit toute la mécanique. L’espace à bord reste réduit par rapport à d’autres sportives de son époque, contraignant le conducteur et son passager de se glisser littéralement dans les sièges baquet en simili cuir. Frein à main et levier de vitesse se trouvent côte à côte derrière un volant en bois trois branches réglable en profondeur. Par les petites coquetteries, nous trouvons la radio, un chronomètre et une montre sur la console centrale tandis qu’un cendrier et un allume-cigare ont été installés dans les portières.


La Toyota 2000GT est équipée d’un 6 cylindres (triple carbu solex)en ligne, de 2,0L, développant 150ch. Fiable, robuste et plus moderne, ce moteur type 3M, mêlant fonte et aluminium, est issu de la Toyota Crown, mais a été largement amélioré par Yamaha, fort de son expérience en compétition. Il l’a notamment armé d’une culasse en aluminium à double arbre à cames en tête et de chambres hémisphériques ! Il est accouplé à une boite manuelle 5 rapports synchronisée au maniement franc. Sa sonorité sportive, notamment lorsqu’on passe la barre des 400trs, recèle quelques espoirs que la Toyota 2000GT conforte par ses performances : la barre des 100km/h est atteinte en 8.7 secondes pour une vitesse maximum de 220km/h ! Le système de freinage est assuré par quatre disques, un double circuit de freinage et même une assistance montée en série ! Malgré des suspension vraiment fermes (voire dures), le comportement routier se révèle d’une efficacité surprenante avec ses quatre roues indépendantes – encore un héritage de l’expérience en course de Yamaha – accueillant des jantes 15 pouces en magnésium Yamaha qui ne reprennent pas les classiques jantes à rayons de l’époque. Il faut dire que cette GT nipponne est parfaite équilibrée avec 51% de son poids porté par l’avant et 49% à l’arrière !
Cette version de 1967 connaîtra une légère évolution en 1969. L’avant de la Toyota 2000GT est redesignée afin d’agrandir l’habitacle qui voit son tableau de bord et son volant redessinés. Elle prend alors la dénomination Toyota 2000GT MF10. Le constructeur japonais n’arrivant pas atteindre ses quotas, il décida de toucher dans un second temps à la mécanique. Le moteur type 2M-B, doté d’un seul arbre à cames en tête, est alors mis en place, la cylindrée passant de 2 à 2,3 litres. Dans cette opération, la version Toyota 2000GT MF12 perd près de 10ch. Quelques changements esthétiques sont également effectués : nouvelle prise d’air sous la calandre, disparition des rétroviseurs sur les ailes au profit d’un standard fixé à la portière côté conducteur, apparition des appuie-têtes et de la climatisation… Une boîte automatique sera aussi proposée en option. En 1970, les derniers exemplaires seront vendus, après une courte carrière de 5 ans. Au total, la Toyota 2000GT a été commercialisée en 351 exemplaires dont 109 Toyota 2000GT MF10 et 9 Toyota 2000GT MF12.

La Toyota 2000GT, le cinéma comme promotion


Lors de son lancement, en 1967, la Toyota 2000GT bénéficie d’une médiatisation de choix en tant que nouvelle “James Bond Car” du film “On ne vit que deux fois” (1967). Réalisé par Lewis Gilbert, il s’agit du 5ème opus de la célèbre saga britannique, alors portée par le non moins célèbre Sean Connery. Voiture de l’agent secret nippon Aki, elle devait représenter ce qui se faisait de mieux en matière d’automobile au Japon, à l’image de la fameuse Aston Martin DB5 chez les Britanniques. Hélas, le gabarit de l’acteur écossais n’était pas en adéquation avec la petite sportive du Soleil Levant. La production, menée par A.R. Broccoli, demanda alors à Toyota s’il était possible de transformer le coupé en cabriolet ! Le constructeur d’Aichi s’engouffra dans la brèche, misant sur les possibles retombées médiatiques d’un tel placement de produit juste avant la commercialisation de la version coupé ! Deux exemplaires seront donc transformés en spider : un blanc pour le tournage et un bleu pour la promotion du film. Pour se faire, la structure de chaque voiture a été renforcée par un faux châssis tubulaire afin de maintenir l’arrière de la carrosserie après qu’on ait retiré le toit. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, elles ne seront pas équipées de capote, mais juste d’une fausse housse glissée à l’arrière des sièges. Voiture de James Bond oblige, elles étaient appareillées de quelques gadgets labélisés Sony qu’on découvre au fur et à mesure du film. Fun fact : malgré tous les efforts de Toyota pour rendre cette voiture adapte au cinéma et à accueillir Sean Connery, elles ne seront jamais conduites par l’acteur lui-même, qui ne sera finalement que son illustre passager. Ces deux voitures uniques sont actuellement conservées au Musée Toyota de Yokomichi.

Article écrit par : ABSOLUTELY CARS
Crédit Photos : ABSOLUTELY CARS & Photos d’archives
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